Khoutbah n°1094
Discours du vendredi 11 septembre 2020 correspondant au 23 al-mouharram 1442 de l’Hégire.
Le Miracle
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée et nous Le remercions. Nous demandons à Allah qu’Il nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide nul ne peut l’égarer et Celui qu’Il égare nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé.
Je témoigne que Mouhammad, est Son esclave et Son Messager, Son élu et celui qu’Il agrée le plus, lui que Allah a envoyé en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment. Il a transmis le message, il s’est acquitté de ce qui lui a été confié et il a donné le conseil à la communauté, que Allah le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué l’un de Ses prophètes. Que Allah honore et élève davantage notre maître Mouhammad, l’Honnête, et qu’Il l’apaise quant au sort de sa communauté, ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs.
Après quoi, esclaves de Allah, je vous recommande ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy, Al-^Adhim. Allah tabaraka ta^ala dit dans Son Livre honoré à Son prophète honoré l’Élu :
﴿ وَقَالَ ٱلَّذِينَ فِي ٱلنَّارِ لِخَزَنَةِ جَهَنَّمَ ٱدۡعُواْ رَبَّكُمۡ يُخَفِّفۡ عَنَّا يَوۡمٗا مِّنَ ٱلۡعَذَابِ قَالُوٓاْ أَوَ لَمۡ تَكُ تَأۡتِيكُمۡ رُسُلُكُم بِٱلۡبَيِّنَٰتِۖ قَالُواْ بَلَىٰۚ قَالُواْ فَٱدۡعُواْۗ وَمَا دُعَٰٓؤُاْ ٱلۡكَٰفِرِينَ إِلَّا فِي ضَلَٰلٍ إِنَّا لَنَنصُرُ رُسُلَنَا وَٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ فِي ٱلۡحَيَوٰةِ ٱلدُّنۡيَا وَيَوۡمَ يَقُومُ ٱلۡأَشۡهَٰدُ يَوۡمَ لَا يَنفَعُ ٱلظَّٰلِمِينَ مَعۡذِرَتُهُمۡۖ وَلَهُمُ ٱللَّعۡنَةُ وَلَهُمۡ سُوٓءُ ٱلدَّارِ ﴾
(waqala l-ladhina fi n-nari likhazanati jahannama d^ou Rabbakoum youkhaffif ^anna yawman mina l-^adhab qalou ‘awalam takou ta’tikoum rouçouloukoum bil-bayyinati qalou bala qalou fad^ou wama dou^a‘ou l-kafirina ‘il-la fi dalal ‘inna lanansourou rouçoulana wal-ladhina ‘amanou fi l-hayati d-dounya wayawma yaqoumou l-‘ach-had yawma la yanfa^ou dh–dhalimina ma^dhiratouhoum walahoumou l-la^natou walahoum sou’ou d-dar)
[sourat Ghafir / 49 à 52] ce qui signifie : « Ceux qui seront en enfer diront aux anges gardiens de la géhenne : “Invoquez votre Seigneur d’alléger un jour notre châtiment.” Ils diront : “Vos messagers ne vous ont-ils pas apporté les preuves évidentes [par les miracles] ? » Ils diront : “Si !” Les anges diront : “Invoquez alors !” Mais l’invocation des mécréants n’est faite qu’en vain. Nous donnons la victoire, certes, à Nos messagers et à ceux qui ont cru, dans la vie d’ici bas et dans l’au-delà, au Jour où les excuses des injustes ne leur seront aucunement utiles, il y aura pour eux la malédiction et la pire demeure. »
Mes frères de foi, Allah a soutenu chaque prophète par des preuves claires et des miracles qui indiquent de manière catégorique son statut de prophète et qui témoignent de sa véracité. Le miracle est donc un signe et une preuve de la véracité des prophètes lorsqu’ils prétendent être prophètes. Il n’y a pas eu un seul prophète qui n’ait eu un miracle. Le miracle est quelque chose d’extraordinaire. Autrement dit, c’est quelque chose qui est contraire à ce qui est habituel. Le miracle vient en conformité avec les dires de ceux qui prétendent être prophètes. Il est sauf de toute opposition par quoi que ce soit de semblable. Le miracle est valable pour représenter un défi.
Donc, ce qui n’est pas conforme à la prétention à la prophétie, n’est pas appelé miracle. C’est le cas de ce qui s’est passé avec Mouçaylimah le menteur, lui qui a prétendu être prophète. Ainsi, lorsqu’il a passé sa main sur le visage d’un homme borgne, ce dernier a perdu son autre œil qui était sain. Ce qui s’est produit est contraire à sa prétention. Cela indique que sa prétention d’être prophète était un mensonge, en ce sens que ce qui s’est passé n’était pas conforme à sa prétention.
Une chose à laquelle on peut opposer quelque chose de semblable, comme la magie, n’est pas un miracle non plus. En effet, la magie peut être contrecarrée par une autre magie. Pharaon avait défié notre maître Mouça ^alayhi s-salam. Il avait réuni pour lui soixante-dix sorciers qui étaient les plus grands magiciens qu’il avait. Ils ont lancé leurs cordes qu’ils avaient dans leurs mains et les gens ont eu l’illusion que c’étaient des serpents qui se déplaçaient. Notre maître Mouça ^alayhi s-salam a lancé son bâton qui s’est transformé en un véritable serpent, gigantesque, qui a dévoré les cordes que les sorciers avaient jetées. Suite à cela, les magiciens ont reconnu que cela n’était pas de l’ordre de la magie, mais plutôt quelque chose qui sort totalement de l’ordinaire, à laquelle ils ne pouvaient rien opposer de semblable et que le Créateur du monde, Celui Qui n’a pas d’associé, Qui n’a pas de semblable, avait accordé à notre maître Mouça pour le soutenir. C’est alors que les sorciers ont dit : « Nous avons cru au Seigneur de Mouça et de Haroun ! » Sur ce, Pharaon s’était mis en colère, car ils avaient cru avant qu’il ne le leur autorise. En effet, ils avaient délaissé la croyance qu’ils avaient auparavant. Pharaon les a menacés, puis il a fait attiser un feu immense, mais ceux qui avaient été sorciers n’ont pas renié leur foi en le Seigneur de Mouça et de Haroun. C’est ainsi que Pharaon les a exécutés.
Par ailleurs, ce qui est surprenant, mais qui n’est pas extraordinaire, n’est pas un miracle. Également, ce qui est extraordinaire, mais qui ne s’accompagne pas de la prétention d’être prophète n’est pas un miracle. C’est le cas des prodiges, les choses extraordinaires qui apparaissent aux mains des waliyy –les saints– eux qui suivent parfaitement les prophètes. Ces choses extraordinaires émanant de ces waliyy ne sont pas appelées mou^jizah –miracles–, mais elles sont plutôt appelées des karamah –des prodiges–.
Le miracle est de deux sortes :
- des miracles qui se produisent sans la demande de la part des gens à qui ce prophète a été envoyé.
- et d’autres qui ont lieu lorsque les gens à qui le prophète a été envoyé le lui demandent.
Chers bien-aimés, en guise d’exemple pour cela, il y a ce qui suit. Lorsque les gens du peuple du Prophète Salih ^alayhi s-salam lui ont dit : « Si tu es véritablement un prophète qui a été envoyé pour nous afin que nous croyons en toi, alors fais-nous sortir de ce rocher une chamelle et son petit. » Sur ce, il a fait sortir pour eux d’un rocher compact une chamelle et son petit, par la volonté de Allah ta^ala. Toute personne raisonnable comprend bien que ce n’est pas quelque chose d’habituel. Alors ils furent surpris et ils ont cru en lui. Après cela, il les a mis en garde de nuire à cette chamelle. Et parmi les épreuves que les gens du peuple de Salih ^alayhi s-salam ont eu à subir, il y a que le jour où cette chamelle allait s’abreuver, leurs troupeaux ne pouvaient pas le faire. En contrepartie, cette chamelle leur donnait suffisamment de lait à tous ce jour-là. Mais dans la ville, il y avait dans la population neuf personnes qui avaient comploté pour tuer la chamelle, et l’ont tuée. Trois jours plus tard, un châtiment s’est abattu sur la population et les a tous exterminés. Le châtiment les a tous touchés, car bien que ceux qui ont tué la chamelle ne fussent que neuf, le reste de la population était d’accord pour la tuer, et ce, même s’ils n’avaient pas participé directement à la tuer.
Parmi les miracles qui sont arrivés aux prophètes qui ont précédé notre maître Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam, il y a ce qui est arrivé à notre maître Al-Macih ^Iça ^alayhi s-salam, notamment la résurrection des morts. En effet, ce n’est pas quelque chose à laquelle on peut opposer quelque chose de semblable. Les mécréants parmi les fils de ‘Isra’il, eux qui aimaient démentir notre maître ^Iça ^alayhi s-salam, eux qui s’appliquaient à le calomnier, ils n’avaient pas pu apporter quelque chose de semblable, malgré leur maîtrise de la médecine à cette époque-là.
Mes frères de foi, Allah a fait que ce monde soit un signe de Son existence, Il en a fait un témoignage de Son éminente toute-puissance, une preuve catégorique qu’Il est Celui Qui a prédestiné ce monde et qu’Il n’a pas d’associé en cela. Tout ce qui entre en existence dans ce monde n’arrive à l’existence que par la toute-puissance et la volonté de Dieu, conformément à Sa science. Et nul ne fait surgir les choses du néant à l’existence si ce n’est Lui. Les choses extraordinaires qui sont arrivées aux prophètes, c’est Allah ta^ala Qui les crée par Sa toute-puissance. Allah fait paraître les miracles afin de confirmer la véracité des prophètes quand ils déclarent qu’ils sont des prophètes. Le miracle tient lieu de parole que Allah adresserait aux créatures et qui signifierait : « Mon esclave que voici est véridique dans sa prétention d’être prophète. » Par exemple, lorsque les gens du peuple de Salih lui ont dit : « Si tu es prophète, alors fais surgir pour nous de ce rocher compact une chamelle avec son petit ! » Salih la leur a fait sortir, c’est-à-dire par la volonté de Allah. Cela ne s’est produit que par la toute-puissance de Allah, Lui seul. Et cela est une preuve de la véracité du prophète Salih ^alayhi s-salam, en ce sens que cela a eu lieu pour le soutenir. C’est comme si Allah leur avait dit ce qui signifie : « Certes, il est véridique dans ce qu’il dit. » Il en est de même pour tous les miracles des prophètes. Allah les a manifestés comme autant de preuves de leur véracité, celui qui les dément aura démenti Allah ta^ala. Par ailleurs, ces miracles sont non seulement une preuve catégorique de la véracité des prophètes pour ceux qui les ont vus, mais ils sont également une preuve pour nous ; car une partie de ces miracles nous est parvenue par une voie entraînant la connaissance catégorique, à savoir par le tawatour.
Si un athée dit : « Mais qu’est ce qui nous fait savoir que les miracles ont eu lieu concernant les prophètes ? » Et parmi eux figure notre prophète Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam. Nous lui disons qu’à propos de ses miracles, l’un d’eux se trouve encore entre nos mains, et il s’agit du Qour’an honoré. D’autres se sont produits devant un grand nombre de gens très différents et qui étaient de différentes caractéristiques, de sorte qu’il n’est pas concevable qu’ils se soient tous entendus pour mentir. C’est par exemple, le miracle du jaillissement de l’eau d’entre les doigts du Prophète ^alayhi s–salatou was-salam. Il s’est produit à plusieurs reprises, devant un grand nombre de personnes qui ont rapporté cela à un grand nombre de personnes qui n’avaient pas été témoins de ce qui s’était passé, en de nombreux endroits et différents pays, de sorte que cette nouvelle a été rapportée par un grand groupe à partir d’un grand groupe, de sorte qu’il est impossible qu’ils se soient tous concertés pour mentir. Et cela est semblable aux autres événements qui se sont produits et que nous n’avons pas vus et auxquels, malgré cela, nous croyons en la réalité de leur existence, comme en l’existence de la première guerre mondiale, d’un gouverneur qui s’appelait Haroun Ar-Rachid et d’un autre appelé Napoléon et de celle d’un pays qui s’appelle le Japon. Par conséquent, celui qui rejette une de ces choses-là et en nie l’existence, c’est un entêté. Il ne convient pas de donner du poids à ses paroles. Il en est de même de ceux qui récusent les miracles des prophètes qui sont parvenus par tawatour. On n’accorde aucun intérêt à la parole de ces gens-là, et leurs paroles n’ont aucun poids. De plus, les gens les considèrent comme étant stupides.
Quant à la parole de certains athées qui disent que les miracles des prophètes seraient de l’ordre de la magie et seraient une tromperie, ce qu’ils disent est clairement faux. Car la magie peut être contrecarrée par une autre magie semblable, alors que les choses extraordinaires que Allah ta^ala accorde aux mains des prophètes, rien de semblable ne peut leur être opposé de la part de celui qui le renie et qui le rejette.
Est-ce que l’un de ceux qui démentent les prophètes et qui se sont opposés à eux à leur époque et après cela jusqu’à nos jours, est-ce qu’ils ont pu apporter une chose pareille à ce que le prophète de Allah, Salih ^alayhi s-salam a fait, comme d’extraire une chamelle et son petit à partir d’un rocher compact, quand son peuple le lui avait demandé ? Est-ce que quelqu’un parmi eux a été capable d’entrer dans un feu éminent comme le feu dans lequel a été projeté le prophète de Allah, ‘Ibrahim ^alayhi s-salam ? Est-ce que quelqu’un parmi eux a été capable de faire ce que le prophète de Allah, Mouça ^alayhi s-salam a fait, quand il a frappé la mer de son bâton et que douze voies se sont entrouvertes devant lui et qu’entre un chemin et un autre, il y avait comme une immense montagne d’eau ? Est-ce que les mécréants parmi les fils de ‘Isra’il, quand ils se sont opposés à Al-Macih ^Iça ^alayhi s-salam et qu’ils lui ont répondu par le démenti, ont-ils pu ramener un miracle comme le fait de guérir celui qui était aveugle de naissance ? Est-ce que l’un des leaders de l’athéisme peut faire pleurer un tronc, planté droit comme un pilier, avec la voix d’un enfant, de sorte que cela soit entendu par tous ceux qui sont présents, tout comme cela a eu lieu pour notre maître Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam.
En résumé, les miracles des prophètes sont confirmés de manière catégorique, c’est une preuve catégorique de leur véracité. Donc, il est un devoir d’y croire, et de se soumettre à ce que les prophètes ont transmis et d’avoir la foi en eux tous. Parmi eux, le meilleur d’entre eux, le dernier d’entre eux est notre maître Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam. Ceux qui le démentent n’auront pas d’autre demeure que l’enfer, s’ils ne se repentent pas. Il en est de même pour celui qui dément les prophètes qui ont précédé Mouhammad, que Dieu les honore et les élève tous davantage en degrés. Allah ^azza jall a dit à Son prophète élu salla l-Lahou ^alayhi wasallam :
﴿ فَإِن كَذَّبُوكَ فَقَدۡ كُذِّبَ رُسُلٞ مِّن قَبۡلِكَ جَآءُو بِٱلۡبَيِّنَٰتِ وَٱلزُّبُرِ وَٱلۡكِتَٰبِ ٱلۡمُنِيرِ كُلُّ نَفۡسٖ ذَآئِقَةُ ٱلۡمَوۡتِۗ وَإِنَّمَا تُوَفَّوۡنَ أُجُورَكُمۡ يَوۡمَ ٱلۡقِيَٰمَةِۖ فَمَن زُحۡزِحَ عَنِ ٱلنَّارِ وَأُدۡخِلَ ٱلۡجَنَّةَ فَقَدۡ فَازَۗ وَمَا ٱلۡحَيَوٰةُ ٱلدُّنۡيَآ إِلَّا مَتَٰعُ ٱلۡغُرُورِ ﴾
(fa‘in kadh-dhabouka faqad koudh-dhiba rouçouloun min qablika ja’ou bil-bayyinati waz–zoubouri wal-kitabi l-mounir koullou nafsin dha‘iqatou l-mawti wa‘innama touwaffawna ‘oujourakoum yawma l-qiyamati faman zouhziha ^ani n-nari wa‘oudkhila l-jannata faqad faza wama l-hayatou d-dounya ‘i-lla mata^ou l-ghourour)
[sourat ‘Ali ^Imran / 184-185] ce qui signifie : « S’ils te démentent, d’autres messagers ont été démentis avant toi ; ils étaient venus avec les preuves claires [les miracles], les livres et le livre lumineux ; Toute âme goûtera à la mort. Mais c’est seulement au Jour dernier que vous recevrez votre entière rétribution. Celui qui sera écarté du feu et qu’on fera entrer au Paradis aura certes réussi. Et la vie d’ici bas n’est qu’une jouissance trompeuse. »
Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours[1] :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.