Khoutbah n°1203
Discours du vendredi 14 Octobre 2022 correspondant au 17 rabi^ al-‘awwal 1444 de l’Hégire
Parmi les maladies du cœur, l’insincérité
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Louanges à Dieu, nous Le louons, nous Lui demandons Son aide, nous L’implorons de nous guider sur le chemin de droiture et nous Le remercions. Nous Le supplions de nous pardonner et nous nous repentons à Lui. Nous demandons que Dieu nous préserve du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Dieu guide, personne ne peut l’égarer et celui qu’Il égare, personne ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, Lui Qui n’a ni similaire, ni semblable, ni équivalent, Lui Qui est exempt d’avoir des dimensions, un corps et des membres.
Louanges à Dieu Qui a créé les créatures en leur donnant des aspects et des formes différentes, Qui a accordé un mérite à certaines personnes par rapport à d’autres, par leur comportement et l’usage de leur raison, Qui a fait que le véritable mérite est par la piété, sans prendre en compte leurs aspects et leurs apparences, mais bien plutôt le contenu de leurs cœurs, distinguant ainsi les gens les uns des autres par la piété.
Et je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie, محمّد Mouhammad, est Son esclave et Son Messager, son Élu et Son Bien-aimé, celui que Dieu a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, en tant que guide annonciateur de bonnes nouvelles et avertisseur d’un châtiment.
Ô Dieu, élève davantage en degrés notre Maître محمّد Mouhammad, ses proches musulmans et les pieux de sa communauté, ainsi que ses compagnons bons et purs et préserve sa communauté de ce qu’il craint pour elle.
Esclaves de Dieu, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Dieu العَلِيّ العَظِيم Al-^Aliyy Al-^Adhim, Lui Qui dit dans un verset explicite de Son Livre, dans la sourate الحَشۡر Al-Hachr :
﴿يَـٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱتَّقُواْ ٱللَّهَ وَلۡتَنظُرۡ نَفۡسٞ مَّا قَدَّمَتۡ لِغَدٖۖ وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَۚ إِنَّ ٱللَّهَ خَبِيرُۢ بِمَا تَعۡمَلُونَ﴾
(ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Laha wal-tandhour nafsoun ma qaddamat lighad wat-taqou l-Laha ‘inna l-Laha khabiroun bima ta^maloun)
ce qui signifie : « Ô vous qui avez la foi, faites preuve de piété et que chacun considère ce qu’il a préparé pour l’au-delà, faites preuve de piété, certes Dieu sait parfaitement tout ce que vous faites. »
Mes frères de foi, la piété est une parole légère sur la langue mais quelque chose qui pèsera lourd dans la balance. Elle prend place dans le cœur. C’est ainsi que le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a indiqué son cœur à trois reprises en disant :
(( التَّقْوَى هَا هُنَا التَّقْوَى هَا هُنَا ))
(at-taqwa ha houna, at-taqwa ha houna) [rapporté par Ahmad dans son Mousnad, Mouslim l’ayant rapporté avec la parole ha houna une seule fois] ce qui signifie : « La piété est ici ! La piété est ici ! »
Le cœur est le chef des organes : s’il est sur la vertu, les organes seront aussi sur la vertu et la personne deviendra pieuse. Mais s’il est corrompu, les organes seront aussi corrompus et la personne deviendra désobéissante. Alors, faites preuve de piété à l’égard de Dieu et faites des provisions pour le Jour de la résurrection. Dieu تعالى dit, dans la sourate الشُّعَرَاء Ach-Chou^ara’ :
﴿ يَوۡمَ لَا يَنفَعُ مَالٞ وَلَا بَنُونَ إِلَّا مَنۡ أَتَى ٱللَّهَ بِقَلۡبٖ سَلِيمٖ ﴾
(yawma la yanfa^ou maloun wala banouna ‘il-la man ‘ata l-Laha biqalbin salim)
ce qui signifie : « Le Jour où ni argent ni descendance ne sera d’aucune utilité, sauf celui qui parviendra au Jugement de Dieu avec un cœur sain de toute mécréance. »
Alors mon frère croyant, veille à corriger ton cœur en agissant conformément aux règles de la Loi de l’Islam, aussi bien en apparence qu’en ton for intérieur… Mon frère croyant, soigne ton cœur en te conformant à la Loi de Dieu تعالى, en prenant pour exemple le Prophète صلَّى الله عليه وسلم dans son comportement et ses façons d’être… Soigne ton cœur, car les cœurs ont des maladies que les médecins de ce bas monde ne peuvent guérir. En effet, si ton cœur est sain, ton corps tout entier sera sain et ta vie dans l’au-delà sera heureuse. En revanche, si ton cœur est en mauvais état, ton corps tout entier sera en mauvais état et par conséquent, ton état va se détériorer dans ta religion. Le cœur est donc le chef des organes ; c’est de lui qu’ils prennent leurs ordres.
Mes frères de Foi, il y a parmi les maladies du cœur l’insincérité –ar-riya’–. C’est le fait d’accomplir un acte de bien afin que les gens nous voient et fassent notre éloge.
Dieu تعالى dit, dans la sourate البَيِّنَة Al-Bayyinah :
﴿وَمَآ أُمِرُوٓاْ إِلَّا لِيَعۡبُدُواْ ٱللَّهَ مُخۡلِصِينَ لَهُ ٱلدِّينَ ٥﴾
(wama ‘oumirou ‘il-la liya^boudou l-Laha moukhlisina lahou d-din)
ce qui signifie : « Ils n’ont reçu l’ordre que d’adorer Dieu en pratiquant sincèrement la religion par recherche de Son agrément. »
Mon frère croyant, fais en sorte que ton intention soit toujours sincère par recherche de l’agrément de Dieu. Ne fais pas preuve d’insincérité et écoute avec moi le حديث hadith de Abou Hourayrah, que Dieu l’agrée, lorsque le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم a dit dans un حديث hadith rapporté par Mouslim :
(( قال الله تعالى أَنَا أَغْنَى الشُّرَكَاءِ عَنِ الشِّرْكِ مَنْ عَمِلَ عَمَلًا أَشْرَكَ فِيهِ مَعِي غَيْرِي تَرَكْتُهُ وَشِرْكَهُ ))
(qala l-Lahou ta^ala ‘ana ‘aghna ch-chouraka’i ^ani ch-chirki man ^amila ^amalan ‘achraka fihi ma^iya ghayri taraktouhou wachirkah)
ce qui signifie : « Dieu تعالى dit : [ce qui signifie :] Je suis absolument exempt d’avoir un associé ; si quelqu’un accomplit un acte, dans lequel il associe à la recherche de Mon agrément la recherche de celui de quelqu’un d’autre, Je n’agrée pas son acte. »
Le sens de ce حديث hadith est qu’il n’est pas digne d’attribuer des associés à Dieu. Mon frère en Islam, si tu fais donc un acte par lequel tu recherches la récompense de la part de Dieu ainsi que l’éloge des gens, Dieu ne l’acceptera pas de toi. L’acte qui est fait par quelqu’un d’insincère ne comporte pas de récompense. Pire encore, il tombe dans le péché à cause de son insincérité.
Alors mon frère en Islam, observe dans quel état tu es et surveille ton cœur. Si tu vois que tu te limites à accomplir les cinq prières obligatoires quand tu es seul, et que lorsque tu es en présence de gens, tu te mets à faire les prières surérogatoires liées aux prières obligatoires –rawatib–, alors demande-toi pourquoi tu les fais. Et si en étant seul, tu fais rapidement tes prières en te limitant aux piliers alors que lorsque tu es en présence de gens, tu prolonges ta prière et tu cherches à avoir dans ton cœur la crainte de Dieu tout en veillant à t’appliquer dans ta prière, alors demande-toi pourquoi tu le fais ! Est-ce que tu cherches à obtenir la considération et la reconnaissance dans le cœur des créatures ? Est-ce que cela compte plus pour toi que d’avoir l’agrément du Créateur ? Les gens sont des créatures comme toi, ils ne créent ni nuisance, ni profit. Ils ne te profiteront ou te nuiront si ce n’est par la volonté de Dieu. Dieu تعالى est Celui Qui domine les cœurs par la privation ou la grâce.
Pourquoi alors encourir le blâme de Dieu تعالى pour gagner l’éloge des gens alors que leur éloge n’augmentera en rien ta subsistance, ne retardera aucunement ton échéance et ne te sera d’aucune utilité au Jour du jugement ?! Alors, soigne ton cœur de l’insincérité, fais que l’agrément du Créateur du bien et du mal soit ton seul objectif. Fais en sorte que ton intention soit uniquement de rechercher l’agrément de Dieu et ne prête aucune attention au fait que les gens te blâment ou fassent ton éloge, car le bien tout entier réside dans l’agrément de Dieu.
Mon frère en Islam, écoute bien avec moi ce que Mouslim a rapporté de Soulayman Ibnou Yaçar qui a dit : « Les gens étaient en train de quitter l’assemblée autour de Abou Hourayrah, lorsque Natil, originaire du Cham [1], lui a dit : « Ô Chaykh, donnez-nous un حديث hadith que vous avez entendu du Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم. Il a dit :
— D’accord, j’ai entendu le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم dire :
(( إِنَّ أَوَّلَ النَّاسِ يُقْضَى يَوْمَ القِيَامَةِ عَلَيْهِ رَجُلٌ اسْتُشْهِدَ فَأُتِيَ بِهِ فَعَرَّفَهُ نِعَمَهُ فَعَرَفَهَا قَالَ فَمَا عَمِلْتَ فِيهَا قَالَ قَاتَلْتُ فِيكَ حَتَّى اسْتُشْهِدْتُ قَالَ كَذَبْتَ وَلَكِنَّكَ قَاتَلْتَ لِأَنْ يُقَالَ جَرِيءٌ فَقَدْ قِيلَ، ثُمَّ أُمِرَ بِهِ فَسُحِبَ عَلَى وَجْهِهِ حَتَّى أُلْقِيَ فِي النَّارِ، وَرَجُلٌ تَعَلَّمَ العِلْمَ وَعَلَّمَهُ وَقَرَأَ القُرْءَانَ فَأُتِيَ بِهِ فَعَرَّفَهُ نِعَمَهُ فَعَرَفَهَا قَالَ فَمَا عَمِلْتَ فِيهَا قَالَ تَعَلَّمْتُ العِلْمَ وَعَلَّمْتُهُ وَقَرَأْتُ فِيكَ القُرْءَانَ، قَالَ كَذَبْتَ وَلَكِنَّكَ تَعَلَّمْتَ العِلْمَ لِيُقَالَ عَالِمٌ وَقَرَأْتَ القُرْءَانَ لِيُقَالَ هُوَ قَارِئٌ فَقَدْ قِيلَ، ثُـَّم أُمِرَ بِهِ فَسُحِبَ عَلَى وَجْهِهِ حَتَّى أُلْقِيَ فِي النَّارِ، وَرَجُلٌ وَسَّعَ اللهُ عَلَيْهِ وَأَعْطَاهُ مِنْ أَصْنَافِ الـمَالِ كُلِّهِ فَأُتِيَ بِهِ فَعَرَّفَهُ نِعَمَهُ فَعَرَفَهَا قَالَ فَمَا عَمِلْتَ فِيهَا قَالَ مَا تَرَكْتُ مِنْ سَبِيلٍ تُحِبُّ أَنْ يُنْفَقَ فِيهَا إِلاَّ أَنْفَقْتُ فِيهَا لَكَ قَالَ كَذَبْتَ وَلَكِنَّكَ فَعَلْتَ لِيُقَالَ هُوَ جَوَادٌ فَقَدْ قِيلَ، ثُـَّم أُمِرَ بِهِ فَسُحِبَ عَلَى وَجْهِهِ حَتَّى أُلْقِيَ فِي النَّارِ ))
(‘inna ‘awwala n-naça youqda yawma l-qiyamati ^alayhi rajoulouni stouch-hida fa’outiya bihi fa^arrafahou ni^amahou fa^arafaha qala fama ^amilta fiha qala qataltou fika hatta stouch-hidtou qala kadhabta walakinnaka qatalta li’an youqala jari’ faqad qil, thoumma ‘oumira bihi fasouhiba ^ala wajhihi hatta ‘oulqiya fi n-nar ; warajouloun ta^allama l-^ilma wa^allamahou waqara’a l-qour’an fa’outiya bihi fa^arrafahou ni^amahou fa^arafaha qala fama ^amilta fiha qala ta^allamtou l-^ilma wa^allamtouhou waqara’tou fika l-qour’an qala kadhabta walakinnaka ta^allamta l-^ilma liyouqala ^alimoun waqara’ta l-qour’ana liyouqala houwa qari’ faqad qil, thoumma ‘oumira bihi fasouhiba ^ala wajhihi hatta ‘oulqiya fi n-nar ; warajouloun wassa^a l-Lahou ^alayhi wa’a^tahou min ‘asnafi l-mali koullihi fa’outiya bihi fa^arrafahou ni^amahou fa^arafaha qala fama ^amilta fiha qala ma taraktou min sabilin touhibbou ‘an younfaqa fiha ‘il-la ‘anfaqtou fiha qala kadhabta walakinnaka fa^alta liyouqala houwa jawad faqad qil, thoumma ‘oumira bihi fasouhiba ^ala wajhihi hatta ‘oulqiya fi n-nar.)
ce qui signifie : « Parmi les premières personnes à recevoir leur jugement au Jour Dernier, il y aura un homme qui est mort en recherchant le martyr. Il sera amené et on lui fera connaître ce qu’il avait reçu comme bienfaits, ce qu’il reconnaîtra. On lui dira : « Qu’as-tu fait avec ? Il répondra :
— J’ai combattu par recherche de Ton agrément jusqu’à mourir martyr ! Il lui sera dit :
—Tu mens, tu as combattu pour qu’on dise que tu étais courageux, et cela a été dit ! » Puis, il recevra sa sentence et sera traîné le visage contre terre jusqu’à être jeté en enfer.
Et un homme qui a appris la science, qui l’a enseignée et a récité le قرآن Qour’an ; il sera amené et on lui fera savoir les bienfaits qu’il avait reçus, ce qu’il reconnaîtra. On lui dira : « Qu’as-tu fait avec ? Il répondra :
— J’ai appris la science, je l’ai enseignée ; j’ai récité le قرآن Qour’an par recherche de Ton agrément. On lui dira :
—Tu mens, tu as appris la science pour qu’on dise : “C’est un savant !“ Tu as récité le قرآن Qour’an pour qu’on dise que tu sais bien réciter, et cela a été dit. » Puis, il recevra sa sentence et sera traîné le visage contre terre jusqu’à être jeté en enfer.
Et un homme que Dieu a enrichi et à qui Il a accordé différentes sortes de biens ; il sera amené, on lui rappellera ces bienfaits et il les reconnaîtra. On lui dira : « Qu’en as-tu fait ? Il répondra :
— Je n’ai laissé aucune voie dans laquelle tu agrées qu’on y dépense ses biens sans y dépenser mes biens par recherche de Ton agrément. On lui dira :
— Tu mens, car tu as fait cela pour qu’on dise de toi que tu étais quelqu’un de généreux, et cela a été dit. » Puis, il recevra sa sentence et sera traîné le visage contre terre jusqu’à être jeté en enfer. »
Mon frère croyant, quand tu fais la prière, fais-la par recherche de l’agrément de Dieu.
Quand tu donnes une aumône, donne-la par recherche de l’agrément de Dieu.
Quand tu améliores ton comportement, fais-le par recherche de l’agrément de Dieu.
Quand tu apprends, fais-le par recherche de l’agrément de Dieu.
Quand tu enseignes, fais-le par recherche de l’agrément de Dieu.
Quand tu obéis à Dieu, fais-le par recherche de Son agrément.
Si tu ne le fais pas, tu auras perdu ta vie et ton temps.
Ô Dieu, purifie nos cœurs de l’insincérité, fais-nous apprendre ce que nous ignorons, fais-nous profiter de ce que nous avons appris, accorde-nous la réussite afin d’œuvrer conformément à ce que nous avons appris et accorde-nous la sincérité en tout cela.
Ayant tenu mes propos, je demande à Dieu qu’Il me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours :
الحمد لله والصلاة والسَّلام على سيّدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Natil fils Qays Ach-Chamiyy qui était un tabi^iyy (successeur des compagnons), son père était un compagnon. Cf. le commentaire de An-Nawawiyy du livre de Mouslim.