Khoutbah n°1070
Discours du vendredi 27 mars 2020 correspondant au 3 cha^ban 1441 de l’Hégire.
Gardez-vous du mensonge
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous L’implorons de nous guider sur le chemin de droiture, nous recherchons Son pardon et nous Lui demandons de nous préserver du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer et celui que Allah égare, nul ne peut le guider.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, ni de semblable, ni d’équivalent ni d’égal, que la division étant impossible à Son sujet, Il n’est donc pas un corps, que toutes les créatures ont besoin de Lui alors que Lui n’a besoin de rien, qu’Il n’engendre pas et qu’Il n’est pas engendré et que rien ne Lui est équivalent. Et je témoigne que notre maître Mouhammad est Son esclave et Son messager, celui que Allah a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, en tant que guide, annonciateur de bonnes nouvelles et avertisseur d’un châtiment. Il a enseigné à la communauté ce qui lui est utile et l’a mise en garde contre ce qui lui est nuisible, dans le bas monde comme dans l’au-delà. Il a donc montré que la véracité est une cause de sauvegarde et que le mensonge est une cause de perdition. Il a ordonné la véracité et a glorifié ceux qui en font preuve. Il a mis en garde contre le mensonge et a blâmé ceux qui le commettent. Que Allah honore et élève davantage notre maître Mouhammad, ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs.
Esclaves de Allah, je vous recommande ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allah, Al-^Aliyy, Celui Qui a la supériorité absolue sur Ses créatures par la contrainte et la toute-puissance, Al-^Adhim, Celui Qui a l’éminence absolue par Son exemption des attributs des créatures. Je vous recommande d’appliquer les règles de la religion agréée par Allah et de prendre pour exemple la Sounnah, les faits et gestes de Son prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam. Sachez que Allah ^azza wajall dit dans sourat At-Tawbah :
﴿ يَـٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱتَّقُواْ ٱللَّهَ وَكُونُواْ مَعَ ٱلصَّـٰدِقِينَ ﴾
(ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Laha wakounou ma^a s–sadiqin) ce qui signifie : « Ô vous qui êtes croyants, faites preuve de piété à l’égard de Allah et soyez avec les véridiques. »
Mes frères de foi, Allah soubhanahou wata^ala nous a ordonné d’accomplir le bien et Il nous a interdit de commettre le mal. Il en est de même de la part de Son messager honoré. Notre Seigneur l’a envoyé pour enseigner aux gens le bien, pour les appeler à adopter les comportements d’excellence. Tout comme le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam l’a dit :
(( إِنَّمَا بُعِثْتُ لِأُتَممَ مَكَارِمَ الأَخْلاَقِ ))
[rapporté par Al-Bayhaqiyy dans As-Sounanou l-Koubra] (‘innama bou^ith-tou li’outammima makarima l-‘akhlaq) ce qui signifie : « J’ai été envoyé pour parachever les caractères d’excellence. »
Nous allons parler d’un caractère éminent que Allah ta^ala nous a ordonné d’adopter et que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam nous a incité à avoir : il s’agit de la véracité. Par opposition à la véracité, le mensonge fait partie des caractères les plus laids que Allah ait interdits.
L’Imam Mouslim a rapporté dans son Sahih que ^Abdou l-Lah Ibnou Mas^oud, que Allah l’agrée, a dit : « Le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( عَلَيْكُمْ بِالصدْقِ فَإِنَّ الصدْقَ يَهْدِي إِلى الْبِر وَإِنَّ الْبِرَّ يَهْدِي إِلى الجَنَّةِ، وَما يَزالُ الرَّجُلُ يَصْدُقُ وَيَتَحَرَّى الصدْقَ حَتَّى يُكْتَبَ عِنْدَ اللهِ صِديقًا، وَإِيَّاكُمْ وَالْكَذِبَ فَإِنَّ الكَذِبَ يَهْدِي إِلى الفُجُورِ وَإِنَّ الفُجُورَ يَهْدِي إِلى النّارِ وَما يَزالُ الرَّجُلُ يَكْذِبُ وَيَتَحَرَّى الكَذِبَ حَتَّى يُكْتَبَ عِنْدَ اللهِ كَذَّابًا ))
(^alaykoum bis–sidqi fa’inna s–sidqa yahdi ‘ila l-birri wa‘inna l-birra yahdi ‘ila l-jannah ; wama yazalou r-rajoulou yasdouqou wayataharra s–sidqa hatta youktaba ^inda l-Lahi siddiqa ; wa‘iyyakoum wal-kadhiba fa’inna l-kadhiba yahdi ‘ila l-foujouri wa‘inna l-foujoura yahdi ‘ila n-nar ; wama yazalou r-rajoulou yakdhibou wayataharra l-kadhiba hatta youktaba ^inda l-Lahi kadh-dhaba) ce qui signifie : « Attachez-vous à la véracité ; la véracité mène à la bienfaisance et la bienfaisance mène au Paradis. L’homme qui persévère sur la véracité et cherche à être véridique sera inscrit selon le jugement de Allah au nombre des véridiques. Et gardez-vous du mensonge, car le mensonge mène à la perversité et la perversité mène à l’enfer. L’homme qui persiste sur le mensonge et cherche à mentir sera inscrit selon le jugement de Allah au nombre des menteurs. »
La signification de ce hadith, mes frères de foi, est que la véracité mène à œuvrer dans les actes de vertu exempts de tout blâme et fait parvenir au Paradis, alors que le mensonge mène à la perversité, qui est le fait de dévier de la droiture et de se plonger dans les péchés, ce qui mène ainsi à l’enfer. Il y a donc dans ce hadith une incitation à s’attacher à être véridique, c’est-à-dire à le vouloir et à lui accorder le plus grand soin. Il met aussi en garde contre le mensonge et le laisser-aller dans le mensonge, car celui qui se laisse aller à mentir va mentir de plus en plus et finira par être connu pour cela. Quant aux paroles du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam qui signifient : « Il sera inscrit selon le jugement de Allah au nombre des véridiques » et par : « Il sera inscrit selon le jugement de Allah au nombre des menteurs », elles signifient qu’il sera jugé comme tel et méritera, soit d’être qualifié du degré des véridiques et d’obtenir leur récompense, soit d’être au rang des menteurs et de subir leur châtiment. Ce qui est visé ici, c’est que cela sera manifesté aux créatures, en le faisant connaître au monde céleste, c’est-à-dire aux anges, par l’un de ces deux caractères, ou bien en faisant que les gens le perçoivent dans leur cœur et en parlent entre eux. Ainsi les gens se mettront à l’apprécier ou à le détester. Lorsque le mensonge devient répétitif de la part de quelqu’un et que cela devient une habitude, il devient difficile de s’en débarrasser ; c’est à partir de ce moment-là que cette personne est inscrite au nombre des menteurs. Nous demandons à Allah ta^ala qu’Il fasse que nous soyons au nombre des véridiques.
Mes frères de foi, le mensonge, qui est le sujet que nous voulons détailler, consiste à dire une chose contraire à la réalité, tout en sachant qu’elle est contraire à la réalité.
Parmi les différentes sortes de mensonges, il y en a qui comptent parmi les grands péchés, d’autres qui comptent parmi les petits péchés et il y en a qui sont de la mécréance, que Allah ta^ala nous en préserve. Si le mensonge ne comporte aucune nuisance envers un musulman, c’est un petit péché. Mais attention, nous ne devons pas se laisser aller à commettre les petits péchés, car les montagnes sont constituées de petits cailloux ! L’Imam Ahmad et At–Tabaraniyy rapportent que le Prophète Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( إِيَّاكُمْ وَمُحَقَّرَاتِ الذُّنُوبِ فَإِنَّمَا مَثَلُ مُحَقَّرَاتِ الذُّنوبِ كَمَثَلِ قَوْمٍ نَزَلُوا بَطْنَ وَادٍ فَجَاءَ ذَا بِعُودٍ وَجَاءَ ذَا بِعُودٍ حَتَّى حَمَلُوا مَا أَنْضَجُوا بِهِ خُبْزَهُمْ وَإِنَّ مُحَقَّرَاتِ الذُّنُوبِ مَتَى يُؤْخَذْ بِهَا صَاحِبُهَا تُهْلِكْهُ ))
(‘iyyakoum wamouhaqqarati dh-dhounoub ; fa’innama mathalou mouhaqqarati dh-dhounoubi kamathali qawmin nazalou batna wadin faja’a dha bi^oudin waja’a dha bi^oudin hatta hamalou ma ‘andajou bihi khoubzahoum ; wa‘inna mouhaqqarati dh-dhounoubi mata you’khadh biha sahibouha touhlik-h) ce qui signifie : « Gardez-vous bien des petits péchés ! Les petits péchés sont à l’exemple d’un groupe de gens qui ont fait halte dans une vallée. Untel ramène une brindille et tel autre ramène une brindille jusqu’à amasser ce qui leur permet de cuire leur pain… »
Ce hadith honoré indique que les petits péchés sont autant de causes qui mènent à commettre les grands péchés celui qui persiste dessus et les multiplie. Combien de petits péchés, sous-estimés par celui qui les commet, l’amènent par la suite à commettre les grands péchés ! Il se peut même qu’ils l’amènent à commettre de la mécréance. C’est pour cela qu’un savant du Salaf a dit : « Les péchés mènent à la mécréance tout comme la fièvre mène à la mort. » [rapporté dans Chou^abou l-‘Iman de Al-Bayhaqiyy]. Que Allah ta^ala nous préserve des mauvais actes !
Maintenant, lorsque le mensonge comporte une nuisance envers un musulman, c’est un grand péché, que Allah ta^ala nous en préserve. Parmi les mensonges laids, il y a le fait de mentir au sujet du Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam. C’est ainsi que le Prophète ^alayhi s–salatou was-salam a dit :
(( مَنْ كَذَبَ عَلَيَّ مُتَعَمدًا فَلْيَتَبَوَأْ مَقْعَدَهُ مِنَ النّارِ ))
[rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim] (man kadhaba ^alayya mouta^ammidan falyatabawwa’ maq^adahou mina n-nar) ce qui signifie : « Celui qui ment à mon sujet délibérément, qu’il se prépare à occuper sa place en enfer. »
D’autre part, si le mensonge comporte le fait de rendre licite une chose interdite par unanimité –’ijma^–, bien connue des savants et du commun des musulmans comme étant interdite dans la religion, et dont le jugement n’échappe pas à celui qui a menti, comme s’il rend permis la fornication, la sodomie, l’assassinat, le vol, l’usurpation ou encore s’il rend interdit quelque chose de clairement licite, comme la vente ou le mariage, c’est de la mécréance, que Allah ta^ala nous en préserve !
C’est le cas de celui qui ment pour faire rire les gens, en disant : « Allah ta^ala dit : “Lorsque tu vois un aveugle, renverse-le par terre, tu n’es pas plus généreux que son Seigneur.” Il a donc prétendu que cette imbécilité fait partie du Qour’an. Cela est en réalité de la mécréance, que Allah ta^ala nous en préserve !
Mes frères de foi, sachez que le mensonge est interdit, qu’il soit dit en plaisantant ou en étant sérieux. En effet, le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( ويلٌ للّذي يحدّثُ القومَ ثمّ يكذِبُ ليُضحِكَهم ويلٌ له وويلٌ له ))
[rapporté par l’Imam Ahmad dans son Mousnad] (wayloun lil-ladhi youhaddithou l-qawma thoumma yakdhibou liyoud–hikahoum wayloun lahou wawayloun lah) ce qui signifie : « Malheur à celui qui parle aux gens et ment pour les faire rire! Malheur à lui ! Encore malheur à lui ! » c’est-à-dire que c’est un grand péché et que cela fait mériter à celui qui le commet un grand châtiment au Jour du jugement.
Mes frères de foi, il convient aussi de mettre en garde contre quelque chose, que certains appellent le poisson d’avril. Il est interdit de mentir le 1er avril ou tout autre jour de l’année. Parmi les conséquences de ce genre de mensonges et dans beaucoup de cas, il y a le fait d’effrayer un musulman. Le menteur lui dit par exemple : « Ton fils est mort ! » ou bien « Il est arrivé quelque chose à ta femme ! » Il lui fait peur et l’effraie. Que Allah ta^ala nous en préserve !
À ce sujet, il est rapporté dans le Mousnad de l’Imam Ahmad, que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( لاَ يَحِلُّ لِمُسْلِمٍ أَنْ يُرَوعَ مُسْلِمًا ))
(la yahil-lou limouslimin ‘an yourawwi^a mouslima) ce qui signifie : « Il n’est pas permis à un musulman d’effrayer un autre musulman. » Il avait dit cette parole lorsque l’un des compagnons, par plaisanterie, avait fait peur à un autre compagnon en lui prenant l’une de ses flèches pendant son sommeil.
Chers bien-aimés, le mensonge n’est autorisé ni en étant sérieux ni en plaisantant. Même si l’objectif est de faire rire l’assistance, même s’il n’y a pas de nuisance pour quiconque, c’est interdit. À ce sujet, le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( إنّي لَأَمزحُ ولا أَقولُ إلّا حقًّا ))
[rapporté par At–Tabaraniyy dans Al-Mou^jamou l-Kabir] (‘inni la‘amzahou wala ‘aqoulou ‘il-la haqqa) ce qui signifie : « Il m’arrive bien de plaisanter, mais je ne dis que ce qui est en droit d’être dit. » C’est-à-dire que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a fait savoir qu’il ne mentait jamais.
D’autre part, nous vous mettons en garde contre la parole de certains qui disent que le mensonge serait « le sel des vrais hommes ». Tandis que d’autres disent : « C’est la honte pour celui qui dit la vérité ! » Ces deux paroles contredisent la religion et constituent deux choses qui font sortir de l’Islam. En effet la première revient à considérer bon quelque chose que les savants et les musulmans du commun savent bien que c’est mauvais dans la religion. Et la seconde comporte le fait de considérer mauvais ce que les savants et les musulmans du commun savent bien que c’est une bonne chose dans la religion. Chacune de ces deux paroles revient donc à démentir la religion, que Allah ta^ala nous en préserve !
Alors, mes frères de foi, gardez-vous bien du mensonge et mettez en garde contre le mensonge, car c’est une très mauvaise habitude. La seule chose qu’il indique, c’est le mal qu’il y a dans la nature de celui qui ment. Alors, craignez Allah et soyez avec les véridiques !
Ô Allah, préserve-nous du mensonge et du reste des choses interdites, ô Toi Qui est le plus miséricordieux de ceux qui font miséricorde.
Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours [1] :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou ttaqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.