Khoutbah n°1059
Discours du vendredi 10 janvier 2020 correspondant au 14 Joumada l-‘Oula 1441 de l’Hégire.
Gare aux conséquences de la colère
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous recherchons Son aide, nous recherchons sa bonne guidée, nous demandons Son pardon, nous demandons qu’Il nous guide, nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvais actes. Celui que Allah guide, c’est lui qui est bien-guidé, et celui qu’Il égare, tu ne trouveras personne pour le guider.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, Il est unique, Il n’a pas d’associé, Il n’a pas de semblable, Il n’a pas d’équivalent, quoi que tu imagines en ton esprit, Dieu en est différent. Celui qui qualifie Allah par un des attributs des humains est devenu mécréant.
Je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre guide, la cause de notre joie, Mouhammad, qu’il est l’esclave de Allah et Son Messager, celui qu’Il a élu, celui qu’Il agrée le plus. Allah l’a envoyé avec la bonne guidée et la religion de vérité, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment, appelant à la religion agréée par Allah par Sa volonté. Il est tel un flambeau radieux, Allah a guidé grâce à lui la communauté, Il a dissipé grâce à lui les tourments, il a fait sortir les gens des ténèbres vers la lumière, que Allah le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué un prophète pour sa communauté.
Ô Allah, honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs, et ceux qui les ont suivis avec bienfaisance jusqu’au Jour dernier.
Esclaves de Allah, je vous recommande, ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Adhim, Lui Qui dit dans Son Livre honoré :
﴿ وَٱلَّذِينَ يَجۡتَنِبُونَ كَبَـٰٓئِرَ ٱلۡإِثۡمِ وَٱلۡفَوَٰحِشَ وَإِذَا مَا غَضِبُواْ هُمۡ يَغۡفِرُونَ﴾
[sourat Ach-Choura / 37] (wal-ladhina yajtanibouna kaba’ira l-‘ithmi wal-fawahicha wa’idha ma ghadibou houm yaghfiroun) ce qui signifie : « Et ceux qui évitent les grands péchés et les choses indécentes et qui, si jamais ils se mettent en colère, accordent leur pardon. »
D’après Abou Hourayrah, un homme avait dit au Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam : « Donne-moi un conseil », il lui avait répondu :
(( لَا تَغْضَبْ فَرَدَّدَ مِرَارًا قالَ لا تَغْضَبْ ))
(la taghdab) ce qui signifie : « Ne te mets pas en colère. » Et il l’a répété plusieurs fois en disant (la taghdab) ce qui signifie : « Ne te mets pas en colère. » Ceci est rapporté par Al-Boukhariyy.
Il n’y a pas de doute que la colère fait partie des causes majeures qui entraînent de bien mauvaises conséquences et de grandes catastrophes, qui peuvent arriver parfois jusqu’au fait de tuer et de détruire. La colère est telle une braise qui brûle dans le cœur et consume son porteur. Il se peut que ses flammes s’étendent à autrui, ce qui provoque des disputes et engendre la haine dans les âmes, parfois même entre frères et cousins. Il se peut même que les flammes de la colère ne s’éteignent pas pendant des années et qu’à cause d’elle soient consumés des enfants et des petits-enfants.
Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a recommandé à cet homme, dans ce hadith, de délaisser la colère. Cela montre que la colère qui fait sortir son porteur des limites de la sagesse est quelque chose de blâmable. Il est possible que le Prophète ^alayhi s-salam ait su que cet homme se mettait souvent en colère et qu’il lui ait ordonné ce qui correspondait à son cas à lui. Il s’est limité à une réponse concise, éloquente, qui comporte l’ordre d’éviter la colère pour mettre en garde contre les nuisances et les péchés qui peuvent en découler.
Dans le hadith cité, il y a un sens proche de celui de la parole de Allah dans sourat Ach-Choura :
﴿ وَإِذَا مَا غَضِبُواْ هُمۡ يَغۡفِرُونَ ﴾
(wa’idha ma ghadibou houm yaghfiroun) ce qui signifie : « et qui, si jamais ils se mettent en colère, pardonnent. »
C’est-à-dire que leur colère ne leur fait pas perdre leur bon sens et ne les fait pas sortir des limites de la sagesse, ils se contrôlent et ne mettent pas à exécution leur colère, leur colère ne les entraîne pas vers des conséquences indésirables.
Il y a aussi un sens proche de celui de la parole de Allah dans sourat ‘Ali ^Imran :
﴿ وَٱلۡكَٰظِمِينَ ٱلۡغَيۡظَ وَٱلۡعَافِينَ عَنِ ٱلنَّاسِۗ وَٱللَّهُ يُحِبُّ ٱلۡمُحۡسِنِينَ ﴾
(wal-kadhimina l-ghaydha wal-^afina ^ani n-naçi wal-Lahou youhibbou l-mouhçinin) ce qui signifie : « Ceux qui étouffent leur fureur, ceux qui pardonnent aux gens, Allah agrée les bienfaisants. »
Étouffer la fureur, c’est que la personne en proie à la fureur la garde en son for intérieur et ne la manifeste ni en parole ni en acte, c’est patienter face à cette fureur. Et la fureur, c’est le fait que le cœur soit en ébullition à cause de la colère. Peu de gens sont capables, lorsqu’ils sont en colère, d’étouffer leur colère et de ne manifester aucunes traces de leur colère. Quand tu vois la plupart des gens, lorsqu’ils sont en colère, leur sang se met à bouillir dans leur cœur, ils cherchent à la manifester, parce que leur colère provient d’habitude d’une incitation du chaytan qui les fait sortir de leur modération. Tu les vois menacer et promettre des nuisances pour des choses futiles, pour des choses du bas-monde. À cause de cela, il y a des gens qui ne se parlent plus, des gens qui se tendent des pièges les uns aux autres, pour le bas-monde. Al-Bayhaqiyy a rapporté de Bichr Ibnou l-Harith que le Prophète de Allah ^Iça ^alayhi s-salam a dit :
(( حُبُّ الدُّنْيا رَأْسُ كُل خَطِيئَةٍ ))
(houbbou d-dounya ra’sou koulli khati’ah) ce qui signifie : « L’amour du bas monde est la source de tout péché. »
Chers frères de foi, combien avons-nous besoin de prendre pour exemple le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam pour que notre religion nous soit préservée, pour que notre bas monde nous soit préservé, plus encore, pour que notre santé nous soit préservée. En effet, combien et combien la colère entraîne de maladies et finit par dévaster les personnes qui se mettent en colère. Allah a accordé aux croyants en la personne du Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam un excellent modèle. Allah ta^ala dit dans sourat Al-‘Ahzab :
﴿ لَّقَدۡ كَانَ لَكُمۡ فِي رَسُولِ ٱللَّهِ أُسۡوَةٌ حَسَنَةٞ لِّمَن كَانَ يَرۡجُواْ ٱللَّهَ وَٱلۡيَوۡمَ ٱلۡأٓخِرَ ﴾
(laqad kana lakoum fi raçouli l-Lahi ‘ouswatoun haçanatoun liman kana yarjou l-Laha wal-yawma l-‘akhir) ce qui signifie : « Vous avez en la personne du Messager de Allah un excellent modèle pour ceux qui espèrent le jugement de Dieu et le Jour Dernier. »
At-Tirmidhiyy a rapporté de Hind Ibnou Abi Halah, qu’il a dit en décrivant le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam : « Le bas monde ne le mettait pas en colère, ni ce qui était voué au bas monde. Mais lorsque le droit n’était pas respecté, alors rien ne pouvait l’arrêter jusqu’à ce qu’il ait fait valoir le droit. »
Si tel est le cas de la meilleure des créatures, le Prophète de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam, que chacun d’entre nous étudie son propre cas. Où en est-on par rapport à ces nobles caractères ? Chacun de nous devrait, lorsqu’il se met en colère, ne le faire que pour l’agrément de Dieu, et lorsqu’il se satisfait, ne le faire que pour l’agrément de Dieu. Lorsqu’il aime, il devrait n’aimer que pour l’agrément de Dieu, et lorsqu’il prend quelqu’un pour ennemi, ne le faire que pour l’agrément de Dieu, en espérant les récompenses de la part de Dieu, et en prenant pour exemple le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam.
Il a été rapporté que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam était sorti pour la bataille de ‘Anmar. Lorsque les arabes de la campagne avaient entendu qu’il venait, ils s’étaient réfugiés aux sommets des montagnes. Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam campa avec ceux de ses compagnons qui étaient avec lui, puis il est parti pour satisfaire un besoin. La pluie était tombée et avait mouillé ses vêtements. Il les a donc mis à sécher en les étendant sur un arbre. C’est alors que des gens de de la tribu de Ghatafan, ont dit à Dou^thour fils de Al-Harith, qui était chef de son peuple et courageux : « Mouhammad s’est mis à l’écart de ses compagnons et tu ne le trouveras pas plus seul que maintenant. » Il s’est donc muni d’une épée tranchante et descendit de la montagne, le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam étant allongé et attendant que ses vêtements sèchent. Dou^thour fils de Al-Harith apparut brusquement devant le Prophète brandissant l’épée au-dessus de sa tête et disant : « Qui te protègera de moi, ô Mouhammad ? » Alors le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam avait répondu :
(( اللهُ عَزَّ وَجَلَّ ))
(Allah ^azza wajall). Jibril ^alayhi s-salam repoussa Dou^thour en frappant sa poitrine et l’épée tomba de sa main. Le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam s’empara de l’épée et se tint avec au-dessus de sa tête en lui disant :
(( مَنْ يَمْنَعُكَ مِني؟ ))
(man yamna^ouka minni) ce qui signifie : « Qui te protègera de moi ? »
Alors Dou^thour lui dit : « Personne. » Alors le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam lui dit :
(( قُمْ فَاذْهَبْ لِشَأْنِكَ ))
(qoum wadh-hab licha’nik) ce qui signifie : « Lève-toi et vaque à tes affaires. »
En s’en allant, il avait dit au Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam : « Tu es meilleur que moi » jusqu’à la fin du hadith. Par la suite, Dou^thour est entré en Islam.
Prenons donc exemple sur le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam en suivant ses préceptes honorables, pour être au nombre des gagnants dans les deux résidences.
Il a été confirmé que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( مَنْ كَظَمَ غَيْظًا وَهُوَ قَادِرٌ أَنْ يُنْفِذَهُ دَعَاهُ اللهُ عَزَّ وَجَلَّ عَلَى رُؤُوسِ الخَلَائِقِ يَوْمَ القِيَامَةِ حَتَّى يُخَيِّرَهُ اللهُ مِنَ الحُورِ العِينِ ما شاءَ ))
[rapporté par Abou Dawoud] ce qui signifie : « Celui qui étouffe une colère alors qu’il était capable de la mettre en œuvre, Allah ta^ala lui donnera, au Jour du jugement, la priorité pour choisir parmi les femmes du Paradis celles qu’il voudra. »
Sachant cela, cela indique la corruption et l’invalidité de la parole de ceux qui disent : « Celui qu’on pousse à se mettre en colère et qui ne se met pas en colère est un âne. » Ceci fait partie des paroles qui contredisent ce qu’entraînent le bon état et les nobles caractères, qui impliquent que l’homme se pare d’indulgence. Celui qui blâme le pardon et la patience contredit les enseignements de la foi.
Celui qui contredit son âme, qui la contraint à s’attacher à l’enseignement prophétique magnifique, et qui a le dessus sur ses passions, c’est lui qui est véritablement fort.
Ahmad a rapporté de Abou Hourayrah que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( لَيْسَ الشَّدِيدُ بِالصُّرَعَةِ وَلَكِنَّ الشَّدِيدَ الَّذِي يَمْلِكُ نَفْسَهُ عِنْدَ الغَضَبِ ))
(layça ch-chadidou bis–soura^ah walakinna ch-chadida l-ladhi yamlikou nafsahou ^inda l-ghadab) ce qui signifie : « Celui qui est véritablement fort n’est pas celui qui gagne au corps-à-corps, mais le fort en vérité, c’est celui qui maîtrise son âme lors de la colère. »
Cela veut dire que celui qui est fort véritablement n’est pas celui qui arrive à avoir le dessus au corps-à-corps par sa force physique, mais c’est celui qui arrive à se contenir lors de sa colère.
Al-Bayhaqiyy a rapporté de Abou l-Boujayr que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( أَلَا رُبَّ مُكْرِمٍ لِنَفْسِهِ وَهُوَ لَهَا مُهِينٌ ))
(‘ala roubba moukrimin linafsihi wahouwa laha mouhin) ce qui signifie : « Combien sont ceux qui croient honorer leur âme alors qu’en réalité ils sont en train de l’humilier. »
C’est-à-dire qu’ils font un acte par lequel ils pensent honorer leur âme, par exemple en se mettant en colère pour se venger, pour avoir le dernier mot, et ils considèrent que c’est un acte de bravoure, un acte héroïque, alors qu’en fait, ils ont dépassé les limites de la religion, et se sont humiliés eux-mêmes en désobéissant à Dieu, en s’exposant à la punition de Allah, sans s’en apercevoir.
Dans le même sens, Al-Qadi Ibnou l-Wardiyy a dit :
Ne sera jamais héros le brigand de grand chemin,
le héros n’est que celui qui obéit à Dieu et Le craint
La louange est à Allah en commençant et en concluant.
Second Discours :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.[1]
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.