Khoutbah n°1060
Discours du vendredi 17 janvier 2020 correspondant au 22 Joumada l-‘Oula 1441 de l’Hégire.
Méfiez-vous des faux soufis
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous recherchons Son aide, nous recherchons sa bonne guidée, nous demandons Son pardon, nous demandons qu’Il nous guide, nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, c’est lui le bien-guidé et celui qu’Il égare, tu ne trouveras personne pour le guider.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, Lui Seul Il n’a pas d’associé, Il n’a pas de semblable, Il n’a pas d’équivalent, quoi que tu imagines dans ton esprit, Dieu en est différent. Celui qui qualifie Allah par un des sens des humains, il est devenu mécréant.
Je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre guide, la cause de notre joie, Mouhammad, est l’esclave de Allah et Son Messager, celui qu’Il a élu, celui qu’Il agrée le plus. Allah l’a envoyé avec la bonne guidée et la religion de vérité, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment, appelant à la religion agréée par Allah par Sa volonté. Tel un flambeau radieux, Allah a guidé grâce à lui la communauté, grâce à lui Il a tiré les choses au clair, Il a fait sortir les gens des ténèbres vers la lumière, que Allah le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué un prophète pour sa communauté.
Ô Allah, honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs, et ceux qui les ont suivis avec bienfaisance jusqu’au Jour dernier. Esclaves de Allah, je vous recommande, ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Adhim, craignez Allah votre Seigneur, Celui qui dit dans Son Livre honoré :
﴿ يَـٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱتَّقُواْ ٱللَّهَ وَقُولُواْ قَوۡلٗا سَدِيدٗا ﴾
[sourat Al-‘Ahzab/70] (ya’ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Laha waqoulou qawlan sadida) ce qui signifie : « Ô vous qui êtes croyants, faites preuve de piété à l’égard de Allah et dites des paroles correctes. »
Allah ^azza wajall a ordonné à Ses esclaves croyants de dire des paroles correctes, c’est-à-dire des paroles qui sont conformes à la vérité, des paroles que la Loi juge bonnes et accepte. Les paroles correctes, ici, ce ne sont pas les paroles que les gens qui n’ont pas de compréhension dans la religion considèrent comme étant bonnes. Car, il se peut que des gens semblables à eux rapportent des paroles corrompues en considérant qu’elles sont bonnes et en considérant ce qui est faux comme étant correct. Tout comme il se peut qu’ils considèrent une parole correcte, conforme à la Loi de Allah, comme étant corrompue, et ce, parce qu’ils n’ont pas utilisé la balance de la Loi. Ils font par exemple l’analogie entre deux choses sur de simples opinions personnelles, loin de tout critère conforme à la Loi rapportée. Le chaytan leur embellit des œuvres et des paroles qu’ils ont pensé correctes et ils considèrent qu’il n’y a pas d’autre parole que ces paroles-là. Ils vont jusqu’à blâmer ceux qui réfutent ces paroles, ne sachant pas que la vérité est contraire à ce qu’ils sont en train de suivre. Ce sont là des choses que les gens sensés ne commettent pas et que quelqu’un d’intelligent n’accepte pas pour lui-même.
Par conséquent, ce qui compte, c’est la parole des gens qui ont compris la religion, qui ont connu le Livre de Allah, la Sounnah de Son Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam, la parole des savants dignes de considération et qui ont œuvré conformément à l’enseignement révélé. Ce sont de tels gens que l’on prend pour modèles. Car la règle religieuse sur laquelle deux croyants ne divergent pas : ce que la religion a embelli, c’est ce qui est bon, et ce que la religion a enlaidi, c’est ce qui est laid.
Parmi les épreuves qui nous touchent dans cette époque et qui ont touché d’autres que nous par le passé, il y a des gens qui se réclament du tasawwouf alors que le tasawwouf est innocent d’eux. Ils ont contredit le Livre et la Sounnah, ils ont dupé les gens du commun, ils les ont entraînés dans des abîmes de la perdition sans qu’ils ne le sachent, ils sont donc des aides pour les chaytan contre les gens sans qu’ils ne s’en aperçoivent ! Ceci en raison de leur ignorance et du fait qu’ils se sont détournés de l’apprentissage de ce dont ils ont besoin comme science de la religion, ce qui les a amenés à considérer le bon et le mauvais selon leur opinion personnelle. Le courant les a alors emportés et ils se sont noyés dans les méandres des passions. Je vise par-là ceux qui se prétendent soufis, qui se sont réclamés de cette belle et noble voie, mais sans être conformes aux fondements et aux règles du tasawwouf. Le fondement du tasawwouf est basé sur la conformité au Livre, à la Sounnah et à l’Unanimité de la communauté, et sur le fait que l’on ne prend pas en considération ce qui contredit tout cela.
Mais vu qu’il y a des gens qui se réclament du tasawwouf qui ont corrompu et ont gravement entaché la voie des maîtres, il devient nécessaire de mettre en garde contre ce qu’ils disent. Il y a parmi eux ceux qui prétendent, que Dieu nous en préserve, que Dieu s’incarnerait dans les personnes… Il y a parmi eux ceux qui disent que « Allah rien n’est tel que Lui » mais ils ajoutent après « que Allah serait toute chose »… Il y a parmi eux ceux qui disent que si la personne qui agit et celle qui subit ont pour croyance qu’ils sont une seule et même chose, alors il n’y a plus de ghousl, ce qui veut dire que si celui qui pénètre et celle qui est pénétrée ont pour croyance qu’ils sont une seule et même chose soi-disant parce qu’ils seraient Allah, alors ils n’ont pas besoin de faire le ghousl… Quelle abomination que cet égarement !
Ibnou l-Jawziyy a rapporté dans son livre Talbiçou Iblis que des gens qui se réclamaient du tasawwouf ont commis des péchés et ont dit : « Notre objectif, c’est que les gens ne nous considèrent plus comme étant des gens bien, comme cela nous serons préservés de l’insincérité. » Ces gens-là se sont nuis à eux-mêmes par la désobéissance à Allah. Il y a des gens qui se sont infiltrés parmi les soufis alors que ce sont des mécréants, soit qu’ils ne reconnaissent pas l’existence de Dieu, soit qu’ils la reconnaissent mais renient la prophétie. Ils se sont cachés sous l’habit du tasawwouf alors que leur objectif est de détruire la religion.
Parler des horreurs provenant des ignorants prétendus soufis prendrait beaucoup de temps. Combien d’égarements et de choses laides ont lieu dans leurs assemblées de nos jours en raison de leur éloignement de la science de la religion, de leur imitation aveugle en contradiction avec les preuves de la religion, puisqu’ils s’embellissent les uns aux autres le fait de se soumettre au chaykh et de ne jamais émettre d’objection contre lui en quoi que ce soit. L’un d’entre eux a dit une fois : « Ce que dit le chaykh même s’il a tort est mieux que ce que dit le mourid même s’il a raison. » On dirait que ces gens-là n’ont pas entendu parler de cette femme qui s’est opposée à ^Oumar Ibnou l-Khattab, que Allah l’agrée, et qui l’a repris sur une question, la question de la dot des femmes et à qui ^Oumar avait dit : « Une femme a dit vrai et ^Oumar s’est trompé. » Le récit dans sa totalité a été rapporté par Sa^id Ibnou Mansour dans ses Sounan.
Ces gens-là n’ont-ils pas lu la parole de l’illustre Chaykh Ahmad Ar-Rifa^iyy dans Al-Bourhanou l-mou’ayyad : « Accepte des soufis leurs différents états tant qu’ils ne contredisent pas la religion. Mais s’ils contredisent la religion, sois du côté de la religion. »
Avant même cela, n’ont-ils donc jamais regardé le hadith rapporté par Al-Boukhariyy :
(( لا طاعَةَ لِمَخْلُوقٍ فِي مَعْصِيَةِ الخالِق ))
(la ta^ata limakhlouqin fi ma^siyati l-khaliq) ce qui signifie : « On n’a pas à obéir à une créature en désobéissance au Créateur. »
N’ont-ils pas regardé sa parole salla l-Lahou ^alayhi wasallam rapportée par Ibnou ^Abbas :
(( لَيْسَ أَحَدٌ إِلَّا يُؤْخَذُ مِنْ قَوْلِهِ وَيُدَعُ غَيْرَ النَّبِي ))
(layça ‘ahadoun ‘il-la you’khadhou min qawlihi wayouda^ou ghayra n-nabiyy) ce qui signifie : « Il n’y a personne sans qu’il y ait à prendre et à laisser dans sa parole, hormis le prophète. »
Un chaykh n’est pas préservé de l’erreur. On le reprend et on le corrige s’il se trompe. Et il n’est pas permis de lui obéir s’il ordonne quelque chose contraire à la religion.
Parmi ces gens-là, il y a le groupe qui est connu sous le nom de yachroutiyyah, relativement au Chaykh ^Aliyy Nourou d-Din Al-Yachroutiyy Ach-Chadhiliyy que nous considérons innocent tout comme nous innocentons le Chaykh Ach-Chadhiliyy de ce que ces gens-là, qui se réclament d’eux, ont osé faire. Hommes et femmes, dans ce groupe, s’embrassent les mains les uns des autres. Il est également bien connu de leur part qu’ils ne croient celui qui jure que s’il jure par leur maître. Ces gens-là viennent aux gens naïfs et les égarent au nom de la religion. Ils éloignent beaucoup les gens du tasawwouf alors que le tasawwouf véritable est innocent de toutes ces affabulations.
Parmi les choses laides que font certains d’entre eux, c’est qu’ils se réunissent certaines nuits dans ce qu’ils appellent des hadrah sous prétexte de faire du dhikr, ils se mettent en ronde pour évoquer le nom de Allah selon eux, mais ils déforment la parole et désobéissent à Dieu en changeant le nom « Allah » pour dire : « Ah, Ah… » Alors que Allah ^azza wajall dit dans sourat Al-‘A^raf :
﴿ وَلِلَّهِ ٱلۡأَسۡمَآءُ ٱلۡحُسۡنَىٰ فَٱدۡعُوهُ بِهَاۖ وَذَرُواْ ٱلَّذِينَ يُلۡحِدُونَ فِيٓ أَسۡمَـٰٓئِهِۦۚ سَيُجۡزَوۡنَ مَا كَانُواْ يَعۡمَلُونَ ﴾
(walil-Lahi l-‘asma’ou l-housna fad^ouhou biha wadharou l-ladhina youlhidouna fi ‘asma’ihi sayoujzawna ma kanou ya^maloun) ce qui signifie : « Allah a les noms qui indiquent la perfection alors invoquez-Le par ces noms-là et délaissez ceux qui abjurent Ses noms, ils seront rétribués pour ce qu’ils auront fait. »
Le nom « Ah » ne fait pas partie des noms qui indiquent la perfection, c’est au contraire un mot employé pour gémir et se plaindre de la douleur. Et ceci est une abjuration vis-à-vis des noms de Allah, c’est-à-dire une falsification et une substitution.
L’ancien chaykh de Al-‘Azhar, le Chaykh Salim Al-Bichriyy, que Allah lui fasse miséricorde, avait été interrogé à propos de ces gens-là, il avait dit : « Assister à leurs assemblées est interdit. »
Parmi ceux qui ont fait la biographie du Chaykh ^Aliyy Al-Yachroutiyy, parmi ses contemporains et d’autres, ils ont dit que Al-Yachroutiyy faisait partie des très grands vertueux, il avait de très grands prodiges. Pourtant certains de ceux qui l’avaient suivi dans le pays du Cham se sont égarés et se sont perdus. Leur état lui est parvenu et il a envoyé des mises en garde contre eux.
Ayant su cela, que chacun craigne Allah, qu’il s’arrête aux limites de la religion, qu’il ne se laisse pas entraîner dans l’erreur par des individus, car ce n’est pas grâce aux hommes qu’on connaît la vérité, mais c’est grâce à la vérité qu’on connaît les hommes. Que chacun se rappelle que l’existence des soufis véritables est une bonne chose, précieuse et noble, et certains ignorants, en se réclamant du tasawwouf, ont accolé à cette voie et aux gens de cette voie des choses qui n’ont aucun lien avec les soufis véritables, ni de près ni de loin.
Celui qui veut le tasawwouf véritable, qu’il le prenne auprès des gens illustres, auprès des grands imams de bonne guidée, ceux dont les gens de science ont témoigné de leur bonne guidée. Le tasawwouf a ses spécialistes. Et ceux qui prétendent être des soufis mensongèrement en contredisant les jugements de Allah, Allah les jugera.
Ayant tenu mes propos, je demande le pardon à Allah.
Second Discours :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.[1]
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.