Khoutbah n°1053
Discours du vendredi 29 novembre 2019 correspondant au 2 Rabi^ al-Akhir 1441 de l’Hégire.
Le Voisin
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée et nous Le remercions. Nous demandons à Allah qu’Il nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide nul ne peut l’égarer et celui qu’Il égare nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, ni de semblable, ni d’opposant, ni d’équivalent.
Je témoigne que notre maître, notre bien aimé, notre guide, notre éminence, la cause de notre joie, Mouhammad, est Son esclave et Son Messager, Son élu et celui qu’Il agrée le plus.
Il est le maître honoré qui a enseigné à sa communauté ce qui comporte la rectitude dans leur bas monde et leur au-delà, et qui a inculqué dans leurs cœurs les règles garantissant la droiture de leur vie d’ici-bas et de leurs sociétés. Il a donc recommandé d’agir en bien envers le voisin et a ordonné d’accorder la plus grande attention à tout ce qui le concerne. Il y a en cela un resserrement des liens entre les individus de la société étant donné qu’il n’est personne parmi nous sans qu’il ait un voisin. Ô Allah, honore et élève davantage notre Maître Mouhammad, ainsi que tous ses frères prophètes et messagers.
Esclaves de Allah, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Allah, celui Qui dit dans Son Livre qui ne comporte pas d’incohérence :
﴿ وَٱعۡبُدُواْ ٱللَّهَ وَلَا تُشۡرِكُواْ بِهِۦ شَيۡٔٗاۖ وَبِٱلۡوَٰلِدَيۡنِ إِحۡسَٰنٗا وَبِذِي ٱلۡقُرۡبَىٰ وَٱلۡيَتَٰمَىٰ وَٱلۡمَسَٰكِينِ وَٱلۡجَارِ ذِي ٱلۡقُرۡبَىٰ وَٱلۡجَارِ ٱلۡجُنُبِ وَٱلصَّاحِبِ بِٱلۡجَنۢبِ وَٱبۡنِ ٱلسَّبِيلِ وَمَا مَلَكَتۡ أَيۡمَٰنُكُمۡۗ إِنَّ ٱللَّهَ لَا يُحِبُّ مَن كَانَ مُخۡتَالٗا فَخُورًا ﴾
[sourat An-Niça’ / 36] (wa^boudou l-Laha wala touchrikou bihi chay’an wabil-walidayni ‘ihsanan wabidhi l-qourba wal-yatama wal-maçakini wal-jari dhi l-qourba wal-jari l-jounoubi was–sahibi bil-janbi wabni s-sabili wama malakat ‘aymanoukoum ‘inna l-Laha la youhibbou man kana moukhtalan fakhoura) ce qui signifie : « Adorez Allah, ne Lui attribuez aucun associé, faites preuve de bienfaisance envers les parents, les proches parents, les orphelins, les pauvres, le voisin proche ou éloigné, le compagnon proche, envers le voyageur sans moyen, … »
Mes frères de foi, dans cette ‘ayah, Allah tabaraka wa ta^ala ordonne d’adorer Allah Lui seul, de ne pas Lui attribuer d’associé. Dans cette ‘ayah, il y a aussi l’ordre d’agir avec bienfaisance envers les parents, les proches parents, d’agir avec douceur avec l’orphelin, d’aider celui qui est pauvre et le voyageur qui n’a pas les moyens de poursuivre son voyage.
Dans cette ‘ayah également, il y a une recommandation d’agir en bien avec son voisin.
Allah tabaraka wata^ala dit :
﴿ وَٱلۡجَارِ ذِي ٱلۡقُرۡبَىٰ وَٱلۡجَارِ ٱلۡجُنُبِ﴾
(wa l-jari dhi l-qourba wa l-jari l-jounoub) c’est-à-dire : « et envers le voisin qui est proche [de ton habitation] ou éloigné » ou encore « et envers le voisin avec lequel tu as des liens de proche parenté et celui avec lequel tu n’as pas de lien de proche parenté. »
Le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a recommandé d’agir en bien avec son voisin. Il a dit :
(( مَنْ كانَ يُؤْمِنُ بِاللهِ واليَوْمِ الآخِرِ فَلْيُكْرِمْ جارَهُ ))
[rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim] (man kana you’minou bil-Lahi wal-yawmi l-’akhiri falyoukrim jarah) ce qui signifie : « Celui qui croit en Allah et au Jour dernier, qu’il agisse avec bienfaisance avec son voisin. »
Agissez en bienfaisance envers votre voisin et recommandez à vos épouses d’agir avec bienfaisance envers leurs voisines, tout comme le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam l’a recommandé par sa parole :
(( يا نِساءَ الْمُسْلِماتِ لا تَحْقِرَنَّ جارَةٌ لِجارَتِها ولَوْ فِرْسِنَ شاةٍ ))
[rapporté par Malik dans Al-Mouwatta’] ce qui signifie : « Ô vous, femmes musulmanes, qu’aucune d’entre vous ne sous-estime un bien qu’elle puisse faire à sa voisine, ne fût-ce qu’en lui offrant un pied de mouton ou de chèvre. »
Et le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( خَيْرُ الجِيرَانِ عِنْدَ اللهِ خَيْرُهُمْ لِجارِهِ ))
[rapporté par Al-Hakim dans Al-Moustadrak] ce qui signifie : « Les meilleurs des voisins selon le jugement de Allah, ce sont les meilleurs envers leurs propres voisins. »
Quiconque se trouve dans ton voisinage, dans n’importe quelle direction, est considéré comme un voisin. Le premier avec qui tu dois agir en bien en priorité, c’est le plus proche et ainsi de suite.
Abou Dharr Al-Ghifariyy, que Allah l’agrée a dit :
( إِنَّ خَلِيلِي صَلّى اللهُ علَيْهِ وسَلَّمَ أَوْصانِي ))
« Mon bien-aimé salla l-Lahou ^alayhi wasallam m’a recommandé :
(( إِذَا طَبَخْتَ مَرَقًا فَأَكْثِرْ ماءَهُ ثُمَّ انْظُرْ أَهْلَ بَيْتٍ مِنْ جِيرَانِكَ فَأَصِبْهُمْ مِنْهَا بِمَعْرُوفٍ ))
[rapporté par Mouslim] ce qui signifie : « Quand tu prépares un plat en sauce, alors fais en sorte qu’il ait beaucoup de sauce, puis tiens compte des familles avoisinantes en leur en offrant avec bienfaisance. »
Mon frère croyant, je te recommande d’agir avec bienfaisance envers ton voisin et de craindre Allah. Respecte les droits de ton voisin, évite les paroles et les actes qui lui font du tort, ne l’interroge pas à propos de ce qui ne te concerne pas, ne recherche pas ses défauts, ne regarde pas ce qu’il a caché à ton regard, ne cherche pas à entendre des paroles qu’il a dissimulées de toi, baisse ton regard pour ne pas regarder les femmes qui sont chez lui, partage avec lui ta nourriture et ta boisson, rends lui visite lorsqu’il tombe malade, accompagne-le quand il sera porté pour être enterré. Soutiens-le lors de ses épreuves, agis avec lui tout comme tu souhaiterais que ton voisin agisse envers toi et patiente face à sa nuisance.
Sahl At-Toustariyy avait un voisin mazdéen. Les latrines de ce voisin se déversaient dans la maison de Sahl. C’est ainsi que Sahl demeura une longue période évacuant la nuit les saletés qui parvenaient jusque chez lui. Le jour où il tomba malade, il invita son voisin mazdéen et lui annonça qu’il craignait que ses héritiers ne puissent supporter cette nuisance que lui-même avait supporté et qu’ils entrent en conflit avec leur voisin mazdéen. Le mazdéen fut tellement étonné de sa patience face à cette grande nuisance qu’il lui avait dit : « Tu m’as aidé ainsi toute cette longue période alors que je suis sur ma religion, tends-moi donc ta main pour que j’entre en Islam. » Puis il a dit : « Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah et je témoigne que Mouhammad est le messager de Allah. » Puis Sahl, que Allah l’agrée, est décédé.
Mes frères de foi, il ne suffit pas de mentionner un récit, d’être touché par ce récit et ensuite de délaisser l’application du message que comporte ce récit. Sahl patientait pour évacuer les immondices du mazdéen. Non seulement il n’a pas hurlé sur lui et n’a pas voulu le frapper, mais il s’est tu et ne s’est pas plaint. Alors toi, mon frère, que ferais-tu s’il arrivait de la maison de ton voisin jusque chez toi, non pas de la najaçah, mais de l’eau pure, et que ton voisin n’était pas un mazdéen mais un musulman ? Est-ce que tu patienterais ou est-ce que tous les gens du voisinage entendraient ta voix, en train de hurler ? Pose-toi la question et réfléchis combien de gens aujourd’hui nuisent à leurs voisins. Combien de disputes se produisent entre un voisin et un autre, parce que les gens ne s’embellissent pas avec les caractères que nous a recommandé d’avoir le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam notamment avec nos voisins.
Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam disait :
(( ما يَزالُ جِبْرِيلُ يُوصِينِي بِالجارِ حَتَّى ظَنَنْتُ أَنَّهُ سَيُوَرثُهُ ))
[rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim] ce qui signifie : « Jibril n’a pas cessé de me recommander de faire attention au voisin, au point que j’ai pensé qu’il allait le compter au nombre des héritiers. » Aujourd’hui, je me recommande ainsi qu’à vous-mêmes d’agir en bien avec son voisin. Manifeste ta joie pour sa joie et ton chagrin pour son chagrin. Dissimule ce qui t’est apparu de ses défauts. Pardonne-lui ses faux pas. Ne regarde pas, du haut de la terrasse par exemple, les femmes de sa famille. Aide-le s’il demande ton aide, prête-lui s’il veut emprunter, oriente-le vers les sujets de sa religion qu’il ignore, agis envers lui tout comme tu aimerais que les gens agissent envers toi.
Si nous observons les habitudes des maîtres parmi les musulmans et l’attachement qu’avaient nos ancêtres à ce qu’a recommandé notre bien-aimé Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam, nous aurons su qu’aujourd’hui nous connaissons un grand manquement au respect du droit du voisin et à la bienséance pour l’honorer. En effet, beaucoup d’entre nous n’agissent pas en bien envers leurs voisins. Certains mêmes ne connaissent pas le voisin qui habite à côté de chez eux depuis des années, ou ne le saluent pas, ou ne lui parlent pas.
Alors, rattrapes-toi mon frère croyant, répares les différents qu’il y a entre toi et ton voisin car le meilleur des voisins selon le jugement de Allah, c’est celui qui est le meilleur avec son voisin.
Je demande à ce que Allah me pardonne et nous accorde la réussite pour accomplir ce qu’Il agrée.
Après avoir tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours[1] :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.