Khoutbah n°1256
Discours du vendredi 20 octobre 2023 correspondant au 5 Rabi^ al-‘Akhir 1445 de l’Hégire.
Gardez-vous des Conséquences de la Colère
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Louanges à Dieu, nous recherchons Son aide, nous recherchons sa bonne guidée, nous demandons Son pardon, nous demandons qu’Il nous guide, nous demandons que Dieu nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvais actes. Celui que Dieu guide, c’est lui qui est bien-guidé, et celui qu’Il égare, tu ne trouveras personne pour le guider.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est unique, Il n’a pas d’associé ni de semblable ni d’équivalent ; quoi que tu imagines en ton esprit, Dieu en est différent. Celui qui qualifie Dieu par un des attributs des humains commet donc une mécréance.
Je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre guide, la cause de notre joie, محمّد Mouhammad, qu’il est l’esclave de Dieu et Son Messager, celui qu’Il a élu et qu’Il agrée le plus. Dieu l’a envoyé avec la bonne guidée et la religion de vérité, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment, appelant à la religion agréée par Dieu par Sa volonté. Il est tel un flambeau radieux, Dieu a guidé grâce à lui la communauté, Il a dissipé grâce à lui les tourments, il a fait sortir les gens des ténèbres vers la lumière, que Dieu le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué un prophète pour sa communauté.
Ô Dieu, honore et élève davantage en degré notre maître محمّد Mouhammad ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs, et ceux qui les ont suivis avec bienfaisance jusqu’au Jour dernier.
Esclaves de Dieu, je vous recommande, ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Dieu العَظِيم Al-^Adhim, Lui Qui dit dans Son Livre honoré, dans la sourate الشُّورَىٰ Ach-Choura :
﴿ وَٱلَّذِينَ يَجۡتَنِبُونَ كَبَـٰٓئِرَ ٱلۡإِثۡمِ وَٱلۡفَوَٰحِشَ وَإِذَا مَا غَضِبُواْ هُمۡ يَغۡفِرُونَ ﴾
(wal-ladhina yajtanibouna kaba’ira l-‘ithmi wal-fawahicha wa’idha ma ghadibou houm yaghfiroun) [42/37] ce qui signifie : « Et ceux qui évitent les grands péchés et les choses indécentes et qui, si jamais ils se mettent en colère, accordent leur pardon. »
D’après Abou Hourayrah, un homme avait dit au Prophète صلَّى الله عليه وسلم : « Donne-moi un conseil », il lui avait répondu :
(( لَا تَغْضَبْ فَرَدَّدَ مِرَارًا قالَ لا تَغْضَبْ ))
(la taghdab) ce qui signifie : « Ne te mets pas en colère. » Et il l’a répété plusieurs fois en disant (la taghdab) ce qui signifie : « Ne te mets pas en colère. » Ceci est rapporté par Al-Boukhariyy.
Il n’y a pas de doute que la colère fait partie des causes majeures qui entraînent de bien mauvaises conséquences et de grandes catastrophes, qui peuvent arriver parfois jusqu’au fait de tuer et de détruire. La colère est telle une braise qui brûle dans le cœur et consume son porteur. Il se peut que ses flammes s’étendent aux autres, ce qui provoque des disputes et engendre la haine dans les âmes, parfois même entre frères et cousins. Il se peut même que les flammes de la colère ne s’éteignent pas pendant des années et qu’à cause d’elle soient consumés des enfants et des petits-enfants.
Le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a recommandé à cet homme, dans ce حديث hadith, de délaisser la colère. Cela montre que la colère, qui fait sortir la personne sous son emprise du cadre de la sagesse, est quelque chose de blâmable. Il est possible que le Prophète عليه السلام ait su que cet homme se mettait souvent en colère et qu’il lui ait ordonné ce qui correspondait à son cas à lui. Il s’est limité à une réponse concise, éloquente, qui comporte l’ordre d’éviter la colère pour mettre en garde contre les nuisances et les péchés qui peuvent en découler.
Ce حديث hadith précédemment cité, comporte un sens, proche de celui de la parole de Dieu dans la sourate الشُّورَىٰ Ach-Choura :
﴿ وَإِذَا مَا غَضِبُواْ هُمۡ يَغۡفِرُونَ ﴾
(wa’idha ma ghadibou houm yaghfiroun)
ce qui signifie : « et qui, si jamais ils se mettent en colère, accordent leur pardon. »
C’est-à-dire que leur colère ne leur fait pas perdre leur bon sens et ne les fait pas sortir du cadre de la sagesse, ils se contrôlent et ne mettent pas à exécution leur colère, leur colère ne les entraîne pas vers des conséquences indésirables.
Il y a aussi dans le حديث hadith cité un sens proche du sens de la parole de Dieu dans la sourate
آلِ عِمۡرَان ‘Ali ^Imran :
﴿ وَٱلۡكَٰظِمِينَ ٱلۡغَيۡظَ وَٱلۡعَافِينَ عَنِ ٱلنَّاسِۗ وَٱللَّهُ يُحِبُّ ٱلۡمُحۡسِنِينَ ١٣٤ ﴾
(wal-kadhimina l-ghaydha wal-^afina ^ani n-naçi wal-Lahou youhibbou l-mouhçinin)
ce qui signifie : « Ceux qui étouffent leur fureur, ceux qui pardonnent aux gens, Dieu agrée les bienfaisants. »
Étouffer la fureur revient à ce que la personne en proie à la fureur la garde en son for intérieur et ne la manifeste ni en parole ni en acte, cela revient à patienter face à cette fureur. Et la fureur, c’est le fait que le cœur soit en ébullition à cause de la colère. Peu de gens sont capables, lorsqu’ils sont en colère, de l’étouffer et de ne manifester aucunes traces de leur colère. Quand tu vois la plupart des gens, lorsqu’ils sont en colère, leur sang se met à bouillir dans leur cœur ; ils cherchent à la manifester, parce que leur colère provient d’habitude d’une incitation du chaytan à les faire sortir de leur modération. Tu les vois menacer et promettre des nuisances pour des choses futiles, pour des choses du bas monde. À cause de cela, il y a des gens qui ne se parlent plus, des gens qui se tendent des pièges les uns aux autres, pour le bas monde. Al-Bayhaqiyy a rapporté de Bichr Ibnou l-Harith que le Prophète de Dieu عيسى ^Iça عليه السلام a dit :
(( حُبُّ الدُّنْيا رَأْسُ كُلِّ خَطِيئَةٍ ))
(houbbou d-dounya ra’sou koulli khati’ah)
ce qui signifie : « Aimer le bas monde est source de tout péché. »
Chers frères de foi, combien avons-nous besoin de prendre pour exemple le Prophète صلَّى الله عليه وسلم pour que notre religion nous soit préservée… pour que notre bas monde nous soit préservé… plus encore, pour que notre santé nous soit préservée ! En effet, combien et combien de maladies la colère entraîne, qui finissent par dévaster la santé des personnes en proie à la colère. Dieu a accordé aux croyants, en la personne du Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم, un excellent modèle. Dieu تعالى dit dans la sourate الأَحۡزَاب Al-‘Ahzab :
﴿ لَّقَدۡ كَانَ لَكُمۡ فِي رَسُولِ ٱللَّهِ أُسۡوَةٌ حَسَنَةٞ لِّمَن كَانَ يَرۡجُواْ ٱللَّهَ وَٱلۡيَوۡمَ ٱلۡأٓخِرَ ﴾
(laqad kana lakoum fi raçouli l-Lahi ‘ouswatoun haçanatoun liman kana yarjou l-Laha wal-yawma l-‘akhir)
ce qui signifie : « Vous avez en la personne du Messager de Dieu un excellent modèle pour ceux qui aspirent[1] à la récompense de Dieu et à la réussite au Jour Dernier. »
At-Tirmidhiyy a rapporté de Hind Ibnou Abi Halah, qu’il a dit en décrivant le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم : « Le bas monde ne le mettait pas en colère, ni rien de ce qui relève du bas monde. Mais lorsque le droit n’était pas respecté, alors rien ne mettait un terme à son courroux tant qu’il n’avait pas fait valoir le droit. Il ne se mettait jamais en colère comme peuvent le faire les gens pour défendre leurs passions et les faire prévaloir. »
Si tel est le cas du Meilleur des êtres créés, le Prophète de Dieu صلَّى الله عليه وسلم, que chacun d’entre nous étudie son propre cas : où en est-on par rapport à ces nobles caractères ? Que chacun de nous, lorsqu’il se met en colère, ne se mette en colère que pour l’agrément de Dieu… et lorsqu’il se satisfait, ne se satisfasse que pour l’agrément de Dieu… et lorsqu’il aime, qu’il n’aime que pour l’agrément de Dieu… et lorsqu’il prend quelqu’un pour ennemi, qu’il ne le fasse que pour l’agrément de Dieu… en espérant les récompenses de la part de Dieu, et en prenant pour exemple le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم.
Il a été rapporté que le Prophète صلَّى الله عليه وسلم était sorti pour la bataille de ‘Anmar. Lorsque les arabes de la campagne avaient entendu qu’il venait, ils s’étaient réfugiés aux sommets des montagnes. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلم campa avec ceux de ses compagnons qui étaient avec lui, puis il est parti pour satisfaire un besoin. La pluie étant tombée et ayant mouillé ses vêtements, il les avait mis à sécher en les étendant sur un arbre. Les gens de la tribu de Ghatafan s’adressèrent alors à Dou^thour fils de Al-Harith, qui était le chef de son peuple et courageux, et lui dirent : « محمّد Mouhammad s’est mis à l’écart de ses compagnons et tu ne le trouveras pas plus seul que maintenant. » Il s’est donc muni d’une épée tranchante et descendit de la montagne, le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم étant allongé et attendant que ses vêtements sèchent. Dou^thour fils de Al-Harith apparut brusquement devant le Prophète brandissant l’épée au-dessus de sa tête et disant : « Qui te protègera de moi, ô محمّد Mouhammad ? » Alors le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم avait répondu :
(( اللهُ عَزَّ وَجَلَّ ))
(Allah ^azza wajall)
جبريل Jibril عليه السلام repoussa Dou^thour en frappant sa poitrine et l’épée tomba de sa main. Le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم s’empara de l’épée et se tint avec au-dessus de sa tête en lui disant :
(( مَنْ يَمْنَعُكَ مِنِّي؟ ))
(man yamna^ouka minni)
ce qui signifie : « Qui te protègera de moi ? »
Alors Dou^thour lui dit : « Personne. » Alors le Prophète صلَّى الله عليه وسلم lui dit :
(( قُمْ فَاذْهَبْ لِشَأْنِكَ ))
(qoum wadh-hab licha’nik)
ce qui signifie : « Lève-toi et vaque à tes affaires. »
En s’en allant, il avait dit au Prophète صلَّى الله عليه وسلم : « Tu es meilleur que moi » jusqu’à la fin du حديث hadith. Par la suite, Dou^thour est entré en Islam.
Prenons donc exemple sur le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم en suivant ses préceptes honorables, pour être au nombre des gagnants dans les deux résidences.
Il a été confirmé que le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a dit dans un حديث hadith rapporté par Abou Dawoud :
(( مَنْ كَظَمَ غَيْظًا وَهُوَ قَادِرٌ أَنْ يُنْفِذَهُ دَعَاهُ اللهُ عَزَّ وَجَلَّ عَلَى رُؤُوسِ الخَلَائِقِ يَوْمَ القِيَامَةِ حَتَّى يُخَيِّرَهُ اللهُ مِنَ الحُورِ العِينِ ما شاءَ ))
(man qadhama ghaydhan wahouwa qadiroun ‘an younfidhahou da^ahou l-Lahou ^azza wajalla ^ala rou’ouci l-khala’iqi yawma l-qiyamati hatta youkhayyirahou l-Lahou mina l-houri l-^ayni ma cha’)
ce qui signifie : « Celui qui étouffe une colère alors qu’il est capable de la mettre en œuvre, Dieu lui donnera à choisir, devant tout le monde, au Jour du jugement, celles parmi les femmes du Paradis qu’il voudra. »
Ayant su cette parole, elle nous indique la corruption et l’invalidité de ce que certains disent, que celui qu’on pousse à se mettre en colère et qui ne se met pas en colère serait un âne. Ceci fait partie des paroles qui contredisent ce qu’entraînent le bon état et les nobles caractères, qui impliquent que l’homme se pare d’indulgence. Celui qui blâme le pardon et la patience contredit les enseignements de la foi.
Celui qui contredit son âme, qui la contraint à s’attacher au splendide enseignement prophétique, et qui a le dessus sur ses passions, c’est lui qui est véritablement fort.
Ahmad a rapporté de Abou Hourayrah que le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a dit :
(( لَيْسَ الشَّدِيدُ بِالصُّرَعَةِ وَلَكِنَّ الشَّدِيدَ الَّذِي يَمْلِكُ نَفْسَهُ عِنْدَ الغَضَبِ ))
(layça ch-chadidou bis–soura^ah walakinna ch-chadida l-ladhi yamlikou nafsahou ^inda l-ghadab)
ce qui signifie : « Celui qui est véritablement fort n’est pas celui qui gagne au corps-à-corps, mais le fort en vérité, c’est celui qui maîtrise son âme lors de la colère. »
Cela veut dire que celui qui est fort véritablement n’est pas celui qui arrive à avoir le dessus au corps-à-corps par sa force physique, mais c’est celui qui arrive à se contenir lors de sa colère.
Al-Bayhaqiyy a rapporté de Abou l-Boujayr que le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a dit :
(( أَلَا رُبَّ مُكْرِمٍ لِنَفْسِهِ وَهُوَ لَهَا مُهِينٌ ))
(‘ala roubba moukrimin linafsihi wahouwa laha mouhin)
ce qui signifie : « Combien sont ceux qui croient honorer leur âme alors qu’en réalité ils sont en train de l’humilier. »
C’est-à-dire qu’ils font un acte par lequel ils pensent honorer leur âme, par exemple en se mettant en colère pour se venger, pour avoir le dernier mot, et ils considèrent que c’est un acte de bravoure, un acte héroïque, alors qu’en fait, ils ont dépassé les limites de la religion, et se sont humiliés eux-mêmes en désobéissant à Dieu, en s’exposant à la punition de Dieu, sans s’en apercevoir.
Dans le même sens, Al-Qadi Ibnou l-Wardiyy a dit :
Ne sera jamais héros le brigand de grand chemin
Le héros n’est que celui qui obéit à Dieu et Le craint
Louanges à Dieu en commençant et en concluant.
Second Discours :
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] aspirer à : désirer ardemment et prendre des dispositions pour réussir