Voici la traduction de quelques paroles de savants de l’Islam des quatre voies de jurisprudence prouvant l’interdiction unanime de déterminer le début des mois lunaires par le calcul, quelle que soit sa précision. Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam ayant ordonné à sa communauté d’observer le premier croissant lunaire pour déterminer le début des mois lunaires, les savants de l’Islam ont été unanimes à rejeter toute autre méthode de détermination du début des mois lunaires.
Qu’a dit le Prophète au sujet de la détermination des mois lunaires ?
Le Messager de Dieu, que Dieu l’élève davantage en degrés et qu’Il préserve sa communauté de ce qu’il craint pour elle, a dit
لا تَقَدَّمُوا رَمَضَانَ بِصَوْمِ يَوْمٍ وَلا يَوْمَيْنِ
« N’anticipez pas le mois de Ramadan par le jeûne d’un jour ou deux. » [rapporté par Al-Boukhariyy et d’autres]
Et il a dit
صُومُوا لِرُؤْيَتِهِ، وَأَفْطِرُوا لِرُؤْيَتِهِ، فَإِنْ غُمَّ عَلَيْكُمْ فَأَكْمِلُوا عِدَّةَ شَعْبانَ ثَلاثِينَ
« Commencez le jeûne avec la vision du premier croissant lunaire et terminez le jeûne avec sa vision. Si l’observation est gênée par des nuages, alors complétez le compte de Cha^ban à trente jours. » [rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim]
Donc, en cas d’impossibilité d’observer le croissant, le Messager n’a pas dit de se référer à des calculs mais tout simplement de ne pas jeûner jusqu’à avoir la certitude que le mois a commencé après le trentième jour de Cha^ban.
Voici maintenant huit citations extraites des textes détaillés des savants des quatre voies de jurisprudence que nous présenterons plus loin :
Dans leurs ouvrages, les savants de l’Islam citent le mounajjim (المنجم), terme qui vient du mot najm signifiant étoile ou astre. Il s’agit ici d’un spécialiste qui établit, entre autres, des calendriers (lunaires) à partir des calculs. On traduit, ici, ce terme par « astronome » bien que les définitions ne correspondent pas exactement.
- “Les calculs d’un astronome ne confirment pas le début du jeûne. Il n’est permis à personne de jeûner en se basant sur ses dires. Il ne lui est même pas permis de jeûner en se fondant sur ses propres calculs.” (Al-Hattab).
- “Cela serait difficile pour la plupart des gens s’ils devaient se baser sur les calculs. En effet, seuls quelques individus les maîtrisent. Or la Loi de l’Islam ne fait rendre compte aux âmes que de ce que le plus grand nombre peut connaître.” (Az-Zourqaniyy).
- “À la base, la détermination du début du mois de Ramadan ne dépend pas des calculs. Le hadith qui signifie : « Si l’observation est gênée par des nuages, complétez le compte de Cha^ban à trente jours » en donne l’explication : en effet, le Prophète n’a pas dit : « Référez-vous aux spécialistes des calculs».” (Ibn Hajar)
- “La Loi de l’Islam a fait dépendre la détermination du mois du jeûne de l’observation, les calculs ne la remplacent pas.” (Al-Mounawiyy).
- “Notre religion ne nécessite pas de calculs ni d’écrits [pour déterminer les actes d’adoration]” (Ibn Rajab).
- “Si le jugement pouvait être connu grâce aux calculs, le Prophète aurait dit : demandez aux spécialistes des calculs.” (Badrou d-Din Al-^Ayniyy).
- “Il y a unanimité sur le fait qu’on ne se base pas sur les calculs des astronomes, même s’ils disent tous que le croissant sera observable à telle date. Si l’auteur des calculs commence à jeûner au titre de Ramadan, avant d’avoir vu le croissant et en se basant sur ses propres connaissances, il aura désobéi en jeûnant.” (Moulla ^Ali l-Qari).
- “Il n’y a pas de considération à donner à ceux qui font des calculs afin de déterminer les débuts des mois pour l’obligation de jeûner. Il y a même unanimité sur le fait qu’on ne prend pas leur parole en compte.” (Ibn ^Abidin).
Vous trouverez les références complètes (auteur, livre, date) dans les citations ci-après.
Il n’y a donc qu’une seule méthode pour déterminer le début du mois lunaire : l’observation du premier croissant !
Si le croissant est vu par un homme juste (^adl), le gouverneur ordonne à la communauté de jeûner. En revanche, s’il est vu par quelqu’un n’ayant pas ce statut, par exemple un grand pécheur ou un enfant, le gouverneur ne peut pas se baser sur son témoignage pour déclarer que le mois de Ramadan a débuté. En revanche, toute personne ayant vu le croissant doit quand même jeûner si elle est responsable. Quant à celui qui a conclu de ses calculs que le mois de Ramadan a commencé, lui-même il n’a pas le droit de jeûner ! Ceci montre à quel point cette méthode n’est pas prise en considération dans notre religion.
À plus forte raison et bien évidemment, le gouverneur ne peut pas se baser sur des calculs pour indiquer à la communauté que le mois de Ramadan aurait commencé.
C’est la parole des savants des quatre voies de jurisprudence et il n’y a pas de divergence à ce sujet.
Voici les textes des savants dont sont tirées les huit citations
Ces savants appartiennent aux quatre grandes voies de jurisprudence et ont vécu entre le huitième et le treizième siècle de l’hégire.
École Malikite
- Al-Hattab Ar-Rou^ayniyy le malékite (mort en 954 H) énonce le jugement en s’appuyant sur les propos d’autres savants dans Mawahibou l-Jalil Charh Moukhtasar Khalil :
Il veut dire que le début du jeûne n’est pas confirmé par la parole de l’astronome que le croissant est observable. Il n’est même permis à personne de jeûner en se basant sur ses dires. [L’astronome] lui-même, il ne lui est pas permis de jeûner en se fondant sur ses calculs.
Puis il a dit : L’auteur de At-Tawdih a dit : Ibn Nafi^ a rapporté d’après Malik qu’on ne suit pas un imam qui se baserait sur des calculs.
Il a dit : Ibn Al-Hajib a dit : On ne prête aucune considération aux calculs des astronomes et ce par avis concordant de tous [les savants] ;
Il a également ajouté: Ibn ^Arafah a dit : le calcul des astronomes n’est pas pris en compte.
- Az-Zourqaniyy le malékite (mort en 1122 H) a dit dans Charhou l-Mouwatta’ :
Al-Maziriyy a dit : “Ceux qui ont prétendu que cela signifie qu’on pourrait se baser sur les calculs des astronomes ont avancé comme preuve la parole de Allah (wabi n-najmi houm yahtadoun) [sourat An-Nahl/16]. Alors qu’en réalité, le verset est expliqué par la majorité des savants par le fait de se baser sur les étoiles pour se déplacer sur terre et en mer. Ils ont dit : Il n’est pas valable que le sens visé de ce verset soit le calcul des astronomes. Cela serait difficile pour la plupart des gens s’ils devaient se baser sur les calculs. [En effet,] seuls quelques individus les maîtrisent. Or la Loi de l’Islam ne fait rendre compte aux âmes que de ce que le plus grand nombre peut connaître.”
École Chaféite
- Le Hafidh Ibn Hajar le chaféite (mort en 852 H) a dit dans Fat-hou l-Bari:
Dans le hadith qui signifie : « Jeûnez avec la vision du premier croissant lunaire et terminez le jeûne avec sa vision », le Prophète a fait dépendre de l’observation le jugement du début et de la fin du jeûne,afin de libérer la communauté de toute difficulté ayant trait aux calculs des orbites des étoiles et de la lune. Ce jugement concernant le jeûne demeure tel quel, même s’il est advenu [après la révélation] que certains musulmans ont maîtrisé des méthodes de calcul comme les astronomes. Le contexte nous indique également qu’à la base, la détermination du début du mois de Ramadan ne dépend pas des calculs, ce qui est encore plus clarifié par la parole du Prophète, dans le hadith précédent qui signifie : « Si l’observation est gênée par des nuages alors complétez le compte de Cha^ban à trente jours ». En effet, il n’a pas dit : « référez-vous aux astronomes».
- ^Abdou r-Ra’ouf Al-Mounawiyy le chaféite (mort en 1031 H) a dit dans Faydou l-Qadir :
La Loi a fait dépendre le jugement –de la confirmation du début des mois lunaires–de l’observation ; les calculs ne la remplacent donc pas.
École Hanbalite
- Ibn Rajab le hanbalite (mort en 795 H) a dit dans son livre Fat-hou l-Bari Charh Sahih Al-Boukhariyy ce qui signifie :
La partie du hadith qui signifie : « Commencez le jeûne avec la vision du croissant lunaire et terminez le jeûne à sa vision. Si l’observation est gênée par des nuages alors complétez le compte de Cha^ban », montre que notre religion ne nécessite pas de calculs ni d’écrits, contrairement aux pratiques des gens du livre basées sur la trajectoire du soleil et sur ses calculs.
École Hanafite
- Le Hafidh Badrou d-Din Al-^Ayniyy le hanéfite (mort en 855 H) a dit dans ^Oumdatou l-Qari Charh Sahih Al-Boukhariyy:
Il apparaît du propos du Prophète qui signifie: « si l’observation est gênée par des nuages alors complétez le compte de Cha^ban à trente jours», qu’à la base, la confirmation du début du mois ne dépend pas des calculs. Si le jugement pouvait être connu grâce aux calculs, le Prophète aurait dit : (demandez aux spécialistes des calculs). Certains ont eu recours aux spécialistes des calculs des trajectoires des étoiles et de la lune ; le Qadi a dit : L’unanimité des savants vertueux du Salaf est une preuve contre eux.
- Moulla ^Ali l-Qari le hanéfite (mort en 1014 H) a dit dans Mirqatou l-Mafatih Charhou Michkati l-Masabih:
Le hadith qui signifie « Nous sommes une communauté qui ne nous basons pas sur l’écrit et le calcul pour les actes d’adoration », est une preuve que la détermination des mois ne vient pas par l’écrit et le calcul comme le prétendent les gens qui se basent sur les calculs. Il y a par ailleurs unanimité sur le fait qu’on ne se base pas sur la parole des astronomes, même s’ ils disent tous que le croissant sera observable à telle date.
Une autre preuve est la parole de Allah qui signifie : « Ceux d’entre vous qui voient le croissant du nouveau mois, qu’ils commencent le jeûne. » [Al-Baqarah / 185].
Il y a aussi une preuve dans la parole du Prophète qui signifie « Commencez le jeûne avec la vision du croissant et terminez le jeûne avec sa vision. » Il y a une preuve dans ce même hadith qui signifie : « Ne jeûnez pas avant de l’avoir observé ». …
Je dis même plus : Si l’astronome commence à jeûner au titre de Ramadan, en se basant sur ses propres connaissances et avant d’avoir vu le croissant, il aura désobéi en jeûnant.
- Ibn ^Abidin le hanéfite (mort en 1252 H) a dit dans son Charh de Ad-Dourrou l-Moukhtar :
La parole de l’auteur : « Il n’y a pas de considération à donner à ceux qui font les calculs » signifie qu’on ne se base pas sur leur calcul pour confirmer le jugement d’obligation de jeûner pour la population. Dans le livre Al-Mi^raj, il y a même unanimité sur le fait qu’on ne prend pas en compte leur parole. Il n’est même pas autorisé à celui qui fait les calculs de se baser sur ses propres calculs pour jeûner.
Les mêmes citations et les scans des livres en arabe cités ici sont consultables en téléchargeant le document suivant sur la détermination du début du mois de Ramadan.
La vérité est claire pour qui a deux yeux.