Le Prophète nous a appris que parmi les musulmans, certains ont la qualification permettant de déduire des jugements (ijtihad) qui n’ont pas fait l’objet d’un texte explicite dans la Loi du Qour’an ou du hadith, on les appelle les savants moujtahid. Quant aux autres musulmans, appelés mouqallid, ils ne sont pas aptes à déduire des lois et représentent la majorité des musulmans. Le moujtahid doit quant à lui remplir de nombreuses conditions citées dans la Loi. Le Messager a dit que le remède de l’ignorance c’est de demander aux savants qualifiés, et non de chercher à inventer une réponse !
La différence entre le moujtahid et le mouqallid
Les musulmans se répartissent en deux catégories : moujtahid et mouqallid. At-Tirmidhiyy et Ibnou Hibban ont rapporté que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
نَضَّرَ اللهُ امْرَأً سَمِعَ مَقَالَتِي فَوَعَاهَا فَأَدَّاهَا كَمَا سَمِعَهَا، فَرُبَّ مُبَلِّغٍ لاَ فِقْهَ عِنْدَهُ
(naddara l-Lahou mra’an sami^a maqalati fawa^aha fa ‘addaha kama sami^aha faroubba mouballighin la fiqha ^indah)
« Que Dieu (Allah) fasse resplendir (embellisse) [au jour du jugement] le visage de celui qui a entendu ma parole, l’a bien comprise et transmise telle qu’il l’a entendue. Beaucoup sont ceux qui transmettent ma parole sans avoir la qualification pour en extraire des jugements de Loi. »
Ce qui est à retenir dans le hadith, c’est sa parole :
(faroubba mouballighin la fiqha ^indah)
« Nombreux sont ceux qui transmettent ma parole sans en avoir la qualification pour en extraire des jugements de Loi. »
Dans une autre version de ce hadith :
فَرُبَّ حَامِلِ فِقْهٍ إِلَى مَنْ هُوَ أَفْقَهَ مِنْهُ
(faroubba hamili fiqhin ‘ila man houwa ‘afqaha minh) Rapportée par At-Tirmidhiyy et Ibnou Hibban.
« Il se peut que celui qui reçoit une science en ait plus de compréhension que celui qui lui a transmise. »
Le rôle de certains hommes est de transmettre fidèlement les textes et les jugements jusqu’à ce qu’ils parviennent à ceux qui ont la capacité d’en tirer de nouveaux jugements par analogie ou autre. Seuls les moujtahid sont en effet capables d’assumer cette responsabilité. D’ailleurs les compagnons étaient 100 000 environ et parmi eux il n’y avait que 200 savants moujtahid environ.
Les faux moujtahid sont dangereux et ont été blâmés par le Messager
Abou Dawoud et d’autres que lui ont rapporté l’histoire d’un homme qui avait une blessure à la tête et qui s’est retrouvé jounoub par une nuit froide alors qu’il devait faire la prière (il avait donc besoin de faire la grande ablution). Il a alors demandé l’avis de ceux qui étaient avec lui sur ce qu’il devait faire dans cette situation. Ils lui ont dit de faire le ghousl. Il a donc fait le ghousl mais en est mort. Informé de la nouvelle, le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
قَتَلُوهُ قَتَلَهُمُ اللهُ أَلاَ سَأَلُوا إِذْ لَمْ يَعْلَمُوا، فَإِنَّمَا شِفَاءُ العِيِّ السُّؤَالُ
(qatalouhou qatalahoumou l-Lah ‘ala sa’alou ‘idh lam ya^lamou fa’innama chifa’ou l-^iyyi s-sou’al)
« Ils l’ont tué ! Que Allah les châtie comme ils le méritent ! Pourquoi n’ont-ils pas demandé puisqu’ils ne savaient pas ? Certes le remède de l’ignorance est de demander »
c’est-à-dire aux gens de science.
Il a dit ensuite :
إِنَّمَا كَانَ يَكْفِيهِ أَنْ يَتَيَمَّمَ وَيَعْصِبَ عَلَى جُرْحِهِ خِرْقَةً ثُمَّ يَمْسَحُ عَلَيْهَا وَيَغْسِلُ سَائِرَ جَسَدِهِ
(‘innama kana yakfihi ‘an yatayammama waya^siba ^ala jourhihi khirqatan thoumma yamsahou ^alayha wayaghsilou sa’ira jasadihi)
« Certes, il lui suffisait de faire le tayammoum, de panser sa plaie avec un tissu, puis de passer la main mouillée dessus et de laver le reste de son corps. »
Ainsi, si la déduction des lois était valable de la part de n’importe quel musulman, le Messager de Allah ne les aurait pas blâmés, eux qui ont donné un avis de jurisprudence alors qu’ils ne faisaient pas partie des gens qualifiés à le faire.
Pour ne pas risquer de suivre l’avis d’un savant non moujtahid qui risque de nous égarer, on se réfère donc aux avis émis par les 4 grands fondateurs de madh-hab.
A retenir :
Les musulmans se répartissent en deux catégories : moujtahid et mouqallid.
Le moujtahid doit remplir un certain nombre de conditions citées dans la Loi.
Le mouqallid, contrairement au moujtahid, n’a pas la qualification permettant de déduire des jugements (ijtihad), il suit les moujtahid.
Le Prophète a blâmé les faux moujtahid, qui sont pourtant légion à notre époque.