Khoutbah n°1257
Discours du vendredi 27 octobre 2023 correspondant au 12 Rabi^ al-‘Akhir 1445 de l’Hégire.
La sortie de l’âme et l’interrogatoire de la tombe
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Louanges à Dieu, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions, nous recherchons Son Pardon et nous nous repentons à Lui. Nous demandons que Dieu nous préserve du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Dieu guide, nul ne peut l’égarer ; et celui que Dieu égare, nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est le dieu unique, qu’Il n’a pas d’associé ni de semblable, ni d’équivalent ni d’égal.
Et je témoigne que notre maître محمّد Mouhammad, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie est Son esclave et Son messager, Son élu et Son bien-aimé, celui que Dieu a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur contre le châtiment. Le Prophète a transmis le message. Il s’est acquitté de ce qui lui a été confié. Il a conseillé la communauté et lutté dans la voie que Dieu agrée d’une lutte juste et correcte. Que Dieu le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué chacun de Ses prophètes. Ô Dieu, honore et élève davantage en degré notre maître محمّد Mouhammad et la famille de notre maître محمّد Mouhammad, comme Tu l’as fait pour notre maître إبراهيم Ibrahim et pour la famille de notre maître إبراهيم Ibrahim, et bénis notre maître محمّد Mouhammad et la famille de notre maître محمّد Mouhammad, comme Tu as béni notre maître إبراهيم Ibrahim et la famille de notre maître إبراهيم Ibrahim, Tu mérites certes louanges et glorification.
Esclaves de Dieu, je vous recommande de faire preuve de piété à l’égard de Dieu العَلِيّ القدير Al-^Aliyy, Al-Qadir, Celui Qui dit dans le Livre qui ne comporte pas d’erreur, dans la sourate آلِ عِمۡرَان ‘Ali ^Imran :
﴿ كُلُّ نَفۡسٖ ذَآئِقَةُ ٱلۡمَوۡتِۗ وَإِنَّمَا تُوَفَّوۡنَ أُجُورَكُمۡ يَوۡمَ ٱلۡقِيَٰمَةِۖ فَمَن زُحۡزِحَ عَنِ ٱلنَّارِ وَأُدۡخِلَ ٱلۡجَنَّةَ فَقَدۡ فَازَۗ وَمَا ٱلۡحَيَوٰةُ ٱلدُّنۡيَآ إِلَّا مَتَٰعُ ٱلۡغُرُورِ ﴾
(koullou nafsin dha’iqatou l-mawt ; wa‘innama touwaffawna ‘oujourakoum yawma l-qiyamah ; faman zouhziha ^ani n-nari wa‘oudkhila l-jannata faqad faz ; wama l-hayatou d-dounya ‘il-la mata^ou l-ghourour)
ce qui signifie : « Chaque personne goûtera à la mort ; vous n’aurez votre rétribution complète qu’au Jour du jugement ; celui qui sera éloigné de l’enfer et que l’on fera entrer au Paradis aura réussi ; la vie du bas-monde n’est que jouissance trompeuse et éphémère. »
Mes frères de foi, réfléchissez au rassemblement et à la résurrection. Rappelez-vous du Jour du jugement, rappelez-vous lorsque les gens seront ressuscités. Certes au Jour du jugement, il y aura des regrets… lors du rassemblement, des gémissements… sur le pont, des trébuchements… lors de la pesée des actes, des larmes… L’injustice sera ce jour-là une source d’obscurité. Les livres des actes contiendront même les regards. Il y aura chagrin et regrets pour les péchés. Il y aura joie et plaisir pour les bonnes actions. Un groupe sera au Paradis, dans les hauts degrés élevés. Un autre groupe sera en enfer, dans les bas niveaux rabaissés.
Tout ce qui t’en sépare, c’est que l’on dise : « Untel est mort ! » Oui chers bien-aimés, « Untel est mort » ! Une phrase que beaucoup répètent et que beaucoup d’autres entendent.
Mais la question qui se pose à celui qui l’entend : a-t-il réfléchi et en a-t-il tiré une leçon afin de se rendre des comptes à lui-même?! Afin de combler ses défaillances ? Afin de se poser la question sur ce qu’il a préparé, si un jour on devait dire de lui « Untel est mort » ?!
Chers bien-aimés, Dieu عزّ وجلّ dit, dans la sourate السَّجۡدَة As-Sajdah :
﴿ ۞قُلۡ يَتَوَفَّىٰكُم مَّلَكُ ٱلۡمَوۡتِ ٱلَّذِي وُكِّلَ بِكُمۡ ثُمَّ إِلَىٰ رَبِّكُمۡ تُرۡجَعُونَ ١١ ﴾
(qoul yatawaffakoum malakou l-mawti l-ladhi woukkila bikoum thoumma ‘ila Rabbikoum tourja^oun)
ce qui signifie : « Dis : c’est l’ange de la mort qui prendra votre âme ; lui qui a été chargé de votre terme ; ensuite vous serez ressuscités pour le jugement de votre Seigneur. »
Par unanimité (‘ijma^), l’ange de la mort est notre maître عزرائيل ^Azra’il عليه السلام. C’est un ange honoré selon le jugement de Dieu comme tous les anges. Il est chargé de retirer les âmes.
Lorsqu’il retire l’âme d’un croyant, il la remet aux anges de la miséricorde. Ils annoncent alors à cette âme qu’elle a la récompense, la miséricorde de Dieu et Son agrément.
Mais lorsqu’il retire l’âme d’un mécréant, il la remet aux anges du châtiment. Ils lui annoncent le châtiment, la volonté de Dieu de la châtier et de la punir.
Les anges ne laissent pas l’âme aux mains de notre maître عزرائيل ^Azra’il ne serait-ce que le temps d’un clin d’œil après qu’il l’a retirée, mais ils l’emmènent au ciel si c’est l’âme d’un croyant pieux et jusqu’à la septième terre si c’est celle d’un mécréant.
Lorsque le mort est placé sur la civière et que les gens l’emmènent vers la tombe, les anges ramènent son âme et l’accompagnent dans le convoi funéraire. Si c’est l’âme d’un homme vertueux, comme dans le حديث hadith rapporté par Al-Boukhariyy, An-Naça’iyy, Al-Bayhaqiyy, Ahmad et d’autres, dans des termes proches, cette âme va dire :
(( قَدِّموني قَدِّموني ))
(qaddimouni, qaddimouni !)
ce qui signifie : « Avancez-moi vite ! Avancez-moi vite ! »
Si c’est l’âme d’un homme de mal –et dans une version du حديث hadith, si c’est l’âme d’un homme mécréant– elle va dire :
(( يا ويلِي أين تذهبون بي ))
(ya wayli, ‘ayna tadh-habouna bi ?)
ce qui signifie : « Malheur à moi ! Où m’emmenez-vous donc ? » Mais les gens vivants n’entendent pas ce que cette âme dit, tout comme l’a rapporté An-Naça’iyy et d’autres,
(( ولو سمعها الإنسان لصَعِقَ ))
(walaw sami^aha l-‘insanou lasa^iq)
ce qui signifie : « Si les humains pouvaient l’entendre, ils s’évanouiraient. »
Puis le mort, chers frères de foi, sera placé dans sa tombe, alors ses enfants, ses biens, sa famille et ses compagnons l’abandonneront. Il ne restera avec lui que ses œuvres. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a dit dans un حديث hadith rapporté par Al-Boukhariyy :
(( يَتْبَـعُ الـمَيِّتَ ثَلاثَةٌ فَيَرْجِعُ اثْنَانِ وَيَبْقَى مَعَهُ وَاحِدٌ يَتْبَعُهُ أَهْلُهُ وَمَالُهُ وَعَمَلُهُ فَيَرْجِعُ أَهْلُهُ وَمَالُهُ وَيَبْقَى عَمَلُهُ ))
ce qui signifie : « Trois choses accompagneront le mort jusqu’à sa tombe : deux s’en retourneront et une seule restera avec lui. L’accompagneront sa famille, ses biens et ses œuvres ; sa famille et ses biens s’en retourneront et ses œuvres resteront. »
Puis ce sera l’interrogatoire par مُنْكَرٍ وَنَكيرٍ Mounkar et Nakir. Ils interrogeront le mort. Il est parvenu dans un حديث hadith rapporté par Al-Boukhariyy, At-Tirmidhiyy, An-Naça’iyy et d’autres dans des termes proches –la version ici, étant celle de An-Naça’iyy– que le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم a dit :
(( إِنَّ العَبْدَ إِذَا وُضِعَ فِى قَبْرِهِ وَتَوَلَّى عَنْهُ أَصْحَابُهُ إِنَّهُ لَيَسْمَعُ قَرْعَ نِعَالِهِمْ أَتَاهُ مَلَكَانِ فَيُقْعِدَانِهِ فَيَقُولانِ لَهُ مَا كُنْتَ تَقُولُ فِى هَذَا الرَّجُلِ مُحَمَّدٍ فَأَمَّا الـمُؤْمِنُ فَيَقُولُ أَشْهَدُ أَنَّهُ عَبْدُ الله وَرَسُولُهُ فَيُقَالُ لَهُ انْظُرْ إِلَى مَقْعَدِكَ مِنَ النَّارِ قَدْ أَبْدَلَكَ اللهُ بِهِ مَقْعَدًا خَيْرًا مِنْهُ ))
ce qui signifie : « Lorsque l’esclave sera placé dans sa tombe et que ses compagnons retourneront sur leur pas, il entendra le bruit de leurs pas s’éloigner ; alors viendront à lui deux anges qui le feront asseoir et lui diront : « Que disais-tu de cet homme Mouhammad ? » Le croyant répondra : « Je témoigne qu’il est l’esclave de Dieu et Son Messager. » On lui dira : « Regarde donc la place que tu as évitée en enfer, Dieu te l’a remplacée par une place meilleure. »
Le Messager صلَّى الله عليه وسلم a dit :
(( فَيَرَاهُمَا جَمِيعًا وَأَمَّا الكَافِرُ أو المُنَافِقُ فَيُقَالُ لَهُ مَا كُنْتَ تَقُولُ فى هذا الرجل فيقول لا أدرى كنت أقول كما يقول الناس فَيُقَالُ له لا دَرَيْتَ ولا تَلَيْتَ ثم يُضْرَبُ ضَرْبَةً بين أذُنَيه فَيَصِيحُ صَيْحَةً يَسْمَعُهَا مَنْ يَلِيهِ غَيْرُ الثَقَلَيْنِ ))
ce qui signifie : « Il verra donc les deux endroits. Quant au mécréant ou à l’hypocrite, on lui dira : « Que disais-tu de cet homme ? » Il répondra : « Je ne sais pas ! Je disais ce que les gens disaient ! » On lui dira : « Tu n’as pas su ! Tu n’as pas témoigné ! » Puis il recevra un coup entre les oreilles et poussera un cri que tous ceux qui sont aux alentours entendront sauf les humains et les jinn. » Fin de citation
Chers bien-aimés, croire à l’interrogatoire des deux anges par مُنْكَرٍ وَنَكيرٍ Mounkar et Nakir, c’est-à-dire croire que cet interrogatoire aura lieu, est un devoir pour toute personne responsable. Cet interrogatoire aura lieu pour le croyant et le mécréant de la communauté de l’appel –c’est-à-dire ceux à qui notre Maître محمّد Mouhammad a été envoyé.
Un croyant accompli ne ressentira ni terreur, ni dérangement du fait de leur interrogatoire. En effet, Dieu lui raffermira le cœur. Il ne va pas tressaillir ni être apeuré par leur aspect effrayant. En effet, tout comme il est parvenu dans le حديث hadith, ils sont d’un noir bleu. Ils ont des yeux rouges comme des chaudrons de cuivre et des canines comme des cornes de vaches. Ils ouvrent des tranchées dans la terre avec leurs canines et leur voix est comme le tonnerre[1].
Malgré cela, le croyant accompli se réjouira à leur vue et à leur interrogatoire car il sait qu’il est sauvé, qu’il fait partie de ceux qui seront sauvés. Il répondra à leur interrogatoire au sujet de celui que Dieu, le Seigneur du monde agrée le plus :
( أشهد أنه عبد الله ورسوله )
ce qui signifie : « Je témoigne qu’il est l’esclave de Dieu et Son Messager. »
Il lui sera dit :
( انظُر إلى مقعدك من النار قد أبدلك اللهُ به مقعدًا خيرًا منه )
ce qui signifie : « Regarde donc la place que tu as évitée en enfer, Dieu te l’a remplacée par une place meilleure. »
Et dans une autre version :
( انظُر إلى مقعدك من النار فقد أبدلك اللهُ به مقعدًا فى الجنة )
ce qui signifie : « Regarde la place que tu as évitée en enfer, Dieu te l’a remplacée par une place au Paradis. »
Quant à l’hypocrite ou au mécréant, il sera apeuré et terrorisé ; il aura tellement peur de leur aspect que des paroles sortiront de sa bouche qu’il ne voulait pas du tout dire. Il dira :
( لا أدرى كنت أقول ما يقول الناس )
ce qui signifie : « Je ne sais pas, je disais ce que les gens disaient. » Ils lui diront alors :
( لا دريت ولا تليت )
ce qui signifie : « Tu n’as pas su et tu n’as pas témoigné ! »
C’est une parole qui est dite pour le réprimander. Ils le frapperont ensuite derrière la tête avec une masse de fer, et lui assèneront un tel coup qu’il poussera un cri, si fort que tous les êtres alentours l’entendront, sauf les humains et les jinn.
Mes frères de foi, l’interrogatoire des deux anges dans la tombe est une des choses spécifiques à cette communauté. Les croyants, tout comme les mécréants seront interrogés. Mais est excepté de cet interrogatoire le Prophète صلَّى الله عليه وسلم en raison de son honneur. Les anges ne l’interrogent donc pas. Il y a également les martyrs de combat. Ils ne sont pas interrogés car leurs âmes montent immédiatement au Paradis. Les enfants également ne sont pas interrogés. Il s’agit de ceux qui sont morts avant la puberté car ils n’étaient pas responsables. Il est parvenu dans le حديث hadith que le Messager صلَّى الله عليه وسلم a mentionné l’interrogatoire des deux anges. Notre Maître ^Oumar a alors dit :
( أَتُرَدُّ علينا عُقولُنا يا رسولَ الله )
ce qui signifie : « Reprendrons-nous donc conscience, ô Messager de Dieu ? ».
Le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a répondu :
(( كهَيْئَتِكُمُ اليَوم ))
ce qui signifie : « Tout comme vous l’êtes maintenant ! »
L’état d’un homme dans sa tombe est semblable à son état dans le bas-monde. Il ressent la félicité, il ressent la douleur. Cela a lieu par l’âme et par le corps même si cela nous est caché et voilé dans ce bas-monde.
Chers bien-aimés, rappelez-vous que le bas-monde va à sa fin, que notre demeure sera la tombe, que chacun ira à la rencontre des œuvres qu’il aura accomplies, et que, la seule chose qui accompagnera l’homme dans la tombe, ce seront ses actes. Celui qui est raisonnable, c’est celui qui se rappelle de la mort, c’est celui qui se prépare pour l’au-delà, c’est celui qui prend des provisions à partir de ce bas-monde, qui prend les bonnes œuvres en provisions.
La tombe est tel un coffre pour les œuvres. Un poète a dit :
النَّفْسُ تَرْغَبُ فى الدُّنْيا وَقَدْ عَلِمَتْ أَنَّ السَّلامَةَ فِيها تَرْكُ ما فِيها
L’âme désire le bas-monde alors qu’elle sait bien
Que la sauvegarde est de délaisser ce qu’il contient
لا دارَ لِلْمَرْءِ بَعْدَ الـمَوْتِ يَسْكُنُها إِلاّ الَّتِى كانَ قَبْلَ الـمَوْتِ يَبْنِيها
Après la mort, l’homme n’aura d’autre résidence à occuper
Que celle qu’avant la mort il aura bâtie et édifiée
فَإِنْ بَناها بِخَيْرٍ طابَ مَسْـكَنُهُ وَإِنْ بَناها بِشَرٍّ خابَ بَانِيها
S’il l’a construite avec du bien, ce sera donc un bon logis
Mais s’il l’a construite avec du mal, malheur à celui qui l’aura bâtie
أَيْنَ الـمُلُوكُ الَّتِى كانَتْ مُسَلْطَنَةً حَتّى سَقاها بِكَأْسِ الـمَوْتِ ساقِيها
Où sont donc les rois qui ont eu tant de pouvoir
Jusqu’au jour où à la coupe de la mort ils ont dû boire
أَمْوالُنا لِذَوِى الـمِيرَاثِ نَجْمَعُها وَدُورُنا لِفَناءِ الدَّهْرِ نَبْنِيها
Nos biens, pour nos héritiers nous les rassemblons
Et nos maisons, pour la destruction dans ce monde nous les construisons
Ô Dieu, fais que nos cœurs soient détachés du bas-monde. Emplis nos cœurs du désir des récompenses que Tu as réservées, fais que nos cœurs soient raffermis dans la tombe et au Jour de la grande exposition, ô Toi le Plus miséricordieux des miséricordieux.
Ayant dit mes propos, je demande que Dieu me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second discours :
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Rapporté dans le livre Fat-hou l-Bari.