Khoutbah

Khoutbah n°1067 : Le miracle du Voyage nocturne

Le Voyage nocturne du Prophète Mouhammad a été confirmé par le texte du Qour’an et par de nombreux hadith confirmés ainsi que par l’Unanimité des musulmans. Il est donc un devoir d’y croire. Le Voyage nocturne du Prophète a eu lieu à l’état d’éveil par son âme et son corps.

Khoutbah n°1067

Discours du vendredi 6 mars 2020 correspondant au 11 Rajab 1441 de l’Hégire.

Le miracle du Voyage nocturne

Al-hamdou lil-Lahi [1] wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

La louange est à Allah, et encore, la louange est à Alla; la louange est à Allah et salut et paix à Ses esclaves qu’Il a élus au rang de la prophétie ; la louange est à AllaCelui Qui est unique, Qui ne se divise pas, Qui n’est pas multiple, Dont toutes les créatures ont besoin alors que Lui n’a besoin de rien, Celui Qui n’engendre pas et Qui n’est pas engendré et Qui n’a pas d’équivalent. Nous Le louons, gloire à Lui Qui est exempt d’imperfection, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée et nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer ; et celui que Allah égare, tu ne trouveras personne pour le guider. Que l’honneur et l’élévation en degrés les plus complets et les plus parfaits soient accordés à notre maître Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam le maître des fils de ^Adnan, celui que Allah a appuyé par les preuves et dont Il a manifesté la prééminence sur le reste des prophètes la nuit du Voyage nocturne.

Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé. Il a envoyé Son messager avec l’enseignement de droiture et la religion de la vérité afin qu’il la manifeste dans sa totalité, n’en déplaise aux non musulmans. Et je témoigne que notre maître Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam est Son esclave et Son messager, Son élu et Son bien-aimé, que Allah l’honore et l’apaise quant au sort de sa communauté, ainsi que tous ses frères prophètes et messagers.

Chers musulmans, je me recommande à moi-même et je vous recommande de faire preuve de piété à l’égard de Allah ta^ala, Al-^Aliyy Al-^Adhim. Craignez Allah d’une véritable crainte, et surtout ne mourez qu’en étant musulman, et sachez que Allah aide ceux qui font preuve de piété. Chers frères de foi, n’est-ce pas que nous nous approchons d’une occasion éminente, puisqu’il s’agit de la commémoration du Voyage nocturne et de l’Ascension (Al-‘Isra’ wal-Mi^raj). Nous allons parler aujourd’hui, si Allah le veut, du miracle du Voyage nocturne.

Allah ta^ala dit dans Son Livre Honoré :

﴿سُبۡحَٰنَ ٱلَّذِيٓ أَسۡرَىٰ بِعَبۡدِهِۦ لَيۡلٗا مِّنَ ٱلۡمَسۡجِدِ ٱلۡحَرَامِ إِلَى ٱلۡمَسۡجِدِ ٱلۡأَقۡصَا ٱلَّذِي بَٰرَكۡنَا حَوۡلَهُۥ لِنُرِيَهُۥ مِنۡ ءَايَٰتِنَآۚ إِنَّهُۥ هُوَ ٱلسَّمِيعُ ٱلۡبَصِيرُ ١ ﴾

[sourat Al-‘Isra / 1] (soubhana l-ladhi ‘asra bi^abdihi laylan mina l-masjidi l-harami ‘ila l-masjidi l-‘aqsa l-ladhi barakna hawlahou linouriyahou min ‘ayatina ‘innahou houwa s-Sami^ou l-Basir) ce qui signifie : « Il est exempt d’imperfection Celui Qui a fait voyager Son esclave en une partie de la nuit, depuis la Mosquée Al-Haram jusqu’à la Mosquée Al-‘Aqsa dont Nous avons béni les alentours, afin de lui faire voir certains de Nos signes éclatants. Certes, Allah est Celui Qui entend tout, Celui Qui voit tout. »

Chers frères de foi, le Voyage nocturne (Al-‘Isra) a été confirmé par le texte du Qour’an et par de nombreux hadith confirmés (sahih) ainsi que par l’Unanimité des musulmans. Il est donc un devoir d’y croire. Le Voyage nocturne du Prophète a eu lieu à l’état d’éveil par son âme et son corps, et cela n’est pas difficile pour Allah, certes Allah tabaraka wata^ala est sur toute chose tout puissant. Les savants de l’Islam ont dit que si quelqu’un renie le miracle du Voyage nocturne (Al-‘Isra), il aura démenti le Qour’an, et celui qui dément le Qour’an ne fait pas partie des musulmans.

Le début de ce miracle a eu lieu dans la maison de ‘Oummou Hani’, la fille de Abou Talib, tout comme Mouslim l’a rapporté de ‘Anas Ibnou Malik, que Allah l’agrée. Il a dit : Abou Dharr a rapporté que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

 ((فُرِجَ سَقْفُ بَيْتِي وأَنا بِمَكَّةَ فَنَزَلَ جِبْرِيلُ فَفَرَجَ صَدْرِي ثُمَّ غَسَلَهُ مِنْ ماءِ زَمْزَمَ ثُمَّ جاءَ بِطَسْتٍ مِنْ ذَهَبٍ مُمْتَلِئٍ حِكْمَةً وإِيمانًا فَأَفْرَغَها في صَدْرِي ثُمَّ أَطْبَقَهُ))

(fourija saqfou bayti wa’ana biMakkata fanazala Jibrilou fafaraja sadri thoumma ghasalahou min ma’i Zamzama thoumma ja’a bitastin min dhahabin moumtali’in hikmatan wa’imanan fa’afraghaha fi sadri thoumma ‘atbaqah) ce qui signifie : « Le toit de la maison où je me trouvais a été ouvert alors que je me trouvais à La Mecque ; Jibril est descendu, il a ouvert ma poitrine, il me l’a lavée avec de l’eau de zamzam puis il a pris un récipient en or rempli de sagesse et de foi qu’il a déversé dans ma poitrine, puis il l’a refermé. »

Le Voyage nocturne du Messager salla l-Lahou ^alayhi wasallam a commencé lorsque Jibril a amené une monture au Messager de Allah, il a été dit qu’il s’agissait du Bouraq. Chaque pas de cet animal l’amène à l’endroit où porte sa vue. Le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam avait essayé de le monter, mais le Bouraq s’était mis à tressaillir. Jibril a alors dit : « Feras-tu cela à Mouhammad ? Personne ne te montera qui soit plus honorable selon le jugement de Allah que Mouhammad. » C’est alors que le Bouraq transpira abondamment [rapporté par At-Tirmidhiyy dans ses Sounan]. Al-Bayhaqiyy a rapporté de Chaddad Ibnou Aws qu’il a dit :« Nous avons demandé au Messager de Allah comment avait eu lieu son Voyage nocturne », il avait dit :

((صَلَّيْتُ لِأَصْحابِي صَلاةَ العَتَمَةِ بِمَكَّةَ مُعْتِمًا وأَتانِي جِبْرِيلُ عَلَيْهِ السَّلامُ بِدابَّةٍ بَيْضاءَ فَوْقَ الحِمارِ ودُونَ البَغْلِ فَقالَ ارْكَبْ فَاسْتَصْعَبَتْ عَلَيَّ، فَدارَها بِأُذُنِها ثُمَّ حَمَلَنِي عَلَيْها فَانْطَلَقَتْ تَهْوِي بِنا يَقَعُ حافِرُها حَيْثُ أَدْرَكَ طَرْفُها حَتَّى بَلَغْنا أَرْضًا ذاتَ نَخْلٍ فَأَنْزَلَنِي فَقالَ صَلِّ فَصَلَّيْتُ ثُمَّ رَكِبْنا فَقالَ أَتَدْرِي أَيْنَ صَلَّيْتَ؟ قُلْتُ اللهُ أَعْلَمُ قالَ صَلَّيْتَ بِيَثْرِبَ صَلَّيْتَ بِطَيْبَةَ))

(salaytou li’ashabi salata l-^atamah biMakkata mou^timan wa’atani Jibrilou ^alayhi s-salam bidabbatin bayda’ fawqa l-himari douna l-baghli faqala irkab fastas^abat ^alayya, fadaraha bi’oudhouniha thoumma hamalani ^alayha fantalaqat tahwi bina yaqa^ou hafirouha haythou adraka tarafouha hatta balaghna dhata nakhlin fa’anzalani faqala salli fasallaytou thoumma rakibna faqala ‘atadri ‘ayna sallayt ? qoultou Allahou ‘a^lam. Qala sallayta biYathrib sallayta biTaybah) ce qui signifie : « J’ai fait la prière de nuit avec mes compagnons à La Mecque, puis Jibril m’a ramené une monture de couleur blanche, de taille intermédiaire entre l’âne et le mulet, qu’il m’a demandé d’enfourcher ; l’animal s’est mis à tressaillir, Jibril a parlé à son oreille puis m’a porté dessus, puis l’animal s’est élancé et chaque pas qu’il faisait allait à l’extrémité de ce que sa vue pouvait atteindre. Nous sommes arrivés jusqu’à une terre plantée de palmiers, il m’a fait descendre et m’a dit de faire deux rak^ah. J’ai fait la prière puis nous sommes remontés, il a dit : “Sais-tu où tu as fait la prière ?” J’ai dit : “Allah sait plus que tout autre”, il a dit : “Tu as fait la prière à Yathrib, tu as fait la prière à Taybah. » jusqu’à la fin du hadith.

Ainsi, le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam est parti d’un endroit à l’autre sur le Bouraq en compagnie de Jibril ^alayhi s-salam, il a pu faire la prière au mont Sinaï (Tourou Sayna), là où Allah ^azza wajall avait fait entendre Sa parole à Mouça, puis à Bethléem (Baytou Lahm), là où ^Iça Al-Maçih, le fils de Maryam était né.

Le Prophète bien-aimé, l’Élu, a dit :

((ثُمَّ انْطَلَقَ بِي (أَيْ جِبْرِيلُ) حَتَّى دَخَلْنا الْمَدِينَةَ (أَيْ بَيْتَ الْمَقْدِسِ) مِنْ بابِها اليَمانِيِّ فَأَتَى قِبْلَةَ الْمَسْجِدِ فَرَبَطَ بِهِ دابَّتَهُ ودَخَلْنا الْمَسْجِدَ مِنْ بابٍ فِيهِ تَمِيلُ الشَّمْسُ والقَمَرُ فَصَلَّيْتُ مِنَ الْمَسْجِدِ حَيْثُ شاءَ اللهُ)) 

(thoumma ntalaqa bi (‘ay Jibrilou) hatta dakhalna l-madinata (‘ay bayta l-Maqdis) min babiha l-yamaniyy fa’ata qiblata l-masjida farabita bihi dabbatahou wadakhalna l-masjida min babin fihi tamilou ch-chamsou wal-qamarou fasallaytou mina l-masjidi haythou cha’a l-Lah) ce qui signifie :« Puis nous avons repris le voyage avec Jibril jusqu’à entrer dans la ville sainte (Baytou l-Maqdis) par la porte qui est orientée vers le Yémen (c’est-à-dire vers le sud), il s’est dirigé vers la qiblah de la mosquée, y a attaché sa monture et nous sommes entrés dans la mosquée par une porte d’où l’on pouvait voir le soleil et la lune se coucher puis j’ai fait la prière dans cette mosquée, dans les endroits où Allah a voulu que je la fasse. »

Chers frères en Islam, il s’agit d’une occasion éminente qui revient à nos cœurs et qui nous remémore des évènements de la vie de la meilleure des créatures de Allah, celui qui a indiqué les vérités et qui les a dévoilées, celui qui a eu les miracles étonnants et manifestes, le maître des Prophètes, Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam. En cette nuit éminente, Allah a montré le mérite de notre maître Mouhammad sur tous les autres prophètes et envoyés, puisque Allah a réuni pour lui tous les prophètes à Jérusalem (Baytou l-Maqdis), Adam et ceux qui l’ont suivi. Il les a dirigés en tant qu’imam dans la prière. Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

 ((ثُمَّ دَخَلْتُ بَيْتَ الْمَقَدْسِ فَجُمِعَ لِيَ الأَنْبِيَاءُ عَلَيْهِمُ السَّلامُ فَقَدَّمَنِي جِبْرِيلُ حَتَّى أَمَمْتُهُمْ ثُمَّ صَعِدَ بِي إِلى السَّماءِ)) 

(thoumma dakhaltou bayta l-maqdisi fajoumi^a li l-‘anbiya’ou ^alayhimou s-salamou faqaddamani Jibrilou hatta ‘amamtouhoum thoumma sa^ida bi ‘ila s-sama) ce qui signifie : « Puis je suis entré dans Baytou l-Maqdis, les Prophètes ^alayhimou s-salam y ont été rassemblés pour moi, Jibril m’a fait avancer afin que je les dirige dans la prière puis j’ai été élevé aux cieux » [rapporté par An-Naça’iyy]. Que Allah t’honore et t’élève davantage en degré, ô toi mon maître, ô Messager de Dieu.

Notre Prophète Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam, pendant son Voyage nocturne, a vu beaucoup, beaucoup, de choses surprenantes qui comportent des moralités et des leçons pour nous. Il a ainsi pu voir la tombe de la femme qui coiffait les cheveux de la fille de Pharaon. Quand il est passé à côté, il a senti une très belle odeur qui en émanait. Il s’agissait d’une femme musulmane à qui Allah a accordé le martyr ainsi qu’à ses enfants. En effet, un jour qu’elle coiffait les cheveux de la fille de Pharaon, le peigne lui avait glissé des mains, et elle s’était baissée pour le prendre en disant (bismi l-Lah). C’est alors que la fille de Pharaon lui avait dit : « Aurais-tu donc un autre dieu que mon père ? » Elle lui avait répondu : « Bien sûr. Mon Seigneur et le Seigneur de ton père, c’est Allah. » Comme la fille avait rapporté la discussion à son père, Pharaon demanda à cette femme d’abandonner l’Islam, ce qu’elle refusa. Alors il fit bouillir de l’eau avec de l’huile dans un chaudron et se mit à y jeter ses enfants l’un après l’autre. La chair fondait en se détachant des os mais elle n’abandonnait toujours pas sa foi. Jusqu’à ce que vint le tour de son fils qui était encore nourrisson et voici qu’il lui adressa la parole, car Allah lui accorda de le faire, et lui dit : « Ô ma mère, patiente ! Certes le châtiment de l’au-delà est bien plus terrible que le châtiment du bas monde. Alors n’hésite pas, tu es sur la vérité. »

Allah, Allah. Chers frères de foi, où en sommes-nous aujourd’hui au regard d’une telle patience ? Où en sommes-nous aujourd’hui face à une telle certitude en la vérité ? Où en sommes-nous aujourd’hui à côté de l’attachement complet à la voie du guide de cette communauté, Mouhammad ? Où en sommes-nous aujourd’hui par rapport à tous ceux-là ? Alors que notre société, de nos jours, oublie jour après jour ces significations-là et néglige le grand besoin de s’attacher à la croyance du Prophète Mouhammad… Où en sommes-nous aujourd’hui par rapport à la patience d’accomplir les devoirs, tous les devoirs et d’éviter le péché sous toutes ses formes. Pose-toi la question, mon frère musulman, Si tu as accompli ce que Allah t’a ordonné de faire, est-ce que tu as évité tout ce qu’Il t’a interdit ? As-tu fait la prière dans son temps ? As-tu donné la zakat comme il se doit ? Certes, le Messager de Allah, durant son Voyage nocturne a vu des gens qui paissaient comme des animaux et qui portaient de petits caches sur leur zone de pudeur, Jibril lui a dit : « Il s’agit de ceux qui ne s’acquittaient pas de la zakat. » Il a vu des gens dont la tête était fracassée puis qui redevenait telle quelle, Jibril lui a dit : « Ce sont les gens qui avaient la tête lourde au point de ne pas accomplir la prière. » Il a vu des gens qui se disputaient de la viande pourrie en laissant la viande saine et bien coupée, Jibril a dit : « Ce sont des gens de ta communauté qui laissent le licite sans le goûter et qui vont vers l’interdit pour le goûter, ce sont les fornicateurs. » Puis il a vu des gens qui buvaient du pus répugnant (sadid) sortant des fornicateurs, Jibril a dit : « Ce sont les buveurs de khamr qui est interdit dans le bas monde. »

Tout cela n’est qu’une part de ce que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a vu pendant le Voyage nocturne, et cela comporte pour nous beaucoup de leçons de morale.

Nous demandons à Allah de nous mettre au nombre de ceux qui tirent les moralités des signes et des versets du Qour’an ainsi que de la conduite du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam, et qu’Il nous accorde la réussite, ainsi qu’à vous, de nous attacher à Son obéissance et d’éviter Sa désobéissance. Certes il n’est de force pour faire le bien et il n’est de protection pour s’éloigner des péchés que par Allah. Nous demandons à Allah qu’Il nous préserve, nous Lui demandons qu’Il nous pardonne et nous nous repentons à Lui.

Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

Second Discours[1] :

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah. Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.

[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.