Discours en Arabe et en Français
Khoutbah n°1010
Discours du vendredi 1er février 2019, correspondant au 26 joumada l-‘oula 1440 de l’Hégire
La preuve rationnelle de l’existence de Dieu
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous L’invoquons afin qu’Il nous accorde d’être sur la voie droite, nous Le remercions, nous recherchons Son Pardon et nous nous repentons à Lui. Nous demandons à Allah qu’Il nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer, et celui que Allah égare, nul ne peut le guider.
La louange est à Allah, Lui Qui a créé les raisons, Qui a illuminé la vision du cœur de certains et les a guidés vers la vérité, par Sa grâce, et Qui a aveuglé le cœur de certains autres et les a égarés, par Sa justice. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, qu’Il n’a ni semblable, ni pareil, ni aucun équivalent, qu’Il n’a ni limite, ni corps, ni organes. La division et la composition sont impossibles à Son sujet, Il est Celui à Qui Ses créatures s’adressent dans la nécessité, Il n’engendre pas et Il n’est pas engendré, Il n’a pas d’équivalent.
Et je témoigne que notre maître et notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, celui qui est une source de joie pour nous, Mouhammad, est Son esclave et Son messager, Son élu et Son bien-aimé, celui que Allah a envoyé comme miséricorde pour les mondes, guide indiquant la bonne voie, annonciateur de bonne nouvelle pour ceux qui obéissent et avertisseur d’un châtiment pour ceux qui désobéissent. Ô Allah, honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad, ainsi que ses proches musulmans, ses épouses et ses compagnons bons et purs.
Esclaves de Allah, je vous recommande ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy, Al-^Adhim, Celui Qui dit dans Son Livre honoré :
﴿إِنَّ فِي خَلۡقِ ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَٱلۡأَرۡضِ وَٱخۡتِلَٰفِ ٱلَّيۡلِ وَٱلنَّهَارِ لَأٓيَٰتٖ لِّأُوْلِي ٱلۡأَلۡبَٰبِ ٱلَّذِينَ يَذۡكُرُونَ ٱللَّهَ قِيَٰمٗا وَقُعُودٗا وَعَلَىٰ جُنُوبِهِمۡ وَيَتَفَكَّرُونَ فِي خَلۡقِ ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَٱلۡأَرۡضِ رَبَّنَا مَا خَلَقۡتَ هَٰذَا بَٰطِلٗا سُبۡحَٰنَكَ فَقِنَا عَذَابَ ٱلنَّارِ﴾
[sourat ‘Ali-^Imran / 190 et 191] ce qui signifie : « Il y a bien dans la création des cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, des signes pour ceux qui sont dotés de raison. Ceux-là évoquent Allah lorsqu’ils sont debout, assis ou couchés sur leurs flancs, ils méditent au sujet de la création des cieux et de la terre en disant : “Seigneur, Tu n’as pas créé tout cela absurdement, Tu es exempt d’imperfections, alors préserve-nous du châtiment de l’enfer.” »
Mes frères de foi, celui qui observe bien les créatures de Dieu, en méditant et en réfléchissant, déduira grâce à sa raison l’existence de Allah tabaraka wata^ala ainsi que Son unicité et la confirmation de Sa toute-puissance et de Sa volonté. Et nous avons, mes frères de foi, l’obligation de pratiquer cette méditation. En effet, il a été rapporté du Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam qu’il a dit au sujet de la ‘ayah mentionnée ci-dessus :
(( وَيْلٌ لِمَنْ قَرَأَهَا وَلَمْ يَتَفَكَّرْ فِيها ))
[rapporté par Ibnou Hibban dans son Sahih] ce qui signifie : « Malheur à celui qui récite cette ‘ayah et ne médite pas dessus. »
Certes, la méditation au sujet des créatures de Allah mène à la connaissance de l’existence du Créateur et de Son unicité. Les savants de ‘Ahlou s-Sounnah ont dit qu’il est un devoir, pour toute personne responsable, d’avoir dans le cœur une preuve globale de l’existence de Dieu.
Mes frères de foi, chacun de nous sait au fond de lui-même qu’à un moment donné dans le passé il n’existait pas. Puis qu’il a existé, qu’il a été créé. Et tout ce qui est ainsi, a nécessairement besoin de qui l’a fait exister après qu’il n’existait pas. En effet, la raison saine juge que l’existence d’une chose après son inexistence, nécessite un Être Qui l’a fait exister. Et l’Être Qui donne l’existence, c’est Allah tabaraka wata^ala.
Ce monde change d’un état à un autre. Tantôt le vent souffle, tantôt il ne souffle pas. Tantôt il est chaud, tantôt il est froid. Une plante pousse, une autre se fane. Le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest. À la mi-journée, le soleil est blanc et à la fin de la journée, il est jaune. Ainsi tous ces changements indiquent que ces choses sont entrées en existence et qu’elles sont créées, qu’il y a un Être Qui les change, un Être Qui les fait évoluer. Or ces choses sont des parties de ce monde, ce monde est donc lui-même créé, entré en existence, il a besoin de Qui l’a créé et il s’agit de Allah ta^ala.
Si un athée, quelqu’un qui ne croit pas en l’existence de Dieu, disait : « Nous, nous ne voyons pas Dieu donc comment pourrions-nous croire en Son existence ? » On lui dit, –et soyez, chers frères de foi, bien attentifs à la réponse-, on lui dit : « Si tu ne Le vois pas, les manifestations de Son acte, elles, sont très nombreuses. L’existence de ce monde et des créatures qu’il contient est une preuve de l’existence de Allah. Un écrit a nécessairement quelqu’un qui l’a écrit, une construction a nécessairement quelqu’un qui l’a construite. De même, ce monde a nécessairement un Créateur, Qui l’a créé, Qui l’a fait exister. Quant au fait que tu ne Le voies pas, ce n’est pas une preuve de son inexistence ! Regarde le nombre de choses en l’existence desquelles tu crois, alors que tu ne les a jamais vues, parmi elles, ta propre raison, ton âme, ta douleur, ta joie. »
Il a été rapporté que certains dahriyyah qui sont athées ont été voir l’Imam ‘Abou Hanifah, que Allah l’agrée, dans le but de le tuer, et ce pour la simple raison qu’il dévoilait leurs hérésies et ne cessait de répliquer à leurs égarements. Il leur a dit : « Répondez à cette question, puis faites ce que vous voudrez ! ». Ils lui ont répondu : « D’accord ! »
Il leur a demandé : « Que diriez-vous si un homme vous disait : “J’ai vu un bateau tout chargé de marchandises, pris dans une tempête qui l’entourait de vagues et de vents de toutes parts, mais ce bateau continuait son chemin tout droit, sans qu’aucun capitaine et sans qu’aucun équipage ne le dirige.“ Est-ce que la raison accepte cela ? ». Ils lui ont répondu : « Non, c’est quelque chose que la raison n’accepte pas ! »
Alors ‘Abou Hanifah leur a dit : « Dieu est exempt de toute imperfection ! Si la raison n’accepte pas qu’un bateau navigue sans équipage ni capitaine pour le diriger, alors comment la raison accepterait que ce monde existe, compte tenu de ses divergences d’états, de ses bouleversements de situations et de la multitude de ses composants, sans créateur, sans un être qui le préserve ? » Ils se retrouvèrent tous à pleurer et à lui dire : « Tu as dit vrai ! » Ils ont rengainé leurs épées et se sont repentis en entrant en Islam.
Allah ta^ala dit dans Son Livre honoré :
﴿وَهُوَ ٱلَّذِي مَدَّ ٱلۡأَرۡضَ وَجَعَلَ فِيهَا رَوَٰسِيَ وَأَنۡهَٰرٗاۖ وَمِن كُلِّ ٱلثَّمَرَٰتِ جَعَلَ فِيهَا زَوۡجَيۡنِ ٱثۡنَيۡنِۖ يُغۡشِي ٱلَّيۡلَ ٱلنَّهَارَۚ إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَأٓيَٰتٖ لِّقَوۡمٖ يَتَفَكَّرُونَ ٣ وَفِي ٱلۡأَرۡضِ قِطَعٞ مُّتَجَٰوِرَٰتٞ وَجَنَّٰتٞ مِّنۡ أَعۡنَٰبٖ وَزَرۡعٞ وَنَخِيلٞ صِنۡوَانٞ وَغَيۡرُ صِنۡوَانٖ يُسۡقَىٰ بِمَآءٖ وَٰحِدٖ وَنُفَضِّلُ بَعۡضَهَا عَلَىٰ بَعۡضٖ فِي ٱلۡأُكُلِۚ إِنَّ فِي ذَٰلِكَ لَأٓيَٰتٖ لِّقَوۡمٖ يَعۡقِلُونَ ٤﴾
[sourat Ar-Ra^d / 3 et 4] ce qui signifie : « Et c’est Lui qui a fait étendre la terre et y a fait placer montagnes et fleuves. Et de chaque espèce de fruits Il y établit deux sortes. Il fait que la nuit couvre le jour. Voilà bien là des preuves pour des gens qui réfléchissent. Et sur la terre il y a des parcelles voisines les unes des autres, des jardins [plantés] de vignes, et des céréales et des palmiers, en touffes ou espacés, arrosés de la même eau, cependant Nous rendons supérieurs les uns aux autres quant au goût. Voilà bien là des preuves pour des gens qui raisonnent. »
Mon frère musulman, médite sur une parcelle de terre qui reçoit une eau d’une même source et qui bénéficie d’un même ensoleillement. Pourtant, les fruits qui y poussent varient par leur goût, leur couleur, leur nature, leur forme, leur parfum, leurs utilités et leur spécificité alors que l’on sait que la terre est la même et que l’eau est la même. Si l’arrivée des choses résultait de l’acte de la nature comme le disent les athées, alors tous ces fruits seraient identiques, car une même nature agirait d’une même manière.
Tout cela indique que l’arrivée des évènements est le résultat de l’acte de faire exister, propre à un Être Qui est tout puissant, Qui a la volonté et Qui a pour attribut la science. C’est ainsi qu’a argumenté l’Imam Ach-Chafi^iyy, que Allah l’agrée, d’après ce qui a été rapporté de lui, quand il a dit : « La feuille du mûrier a une odeur, un goût et une couleur unique. Si la gazelle en mange, elle produit du musc. Si le ver à soie en consomme, il produit de la soie. Si le chameau en consomme, il en sort des excréments. Et si la chèvre en consomme, elle produit du lait. »
Et lorsqu’un bédouin avait été interrogé à ce sujet, il avait répondu : « Le crottin de chameau est une preuve de l’existence du chameau, et les traces de pas sont une preuve qu’on a marché là. Ce monde n’est-il pas une preuve de l’existence de Al-Latif, Celui Qui prodigue des bienfaits à Ses créatures par une voie à laquelle elles ne s’attendaient pas, Al-Khabir, Celui Qui sait toutes choses en général et dans le moindre détail ? » Si ! Que les bienfaits de Dieu sont nombreux, Lui Qui est le Créateur éminent de toute chose !
Par ailleurs, chers frères de foi, la raison permet de comprendre, grâce à une saine réflexion sur les créatures de Allah ta^ala, que leur Créateur n’a aucune ressemblance d’aucune sorte avec elles. Du fait que, si le Créateur du monde avait une quelconque ressemblance avec ce monde, il Lui serait possible tout ce qui est possible pour ce monde, comme d’avoir un début, d’avoir besoin d’autrui, d’avoir une existence qui dépendrait d’autre chose ou comme le fait de changer. En effet, pour deux êtres semblables, tout ce qui est possible à l’un est possible à l’autre. Par conséquent, si Dieu était semblable au monde, Il aurait besoin de qui L’a fait exister et de qui Lui a donné l’existence. En effet, ce qui entre en existence a besoin de Qui l’a fait entrer en existence, de Qui l’a spécifié par des caractéristiques telles que son aspect et son image. Et ce qui change d’un état à un autre, a besoin de Qui le fait changer d’un état à un autre. Et ce qui est localisé dans un endroit et dans une direction, est nécessairement un corps. Or le corps a besoin de Qui lui a donné cette limite-là, cette quantité-là, cette longueur-là, cette largeur-là, cette épaisseur-là, Cela ne fait aucun doute pour celui qui utilise sa raison sainement et Allah tabaraka wata^ala est exempt de tout cela. Car s’Il avait besoin de quoi que ce soit, Il serait une créature et Son existence aurait donc un début, Il ne serait pas un dieu, exempt de début.
Que Allah m’accorde ainsi qu’à vous la réussite pour nous maintenir et persévérer sur la vérité.
Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours[1] :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadir-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.