Khoutbah n°1183
Discours du vendredi 27 mai 2022 correspondant au 26 Chawwal 1443 de l’Hégire.
Faites miséricorde aux jeunes
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Louanges à Dieu, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous recherchons Son pardon et nous Lui demandons la bonne guidée. Nous Lui demandons de nous préserver du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui Que Dieu guide, c’est Lui le bien guidé ; Celui Qu’Il égare, tu ne trouveras personne qui le guide.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, Lui seul n’a pas d’associé et Il n’a pas de semblable, Il n’a pas d’équivalent. Quoi que tu imagines en ton esprit, Dieu n’est pas ainsi. Celui qui qualifie Dieu par une des significations des humains a commis de la mécréance.
Je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre guide, la cause de notre joie, محمّد Mouhammad, qu’il est l’esclave de Dieu et Son Messager, celui qu’Il a élu, celui qu’Il agrée le plus, celui que Dieu a envoyé avec la bonne guidée et la religion de vérité, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment, appelant à la religion agréée par Dieu par Sa volonté, tel un flambeau radieux.
Dieu a guidé grâce à lui la communauté, Il a levé par lui les difficultés. Il a fait sortir grâce à lui les gens des ténèbres vers la lumière. Que Dieu le rétribue du meilleur de ce dont Il a rétribué l’un de Ses prophètes pour sa communauté.
Ô Dieu, honore et élève davantage en degré notre maître محمّد Mouhammad ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs et ceux qui les ont suivis correctement jusqu’au Jour du Jugement.
Après quoi, esclaves de Dieu, je vous recommande, et je me recommande à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Dieu العَلِيّ العَظِيم Al-^Aliyy Al-^Adhim. Craignez donc Dieu votre Seigneur. Rappelez-vous Sa parole dans la sourate البَقَرَة Al-Baqarah :
﴿ وَٱتَّقُواْ يَوۡمٗا تُرۡجَعُونَ فِيهِ إِلَى ٱللَّهِۖ ثُمَّ تُوَفَّىٰ كُلُّ نَفۡسٖ مَّا كَسَبَتۡ وَهُمۡ لَا يُظۡلَمُونَ﴾
(wattaqou yawman tourja^ouna fihi ‘ila l-Lahi thoumma touwaffa koullou nafsin ma kaçabat wahoum la youdhlamoun)
qui signifie : « Craignez un jour dans lequel vous reviendrez à la vie pour être jugés par Dieu, puis chaque âme sera rétribuée justement pour ce qu’elle a acquis et personne ne subira d’injustices. »
Dieu تبارك وتعالى dit dans la sourate الحِجۡرِ Al–Hijr :
﴿ وَٱخۡفِضۡ جَنَاحَكَ لِلۡمُؤۡمِنِينَ ٨٨ ﴾
(wakhfid janahaka lil-mou’minin)
ce qui signifie : « Et sois modeste avec les croyants. »
Chers bien aimés, si nous réfléchissons à propos de la réalité douloureuse qui nous entoure, et si nous portons un regard approfondi sur la société en général, il nous paraitra clairement les grandes défaillances, les failles profondes et l’éloignement gigantesque dans les relations de beaucoup de gens avec leurs enfants. Surtout de la part de certains pères qui malheureusement ne voient pas de besoin à donner à leurs enfants la tendresse et la miséricorde auxquelles aspirent les enfants pour vivre une vie stable emplie de sécurité et d’harmonie.
Il se peut même que certains pères pensent qu’agir avec leurs enfants avec tendresse et compassion contredirait la virilité et que l’éducation a lieu avec dureté et brutalité uniquement. Ils se donnent pour illusion que la tendresse envers eux entraînerait un défaut de virilité chez eux et par là leur perdition. Et ceci fait partie des habitudes qui se sont propagées dans nos patries à cause de la profonde ignorance.
Combien d’enfants ont fugué de la maison de leur père en raison de l’extrême dureté de leur père ! Ils se sont égarés et ils ont dévié. Leurs pères ont regretté, mais trop tard. Tout en sachant que nous ne remettons pas en cause que l’enfant a besoin que l’on fasse preuve de fermeté dans certains cas, mais ce n’est pas tout le temps, et à condition que cela soit dans les limites de la sagesse. Car l’éducation est un art, un art dans lequel on fait preuve de fermeté dans certains cas et on fait preuve de douceur dans d’autres, afin que l’enfant grandisse entre le désir [de faire le bien] et la crainte [de faire le mal], aimant son père, sans oublier la miséricorde dont il avait fait preuve envers lui quand il était enfant, mais en étant conscient en même temps du sens de cette fermeté qui provenait de sa part dans certains cas.
En effet, on trouve dans le verset la parole adressée au Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم de faire preuve d’être miséricordieux envers les croyants. C’est l’ordre d’être doux, d’être modeste, miséricordieux envers ceux qui ont la foi.
Al–Qourtoubiyy dans son Tafsir a dit au sujet de :
﴿ وَٱخۡفِضۡ جَنَاحَكَ ﴾
(wakhfid janahaka) : « Ce terme vient à l’origine de l’oiseau qui, lorsqu’il couve ses petits et veut les rapprocher de lui, il écarte ses ailes puis tire sa progéniture sous son aile. Ce terme est donc utilisé pour décrire le fait que l’être humain rapproche les siens. » Ainsi, abaisser ses ailes pour les croyants englobe les gens âgés et les moins âgés, les gens proches et les gens éloignés. Entrent dans ce cadre l’épouse et les enfants, garçons et filles. De même que les graines dont on prend soin vont donner de belles plantes, également les enfants quand on s’en occupe comme il se doit, leur génération devient vertueuse et bonne.
Nous avons en la personne du Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم un excellent modèle. Il convient que nous méditions sur un aspect de son éminente manière de se comporter avec ses enfants et ses petits-enfants. Il convient aux parents de prendre pour modèle le meilleur père et le meilleur grand-père qu’ait connu l’histoire. Il est celui qui est le véritable modèle pour jauger de la relation entre un père et ses enfants. Ce modèle est fondé sur la miséricorde, la compassion, la tendresse, l’orientation vers le bien et la sollicitude. En effet, ont été réunies en la personne du Prophète صلَّى الله عليه وسلم la miséricorde de la prophétie et la tendresse de la paternité. Il s’occupait de ses enfants et de ses petits-enfants depuis leur naissance, il ne les négligeait jamais. Il se réjouissait de leur naissance, celle des garçons ou des filles. Il leur choisissait de bons prénoms. Il prenait soin d’eux, il veillait ardemment à préserver leur intérêt. Il s’attristait lorsque l’un d’entre eux tombait malade. Il les embrassait et les serrait contre lui.
Ainsi d’après la mère des croyants notre dame ^A’ichah, que Dieu l’agrée a dit : « Des bédoins, un jour, sont venus auprès du Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم, et ils ont posé la question : « Vous embrassez donc vos enfants ? » –parce qu’ils avaient vu les musulmans embrasser leurs enfants–. Les compagnons avaient alors répondu que oui. Les bédoins ont alors dit : « Par Dieu, nous, on ne les embrasse pas. » Alors le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم a dit :
(( أَوَأَمْلِكُ إِنْ كانَ اللهُ نَزَعَ مِنْكُمُ الرَّحْمَةَ ))
(‘awa’amlikou ‘in kana l-Lahou naza^a minkoumou r-rahmah) [rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim] ce qui signifie : « Que puis-je y faire, si Dieu vous a retiré la miséricorde ? » C’est-à-dire : « Il n’est pas en ma capacité de placer dans vos cœurs la miséricorde si Dieu l’a retirée de vos cœurs. »
Et Mouslim a rapporté d’après ‘Anas qu’il a dit : « Je n’ai jamais vu quelqu’un qui soit plus miséricordieux envers ses enfants que le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم. Ibrahim –à savoir le fils du Prophète صلَّى الله عليه وسلم – avait été placé chez une nourrice dans les environs de Médine, dans un des villages proches de Médine. Le Prophète s’y rendait et nous l’accompagnions. Il rentrait dans la maison où vivait la nourrice dont le mari était forgeron. Il prenait son fils Ibrahim, l’embrassait puis le laissait à nouveau. »
Et lorsque Ibrahim que l’on vient de mentionner était mort, il avait atteint deux ans, le Prophète a pleuré pour sa mort et en fut très chagriné. Il a dit :
(( يا إِبْراهِيمُ لَوْلَا أَنَّهُ أَمْرٌ حَقٌّ ووَعْدٌ صِدْقٌ وأَنَّ ءاخِرَنا سَيَلْحَقُ بِأَوَّلِنا لَحَزِنَّا عَلَيْكَ حُزْنًا هُوَ أَشَدُّ مِنْ هَذا وإِنّا بِكَ لَمَحْزُونُونَ تَبْكِي العَيْنُ ويَحْزَنُ القَلْبُ ولا نَقُولُ ما يُسْخِطُ الرَّبَّ ))
(ya ‘Ibrahimou lawla ‘annahou ‘amroun haqqoun wawa^doun sidqoun wa’anna ‘akhirana sayalhaqou bi’awwalina lahazinna ^alayka houznan houwa ‘achaddou min hadha wa’inna bika lamahzounouna tabki l-^aynou wayahzanou l-qalbou wala naqoulou ma youskhitou r-Rabb)
ce qui signifie : « Ô Ibrahim, si ce n’était pas une réalité et la réalisation d’une promesse véridique et que les derniers d’entre nous [à mourir] rejoindront les premiers, nous aurions fait preuve d’un chagrin encore plus intense que cela. Pourtant, nous sommes chagrinés de ton départ, les yeux pleurent et le cœur s’attriste, mais nous ne disons pas quelque chose qui ferait mériter le châtiment de Dieu. » Rapporté par Al-Bayhaqiyy dans ses Sounan.
Et dans les Sounan de Ibnou Majah par l’intermédiaire de ‘Anas, le Prophète صلَّى الله عليه وسلم leur a dit :
(( لا تُدْرِجُوهُ فِي أَكْفانِهِ حَتَّى أَنْظُرَ إِلَيْهِ ))
(la toudrijouhou fi ‘akfanihi hatta ‘andhoura ‘ilayh) ce qui signifie : « Ne l’enveloppez pas dans son linceul avant que je vienne le voir. » Il est venu, il s’est penché sur lui et s’est mis à pleurer.
Dès lors que tu as connu cela alors observe bien comment le Prophète صلَّى الله عليه وسلم se comportait avec ses petits-enfants. D’après Bouraydah, d’après son père, tout comme cela figure dans les Sounan de An-Naça’iyy, il a dit : « Le Prophète صلَّى الله عليه وسلم donnait son discours. Alors Al-Haçan et Al-Houçayn qui portaient deux habits rouges sont venus en trébuchant dans leurs habits. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلم est descendu du minbar, il a interrompu son discours, il les a portés, puis il est revenu avec eux au minbar. » Fin de citation
Dans le Mouwatta’ de l’Imam Malik d’après Qatadah As-Soulamiyy, le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم faisait la prière alors qu’il portait Oumamah fille de Zaynab, la fille du Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم. Lorsqu’il se prosternait, il la posait et lorsqu’il se relevait, il la portait à nouveau.
Regarde donc l’éminente tendresse du Maître des messagers صلَّى الله عليه وسلم, et efforce-toi et incite autrui, les gens de ta famille, tes frères, tes voisins, à prendre modèle sur lui dans la manière d’interagir avec les enfants. La modestie envers eux n’est pas une faiblesse du cœur. Que chacun d’eux reçoive une part de ta tendresse et de tes bons soins. La manière avec laquelle les pères se comportent avec leurs enfants aura un grand effet sur leur style de vie dans le futur. Il convient que tu agisses avec tendresse et de miséricorde.
At–Tirmidhiyy a rapporté de ‘Anas que le Prophète صلَّى الله عليه وسلم :
(( لَيْسَ مِنّا (أَيْ لَيْسَ مُتَّبِعًا لَنا اتِّباعًا كامِلًا) مَنْ لَمْ يَرْحَمْ صَغِيرَنا ويُوَقِّرْ كَبِيرَنا وَيَأْمُرْ بِالمَعْرُوفِ وَيَنْهَ عَنِ المُنْكَرِ ))
(layça minna man lam yarham saghirana wayouwaqqir kabirana waya’mour bil-ma^roufi wayanha ^ani l-mounkar) ce qui signifie : « Ne nous suit pas parfaitement celui qui ne fait pas miséricorde à nos plus jeunes, ne respecte pas nos plus âgés, n’ordonne pas le bien ou n’interdit pas le mal. »
Il ne convient pas qu’un père agisse mal concernant l’éducation de son enfant sans s’en rendre compte, en persistant sur la dureté et la rudesse. Combien de pères ont agi envers leurs jeunes enfants avec dureté et voilà que leurs enfants ont grandi dans l’ingratitude envers eux –^ouqouq–, corrompus, ne reconnaissant à leurs parents aucun mérite, ne se rappelant de leur éducation que la dureté qu’ils leur ont fait subir, ce qui brisera le cœur de leurs parents. Nous ne sommes pas en train de justifier de tels comportements de la part de certains enfants. Toutefois, il convient d’observer les causes qui ont mené à cela afin de les éviter, parce qu’elles reviennent souvent à l’extrême dureté subie dans l’enfance, que certains pensent être la meilleure éducation sur laquelle perdurer, et ceci est une grave erreur.
Combien avons-nous besoin de tirer profit des enseignements prophétiques, de s’inspirer de la conduite de la Meilleure des créatures. Certes, il n’y a pas d’éducation qui soit supérieure à l’éducation du Messager de Dieu, ni aucune voie meilleure que celle du Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم.
Après avoir tenu mes propos, je demande que Dieu me pardonne.
Second Discours[1] :
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.