Khoutbah n°1016
Discours du vendredi 15 mars 2019, correspondant au 9 rajab 1440 de l’Hégire
La Croyance en la Prédestination
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son Pardon, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions, et nous nous repentons à Lui. Nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer, et celui qu’Il égare, nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique, qu’Il n’a pas d’associé ni de semblable, ni d’équivalent ni d’égal.
Je témoigne que notre maître et notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie, notre maître Mouhammad, est Son esclave et Son Messager, celui qu’Il a élu, celui qu’Il agrée le plus, celui que Allah a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment. Il a bien transmis le message, il s’est acquitté de ce qui lui a été confié, il a porté le conseil à la communauté, il a fourni ses efforts dans la voie que Allah agrée, conformément à ce qu’il lui a été ordonné. Que Allah le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué un de Ses prophètes. Ô Allah honore et élève davantage notre maître Mouhammad, ainsi que la famille de notre maître Mouhammad, tout comme Tu as élevé en degré notre maître ‘Ibrahim et la famille de notre maître ‘Ibrahim. Et accorde Tes bénédictions à notre maître Mouhammad et à la famille de notre maître Mouhammad tout comme Tu as accordé Tes bénédictions à notre maître ‘Ibrahim et à la famille de notre maître ‘Ibrahim, certes Tu es Celui Qui mérite les louanges et Qui est glorifié.
Esclaves de Allah, je vous recommande, ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy, Al-^Adhim.
Dans son livre sur l’histoire d’Ispahan (‘Asbahan), le Hafidh Abou Nou^aym a rapporté de Abou Hourayrah, que Allah l’agrée : « Les associateurs de Qouraych sont venus au Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam pour débattre avec lui à propos de la destinée. C’est alors qu’ont été révélées les ‘ayah :
﴿إِنَّ ٱلۡمُجۡرِمِينَ فِي ضَلَٰلٖ وَسُعُرٖ يَوۡمَ يُسۡحَبُونَ فِي ٱلنَّارِ عَلَىٰ وُجُوهِهِمۡ ذُوقُواْ مَسَّ سَقَرَ إِنَّا كُلَّ شَيۡءٍ خَلَقۡنَٰهُ بِقَدَرٖ ﴾
[sourat Al-Qamar / 47 à 49] (‘inna l-moujrimina fi dalalin wasou^our yawma yous-habouna fi n-nari ^ala woujouhihim dhouqou massa saqar ‘inna koulla chay’in khalaqnahou biqadar)
« Les mécréants sont dans un égarement et un feu attisé ; le jour où ils seront tirés sur leur visage dans le feu, [on leur dira] : “Goûtez aux brûlures de l’enfer.” Certes, Nous avons créé toute chose par prédestination. »
Mes frères de foi, parmi les fondements de la croyance des musulmans, il y a la croyance en la prédestination de Allah soubhanahou wata^ala. Mouslim a rapporté que lorsque le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam fut interrogé au sujet de la foi, il avait répondu :
(( الإِيمانُ أَنْ تُؤْمِنَ بِاللهِ ومَلاَئِكَتِهِ وكُتُبِهِ ورُسُلِهِ واليَوْمِ الآخِرِ وتُؤْمِنَ بِالقَدَرِ خَيْرِهِ وشَرِّهِ ))
(al-‘imamou ‘an tou’mina bil-Lahi wamala’ikatihi wakoutoubihi warouçoulihi wal-yawmi l-‘akhiri watou’mina bil-qadari khayrihi wacharrih)
« La foi, c’est que tu croies en Allah, en Ses anges, en Ses Livres, en Ses messagers, en le Jour dernier, et que tu croies en la prédestination et que le bien et le mal sont tous deux prédestinés. »
La parole du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam qui signifie : « et que tu croies en la prédestination et que le bien et le mal sont tous deux prédestinés » veut dire que tout ce qui entre en existence comme bien et comme mal a lieu par la prédestination de Allah, qui, elle, n’a pas de début. Ainsi, l’obéissance qui se produit de la part des gens tout comme la désobéissance qui se produit de leur part, tout cela a lieu par la création de Allah. C’est Allah Qui fait exister tout cela, conformément à Sa Science et à Sa Volonté. Mais cela ne veut pas dire que Allah agrée le mal ni que Allah ordonne de commettre la désobéissance. Simplement, le bien parmi les actes des esclaves a lieu par la prédestination de Allah et par Son agrément alors que ce qui est mal parmi les actes des esclaves a lieu par la prédestination de Allah mais pas par Son agrément.
L’Imam Abou Hanifah, que Allah l’agrée, qui fait partie des Imams du Salaf a dit : « Certes, tout ce qui est obligatoire et qui se produit de la part de l’esclave, ont lieu sur ordre de Allah ta^ala et par Son agrément, conformément à Sa science, Sa volonté et Sa prédestination. Et tous les péchés ont lieu conformément à Sa science, par Sa prédestination et Sa volonté, et non pas par Son agrément ni par Son ordre. » Chers bien-aimés, il y a ainsi une différence entre la volonté et l’ordre. Allah n’a pas ordonné de commettre la mécréance et les péchés. Mais, la mécréance des mécréants et la désobéissance des désobéissants ne pourraient pas avoir lieu si Allah n’en avait pas voulu l’existence. En effet, s’il se produisait ce que Allah ne veut pas que cela ait lieu, alors ce serait une preuve d’incapacité de Sa part. Or l’incapacité est impossible au sujet de Allah. Allah est sur toute chose tout puissant et Sa volonté se réalise dans tout ce qu’Il veut.
La foi, tout comme les actes d’obéissance, la mécréance tout comme les péchés, ont lieu par la volonté de Allah et Sa prédestination. Si Allah n’avait pas voulu la désobéissance des désobéissants, ni la mécréance des mécréants, ni la foi des croyants, ni l’obéissance des obéissants, Allah n’aurait pas créé le Paradis et l’enfer. La personne n’a pas à se dire : « Si la désobéissance a lieu par la volonté de Allah, alors pourquoi Allah me châtierait-Il pour cela ? » En effet, on ne demande pas des comptes à Allah sur ce qu’Il fait. Si Allah châtie les désobéissants, c’est par Sa justice et sans que cela ne soit injuste. Et s’Il récompense celui qui est obéissant, c’est une grâce de Sa part, sans que cela ne soit un devoir pour Lui de le récompenser. En effet, l’injustice n’est concevable que de la part de quelqu’un qui reçoit des ordres et des interdictions. Or, nul n’ordonne à Allah et nul ne Lui interdit. Il fait ce qu’Il veut de ce qui Lui appartient, car Il est le Créateur de toute chose, Celui à Qui toute chose appartient en réalité. Il est parvenu dans un hadith sûr (sahih), rapporté par Abou Dawoud et par d’autres, de Ad-Daylamiyy, que Zayd Ibnou Thabit lui a transmis qu’il a entendu le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam dire :
(( إِنَّ اللهَ لَوْ عَذَّبَ أَهْلَ سَماواتِهِ وأَهْلَ أَرْضِهِ لَعَذَّبَهُمْ وهُوَ غَيْرُ ظالِمٍ لَهُمْ ولَوْ رَحِمَهُمْ كانَتْ رَحْمَتُهُ خَيْرًا لَهُمْ مِنْ أَعْمالِهِمْ، ولَوْ أَنْفَقْتَ مِثْلَ أُحُدٍ ذَهَبًا في سَبِيلِ اللهِ ما قَبِلَهُ اللهُ مِنْكَ حَتَّى تُؤْمِنَ بِالقَدَرِ، وتَعْلَمَ أَنَّ ما أَصابَكَ لَمْ يَكُنْ لِيُخْطِئَكَ ومَا أَخْطَأَكَ لَمْ يَكُنْ لِيُصِيبَكَ ولَوْ مِتَّ عَلَى غَيْرِ هَذا دَخَلْتَ النارَ ))
(‘inna l-Laha law ^adh-dhaba ‘ahla samawatihi wa’ahla ‘ardihi la^adh-dhabahoum wahouwa ghayrou dhalimin lahoum walaw rahimahoum kanat rahmatouhou khayran lahoum min ‘a^malihim walaw ‘anfaqta mithla ‘Ouhoudin dhahaban fi sabili l-Lahi ma qabilahou l-Lahou minka hatta tou’mina bil-qadar, wata^lama ‘anna ma ‘asabaka lam yakoun liyoukhti’aka wama ‘akhta’aka lam yakoun liyousibak, walaw mitta ^ala ghayri hadha dakhalta n-nar)
« Certes, si Allah châtiait les habitants de Sa terre et de Ses cieux, Il les châtierait sans être injuste envers eux, et s’Il leur faisait miséricorde, Sa miséricorde leur serait plus bénéfique que leurs actes. Si tu dépensais en or autant que la montagne de ‘Ouhoud dans une voie agréée par Allah (fi sabili l-Lah), Allah ne l’accepterait pas de toi tant que tu n’auras pas cru en la destinée et que tu n’auras pas su que ce qui t’a atteint n’allait pas te manquer et que ce qui t’a manqué n’allait pas t’atteindre. Si tu meurs sur une autre croyance que celle-là, tu entreras en enfer. »
Donc, chers bien-aimés, tout ce qui entre en existence a lieu par la volonté de Allah et conformément à Sa science. Il n’y a pas une chose dans ce monde qui entre en existence sans que cela ne soit par la volonté de Allah. L’esclave n’est pas atteint par quoi que ce soit de bien ou de mal, par la bonne santé comme la maladie, la pauvreté ou la richesse, ou toute autre chose que cela, si ce n’est par la volonté de Allah ta^ala. Si Allah a prédestiné à l’esclave qu’une chose lui arrive, elle ne le manquera pas. Abou Dawoud a rapporté dans ses Sounan que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a enseigné à l’une de ses filles :
(( ما شاءَ اللهُ كانَ وما لَمْ يَشَأْ لَمْ يَكُنْ ))
(ma cha’a l-Lahou kana wama lam yacha’ lam yakoun)
« Ce que Allah veut est, et ce que Allah ne veut pas n’est pas. »
La volonté de Allah, qui est de toute éternité, se réalise immanquablement. Il ne saurait y avoir ni manquement ni changement. Toute chose dont Allah veut l’existence par Sa volonté exempte de début, existera nécessairement dans le moment où Allah veut qu’elle existe. Et ce dont Allah ne veut pas l’existence, cela n’existe pas et n’entrera jamais en existence.
Chers bien-aimés, cela ne veut pas dire que les esclaves n’ont pas de volonté du tout. En effet, un groupe appelé jabriyyah est apparu dans le passé mais a disparu de nos jours. Ses adeptes disaient que l’esclave est comme une plume portée par le vent. Ils prétendaient que l’esclave n’a ni volonté ni choix. Le fait d’avoir une telle croyance revient à démentir la religion car Allah ta^ala dit dans le Qour’an Honoré :
﴿وَمَا تَشَآءُونَ إِلَّآ أَن يَشَآءَ ٱللَّهُ رَبُّ ٱلۡعَٰلَمِينَ ﴾
[sourat At-Takwir / 29] (wama tacha’ouna ‘il-la ‘an yacha’a l-Lahou Rabbou l-^alamin)
« Et vous ne voulez que si Allah, le Seigneur des mondes, le veut. »
Allah a donc confirmé que l’esclave a une volonté mais qu’elle est sous la volonté de Allah. Elle n’a pas le dessus sur la volonté de Allah. Les qadariyyah ont prétendu le contaire. Les qadariyyah sont un groupe qui a existé dans le passé et qui se réclamait de l’Islam, mais ils n’avaient aucune part dans l’Islam. Ils disaient : « Allah voulait le bien pour tous les esclaves, mais certains ont commis des péchés malgré la volonté de Allah. » Ils ont considéré que Allah est impuissant, puisque selon eux Il serait dominé. Que Allah nous préserve d’une telle mauvaise croyance ! Ce qui est correct, et c’est ça la vérité, c’est que les esclaves ont une volonté et peuvent choisir. Simplement, leur volonté est sous la volonté de Allah. Par conséquent, nul ne peut faire quelque chose dont Allah n’a pas voulu l’existence, tout comme cela est indiqué dans la parole de Allah :
﴿ وَمَا تَشَآءُونَ إِلَّآ أَن يَشَآءَ ٱللَّهُ رَبُّ ٱلۡعَٰلَمِينَ ﴾
[sourat At-Takwir / 29] (wama tacha’ouna ‘il-la ‘an yacha’a l-Lahou Rabbou l-^alamin)
« Et vous ne voulez que si Allah, le Seigneur des mondes, le veut. »
Mes frères de foi, cette ‘ayah comporte une réplique aux jabriyyah, ceux-là mêmes qui nient la volonté et le choix de la part des esclaves. Elle comporte également une réplique contre les qadariyyah, ceux-là mêmes qui disent que Allah aurait voulu que tous les esclaves, y compris Pharaon et ‘Iblis, soient des croyants pieux. Selon eux, les mécréants auraient contredit par la suite la volonté de Allah et L’auraient vaincu. Ils ont considéré que Allah aurait été vaincu, or Allah est Celui Qui domine toute chose par Sa volonté et Sa puissance, Il ne peut être vaincu. Et tout comme notre Seigneur tabaraka wata^ala dit dans :
﴿وَلَوۡ شِئۡنَا لَأٓتَيۡنَا كُلَّ نَفۡسٍ هُدَىٰهَا وَلَٰكِنۡ حَقَّ ٱلۡقَوۡلُ مِنِّي لَأَمۡلَأَنَّ جَهَنَّمَ مِنَ ٱلۡجِنَّةِ وَٱلنَّاسِ أَجۡمَعِينَ﴾
[sourat As-Sajdah / 13] (walaw chi’na la’atayna koulla nafsin houdaha walakin haqqa l-qawlou minni la’amla’anna jahannama mina l-jinnati wan-naci ‘ajma^in)
« Si telle avait été Notre volonté, Nous aurions accordé à chaque âme d’être sur la bonne voie. Mais Ma parole est vérité : certes, Je remplirai l’enfer de jinn et d’hommes ensemble. »
Le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam nous a informés à propos de ces groupes, c’est-à-dire des qadariyyah, bien avant leur apparition, il a mis en garde contre eux et a déclaré qu’ils ne sont pas musulmans. Cela est conforme à ce qu’a rapporté Al-Bayhaqiyy dans le livre Al-Qadar ainsi que d’autres, que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( صِنْفانِ مِنْ أُمَّتِي لَيْسَ لَهُمَا نَصِيبٌ فِي الإِسْلامِ القَدَرِيَّةُ والْمُرْجِئَةُ ))
(sinfani min ‘oummati layça lahouma nasiboun fi l-‘Islam, al-qadariyyatou wal-mourji’ah)
« Deux sortes de gens se réclamant de ma communauté n’ont aucune part dans l’Islam : les qadariyyah et les mourji’ah ».
Abou Dawoud a rapporté dans ses Sounan que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( القَدَرِيَّةُ مَجُوسُ هَذِهِ الأُمَّةِ ))
(al-qadariyyah majouçou hadhihi l-‘oummah)
« Les qadariyyah sont les mazdéens de cette communauté. »
Et dans une version de ce hadith :
(( لِكُلِّ أُمَّةٍ مَجُوسٌ ومَجُوسُ هَذِهِ الأُمَّةِ الَّذِينَ يَقُولُونَ لاَ قَدَرَ ))
(likoulli ‘oummatin majous, wamajouçou hadhihi l-‘oummati l-ladhina yaqoulouna la qadar)
« Chaque communauté a des mazdéens et les mazdéens de cette communauté sont ceux qui disent qu’il n’y a pas de destinée. »
Par conséquent, il n’est pas permis de douter à propos de l’égarement des qadariyyah et des mou^tazilah qui les ont suivis. Il est donc indispensable de prendre garde à leur croyance. L’Imam An-Nawawiyy, dans son livre Rawdatou t–Talibin, au chapitre de l’apostasie, confirme que celui qui dit qu’il va faire quelque chose sans que ce soit par la prédestination de Allah est un mécréant. Et Al-Bayhaqiyy, que Allah lui fasse miséricorde, a rapporté de notre maître ^Aliyy, que Allah l’agrée qu’il a dit : « La foi ne parviendra pas au cœur de l’un de vous tant qu’il n’aura pas la certitude sans aucun doute que ce qui l’a atteint n’allait pas le rater, et que ce qui l’a raté n’allait pas l’atteindre, et tant qu’il n’admettra pas la destinée en totalité. »
Ô Allah, préserve-nous notre religion qui est notre protection. Guide-nous et accorde-nous la réussite. Fais que nous terminions notre vie avec les bonnes œuvres.
Après avoir tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours[1] :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.