Khoutbah L'innovation (Bid^a)

Khoutbah n°1049 : La commémoration de la naissance du Prophète est une bonne innovation

Parmi les choses que la communauté a été unanime à considérer comme étant une chose que la religion incite à faire, il y a la Commémoration de la naissance du Prophète Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam.

 

Khoutbah n°1049

Discours du vendredi 1er novembre 2019 correspondant au 4 rabi^ al-awwal 1441 de l’Hégire.

Unanimité, Bonnes Innovations et Commémoration de la Naissance du Prophète

Al-hamdou lil-Lahi [1] wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

La louange est à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions. Nous recherchons la préservation de Allah contre le mal de nos âmes et de nos mauvais actes. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer, et celui qu’Il égare, nul ne peut le guider.

Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé et je témoigne que notre maître et notre bien aimé Mouhammad est Son esclave et Son messager, Son élu et le meilleur être créé. Allah l’a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment, appelant à l’obéissance à Allah par Sa volonté, il a été tel un flambeau resplendissant. Il a fait parvenir le message et a parfaitement accompli sa mission, il a conseillé la communauté, que Allah le rétribue pour nous du meilleur de ce qu’Il accorde à l’un de Ses prophètes. Ô Allah, accorde davantage d’honneur et d’élévation en degrés à notre maître Mouhammad, ainsi qu’à sa famille et à ses compagnons bons et purs.

Ô esclaves de Allah, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy, Al-Qadir, Celui Qui dit dans les versets explicites de Son Livre :

﴿وَمَن يُشَاقِقِ الرَّسُولَ مِنۢ بَعْدِ مَا تَبَيَّنَ لَهُ الْهُدَىٰ وَيَتَّبِعْ غَيْرَ سَبِيلِ الْمُؤْمِنِينَ نُوَلِّهِۦ مَا تَوَلَّىٰ وَنُصْلِهِۦ جَهَنَّمَۖ وَسَآءَتْ مَصِيرًا﴾

[sourat An-Niça/ 115] (waman youchaqiqi r-raçoula min ba^di ma tabayyana lahou l-houda wayattabi^ ghayra sabili l-mou’minina nouwallihi ma tawalla wanouslihi jahannama waça‘at masira) ce qui signifie : « Si quelqu’un s’oppose au Messager après que lui a été montré la bonne guidée, et suit une autre voie que la voie des croyants, il ne sera pas préservé du châtiment et Allah le fera entrer éternellement en enfer, et quel mauvais devenir. »

Mes frères de foi, cette ayah honorée est une preuve que celui qui veut être sauvé doit s’attacher à la voie des croyants, c’est-à-dire à ce sur quoi les savants des musulmans sont unanimes, et elle est une preuve que celui qui s’en détourne, sa rétribution sera l’enfer. Et quelle mauvaise destination que l’enfer.

Il est parvenu dans un hadith dont la chaîne de transmission s’arrête à un compagnon (hadith mawqouf) que le compagnon glorieux ^Abdou l-Lah Ibnou Mas^oud a dit : « Ce que les musulmans considèrent comme bien –c’est-à-dire ce qu’ils ont été unanimes à le considérer comme étant bien– alors c’est un bien selon le jugement de Allah ; et ce que les musulmans considèrent comme mauvais, alors c’est une mauvaise chose selon le jugement de Allah. »

Or, parmi l’ensemble des choses que la communauté considère comme étant bonne, mes bien-aimés, et que la communauté a été unanime à considérer comme étant une chose que la religion incite à faire, il y a la Commémoration de sa naissance salla l-Lahou ^alayhi wasallam. En effet, elle fait partie des actes comportant un bien éminent et pour lesquels celui qui les fait sera récompensé, et ce en raison de ce que cette célébration comporte comme manifestation de joie et de réjouissance pour sa naissance honorée. Et même si cette célébration n’avait pas lieu durant sa vie salla l-Lahou ^alayhi wasallam, elle fait partie des bonnes innovations sur lesquelles les savants de la communauté ont été en accord unanime sur le fait qu’elles sont autorisées.

Cette célébration a eu lieu pour la première fois au début du septième siècle de l’hégire. Elle a été instaurée par cet homme pieux, savant et combattant, nommé le roi Al-Moudhaffar, qui était le roi d’Erbil. Il avait réuni à cet effet de nombreux savants de son époque qui avaient considéré son acte comme étant un grand bien. Ils en ont fait l’éloge et ne l’ont absolument pas blâmé pour son acte. Il en a été de même des savants qui sont venus après eux.

Mes bien-aimés, aucun d’entre eux n’a réprouvé la pratique de cette célébration bien plus, le Hafidh Ibnou Dihyah et d’autres ont composé des ouvrages à ce sujet. Le Mawlid a été considéré comme un grand bien par le Hafidh Al-^Iraqiyy, le Hafidh Ibnou Hajjar, le Hafidh As-Souyoutiyy, et d’autres qu’eux, jusqu’à ce qu’apparaisse au siècle dernier un groupe d’anthropomorphes –des gens qui prétendent que Allah serait un corps– qui renient le tawassoul. Ces gens ont violemment rejeté la célébration du Mawlid. Ce faisant, ils ont renié ce que la communauté entière avait toujours considéré comme étant un bien, à travers les époques successives, et ils ont prétendu, du fait de leur ignorance et de leur arrogance dans le domaine de la religion, que ce serait une mauvaise innovation, une bid^ah dalalah, en tirant leur argumentation d’un hadith qu’ils ont interprété indépendamment de son contexte. Ce hadith est le suivant :

(( كُلُّ مُحْدَثَةٍ بِدْعَةٌ  ))

(koullou mouhdathatin bid^ah) dont le sens, au mot à mot, serait que toute chose nouvellement instaurée serait une mauvaise innovation. Ils ont voulu par-là duper les gens. Il est à noter que c’est un hadith dont la chaîne de transmission est forte. Or il signifie seulement que ce qui est instauré après le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam est une mauvaise innovation, hormis ce qui est en accord avec l’enseignement révélé de l’Islam, car dans ce cas, cela n’est pas quelque chose de blâmable. Ainsi, le terme (koull), « tout » en français, veut dire dans ce contexte « la plupart » et non pas « la totalité sans exception », tout comme cela est parvenu dans Sa parole ta^ala :

﴿تُدَمِّرُ كُلَّ شَيْءٍۢ بِأَمْرِ رَبِّهَا﴾

[sourat Al-‘Ahqaf / 25] (toudammirou koulla chay’in bi’amri Rabbiha) à propos de la tempête qui a détruit (koulla chay’), littéralement « toute chose », alors qu’elle n’a détruit ni le sol ni les montagnes.

Par ailleurs, il est rapporté dans un hadith dont la chaîne de transmission est forte et qui est mentionné dans le Sahih de Mouslim, et dans d’autres recueils de hadith, que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

(( مَنْ سَنَّ في الإِسْلامِ سُنَّةً حَسَنَةً فَلَهُ أَجْرُها وَأَجْرُ مَنْ عَمِلَ بِها بَعْدَهُ مِنْ غَيْرِ أَنْ يَنْقُصَ مِنْ أُجُورِهِمْ شَىْءٌ  ))

(man sanna fi l-‘Islami sounnatan haçanatan falahou ‘ajrouha wa‘ajrou man ^amila ba^dahou min ghayri ‘an yanqousa min ‘oujourihim chay’) ce qui signifie : « Quiconque instaure dans l’Islam une bonne tradition, en aura la récompense et une récompense semblable à celle de ceux qui la pratiqueront après lui sans que rien ne soit diminué de leurs récompenses. »

C’est pour cela que l’Imam Ach-Chafi^iyy, que Allah l’agrée, a dit : « Les bid^ah –les innovations dans la religion– sont de deux sortes : les louables et les blâmables ; celles qui sont en accord avec la Sounnah sont louables et celles qui la contredisent sont blâmables. » Ceci a été rapporté de lui par l’Imam Al-Bayhaqiyy et d’autres.

Ensuite, ô vous qui êtes doués de compréhension, comment ces gens privés du bien osent-ils dire que réunir les musulmans pour réciter le Qour’an, pour évoquer Ar-Rahman, pour faire l’éloge de Mouhammad, le Maître des créatures conformément à ce que Allah agrée de faire, conformément à ce que Son Messager a incité de faire, et conformément à ce que la communauté a accepté avec approbation, comment osent-ils dire que ce serait une innovation d’égarement ? Comment osent-ils de dire une chose pareille ?! N’ont-ils pas entendu Sa parole ta^ala :

﴿ فَاقْرَءُوا مَا تَيَسَّرَ مِنَ القُرْءَانِ﴾

[sourat Al-Mouzammil / 20] (faqra’ou ma tayassara mina l-Qour’an) qui signifie : « Récitez ne serait-ce qu’une partie du Qour’a», ni Sa parole ^azza wajall :

﴿يَا أَيُّهَا الَّذِينَ ءَامَنُوا ٱذْكُرُواْ اللهَ ذِكْرًا كَثِيرًا﴾

[sourat Al-‘Ahzab / 41] (ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou dhkourou l-Laha dhikran kathira) qui signifie : « Ô vous qui avez cru, évoquez souvent Allah. »

N’est-ce pas que l’éloge du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam est citée dans le Qour’an honoré ? En effet, Allah dit du meilleur être créé, l’Élu salla l-Lahou ^alayhi wasallam :

﴿وَإِنَّكَ لَعَلَى خُلُقٍ عَظِيمٍ٤﴾

[sourat Al-Qalam / 4] (wa’innaka la^ala khoulouqin ^adhim) ce qui signifie : « Tu as certes les caractères éminents » et Il dit soubhanah, Lui Que l’on exempte de toute imperfection :

﴿وَمَا أَرْسَلْنَاكَ إِلَّا رَحْمَةً لِّلْعَالَمِينَ﴾

[sourat Al-‘Anbiya/ 107] (wama ‘arsalnaka ‘il-la rahmatan lil-^alamin) ce qui signifie : « Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour les mondes. »

De plus, ô vous mes bien-aimés, n’est-il pas parvenu aussi dans la Sounnah pure ce qui indique la permission de faire son éloge salla l-Lahou ^alayhi wasallam, que ce soit en assemblée ou en étant seul, avec un douff ou sans douff, dans la mosquée ou en dehors de la mosquée ?

N’est-ce pas qu’il est confirmé dans les hadith dont la chaîne de transmission est forte que des gens de l’Abyssinie étaient dans la mosquée du Messager de Allah et faisaient son éloge dans leur langue ; c’est alors que le Messager de Allah avait demandé ce qu’ils disaient. On lui a dit qu’ils disaient : « Mouhammad est un homme vertueux » [rapporté par Ahmad et Ibnou Hibban]. Il ne leur a pas interdit de le faire salla l-Lahou ^alayhi wasallam.

N’est-ce pas que Al-^Abbas Ibnou ^Abdi l-Mouttalib, l’oncle paternel du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam lui avait dit : « Ô Messager de Allah, j’ai fait ton éloge en composant des vers de poésie » alors le Messager de Allah avait répondu salla l-Lahou ^alayhi wasallam :

(( قُلْهَا لا يَفْضُضِ اللهُ فَاكَ ))

(qoulha la yafdoudi l-Lahou fak) ce qui signifie : « Récite-les, que Allah préserve ta bouche de perdre ses dents. » Il s’est mis alors à réciter une poésie qui débute par ces vers :

Ton degré éminent était déjà connu avant ta naissance,

quand, au Paradis, on rassemblait les feuillets

Et qui se termine ainsi :

Et lorsque tu es né, la terre a rayonné,

par ta lumière les horizons se sont illuminés.

Le Messager de Allah ne l’a pas empêché et ne lui a pas interdit de le faire, il ne lui a pas dit : « C’est interdit que tu fasses mon éloge. » Au contraire, il a apprécié ce qu’avait fait Al-^Abbas et il a invoqué en sa faveur afin que Allah préserve intacte sa dentition. Effectivement, Allah la lui a conservée intacte, par les bénédictions de l’invocation du Prophète éminent salla l-Lahou ^alayhi wasallampuisque Al-^Abbas est décédé à l’époque du califat de ^Outhman Ibnou ^Affan que Allah l’agrée, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, sans que sa bouche n’ait perdu une seule dent.

Écoutez aussi mes frères ce que le Hafidh As-Souyoutiyy a dit lorsqu’il avait été interrogé au sujet du Mawlid honoré, dans l’épître qu’il a intitulée L’Objectif Correct dans le Fait de célébrer le Mawlid ; il a dit, prêtez bien attention : « La célébration du Mawlid consiste fondamen­talement à réunir les gens, à réciter ne serait-ce qu’une partie du Qour’an, et à citer les nouvelles rapportées sur les tout débuts de l’histoire du Prophète et sur ce qui s’est produit comme signes éclatants lors de sa naissance. Ensuite on étend des nappes, garnies de nourriture dont ils pourront consommer, et ils repartiront sans rien ajouter à cela. Cela fait partie des bonnes innovations (bid^ah) pour lesquelles celui qui les accomplit sera récompensé, en raison de ce que cela comporte comme glorification du degré du Prophète et comme manifestation de joie et de réjouissance dues à sa naissance honorée salla l-Lahou ^alayhi wasallam. »

Ne vous laissez pas impressionner, esclaves de Allah, que Allah vous fasse miséricorde, par les paroles de ceux qui renient le tawassoul, de ceux qui sont privés de la grâce d’aimer notre Prophète, le Messager de notre Seigneur, que Allah lui accorde le meilleur des degrés et apaise son cœur quant à ce qu’il craint pour sa communauté. Ne vous laissez pas impressionner par les paroles de ceux qui prétendent que mes grands-parents ainsi que vos grands-parents, que mes ancêtres et vos ancêtres, ainsi que les ancêtres de tous les musulmans sur la terre entière, seraient sur l’égarement pour avoir célébré le Mawlid honoré, jusqu’à ce qu’ils viennent, eux, prétendre connaître la vérité. Ces gens-là ne connaissent pas même le Créateur, ta^ala, et sont privés d’éprouver de l’amour pour le Prophète honoré, que les meilleures invocations d’élévation en degré et d’apaisement quant au sort de sa communauté soient faites en sa faveur. Ne soyez donc pas dupés par leurs faux-semblants et ne prêtez aucune considération à leur réprobation des festivités du Mawlid.

Fêtez le Mawlid honoré, récitez le Qour’an, lisez ce qui s’est produit lors de sa naissance et ce qui est apparu comme signes éminents, faites son éloge avec une bonne intention et glorifiez son haut rang. Et ne prêtez aucune attention au premier venu qui réprouve le Mawlid ou qui le renie.

Ce Prophète, Mouhammad, est la meilleure de toutes les créatures 

et l’envoyé à tous les humains, lui dont Adam s’est prévalu.

Il réside à Médine, dans sa tombe, véritablement vivant,

et il entend quiconque lui adresse ses salutations.

Lorsqu’un homme éprouvé demande à Dieu par son degré en citant son nom,

disparaît alors la cause de son tourment

Que Allah, gloire à Lui le Tout Puissant, lui accorde davantage d’honneur et d’élévation

chaque fois qu’un voyageur se rend de nuit vers les lieux saints, en chantant son nom.

Je conclus en demandant à Allah qu’Il me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

Second Discours[1] :

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou ttaqou l-Lah
.

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.

[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.