Khoutbah n°1293
Discours du vendredi 5 juillet 2024 correspondant au 29 Dhou l-Hijjah 1445 de l’Hégire
L’Émigration Prophétique
اَلْهِجْرَةُ النَّبَوِيَّةُ
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Louanges à Dieu et que la préservation soit accordée à Ses esclaves qu’Il a élus au rang de prophète. La louange est à Dieu Celui Qui est unique et Qui n’a pas d’associé, Qui ne se divise pas et Qui n’est pas composé, Qui n’a pas de second et Qui n’a besoin de rien alors que toute chose a besoin de Lui, Celui Qui n’engendre pas et Qui n’est pas engendré, et Qui n’a pas d’équivalent.
Que l’honneur et l’élévation en degré, ainsi que la préservation de ce qu’il craint pour sa communauté, soient accordés à notre maître, notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie, Mouhammad, celui que Dieu a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, annonciateur de bonne nouvelle, avertisseur d’un châtiment, appelant à la religion agréée par Dieu par Sa volonté, qui est tel un flambeau éclatant de lumière. Dieu a guidé par lui la communauté, Il a dévoilé par sa cause les tourments, que Dieu le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué l’un de Ses prophètes.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, Celui Qui a la souveraineté éternelle sur toute chose, Celui Dont l’existence est confirmée par toute chose, Celui Qui a la supériorité par la contrainte et la puissance sur toute chose.
Et je témoigne que notre maître Mouhammad est le messager de Dieu, le véridique, fidèle à ses promesses, l’Honnête en qui l’on a confiance. Que les honneurs de la part de mon Seigneur et l’apaisement quant au sort de sa communauté soient accordés à Mouhammad le Prophète qui n’a jamais lu et n’a jamais écrit, ainsi qu’à sa famille et à ses compagnons bons et purs.
Esclaves de Dieu, je vous recommande, ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Dieu Al-^Aliyy Al-^Adhim, de marcher sur les pas de Son Messager honorable. Allah tabaraka wata^ala dit dans le Qour’an honoré, dans la sourate At-Tawbah :
﴿ إِلَّا تَنصُرُوهُ فَقَدۡ نَصَرَهُ ٱللَّهُ إِذۡ أَخۡرَجَهُ ٱلَّذِينَ كَفَرُواْ ثَانِيَ ٱثۡنَيۡنِ إِذۡ هُمَا فِي ٱلۡغَارِ إِذۡ يَقُولُ لِصَٰحِبِهِۦ لَا تَحۡزَنۡ إِنَّ ٱللَّهَ مَعَنَاۖ فَأَنزَلَ ٱللَّهُ سَكِينَتَهُۥ عَلَيۡهِ وَأَيَّدَهُۥ بِجُنُودٖ لَّمۡ تَرَوۡهَا وَجَعَلَ كَلِمَةَ ٱلَّذِينَ كَفَرُواْ ٱلسُّفۡلَىٰۗ وَكَلِمَةُ ٱللَّهِ هِيَ ٱلۡعُلۡيَاۗ وَٱللَّهُ عَزِيزٌ حَكِيمٌ ﴾
(‘il-la tansourouhou faqad nasarahou l-Lahou ‘idh ‘akhrajahou l-ladhina kafarou thaniya thnayni ‘idh houma fi l-ghari ‘idh yaqoulou lisahibihi la tahzan ‘inna l-Laha ma^ana fa’anzala l-Lahou sakinatahou ^alayhi wa’ayyadahou bijounoudin lam tarawha waja^ala kalimata l-ladhina kafarou s-soufla wakalimatou l-Lahi hiya l-^oulya wal-Lahou ^Azizoun Hakim)
ce qui signifie : « Si vous ne le soutenez pas, Dieu l’a soutenu lorsque ceux qui ont mécru l’ont fait sortir, lorsqu’ils étaient deux dans la grotte, et qu’il disait à son compagnon : “Ne sois pas chagriné, certes Dieu nous accordera la victoire.” Dieu a fait descendre sur lui une sérénité de Sa part, Il l’a soutenu par des soldats que vous n’avez pas vus et Il a fait que ceux qui sont mécréants soient perdants. Certes la parole « Il n’est de dieu que Dieu » a le dessus. Certes Dieu est ^Aziz – le Tout-Puissant Qui n’est pas vaincu –, Hakim – Celui Qui crée par une sagesse parfaite car Il sait l’issue de toute chose –. »
Chers frères de foi, lorsque le Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ a été envoyé, il a reçu l’ordre de transmettre et d’avertir sans combattre. Il appelait au grand jour à l’obéissance envers Dieu et passait parmi les arabes associateurs lorsqu’ils se rassemblaient à la saison du pèlerinage, venant de différentes régions en leur disant :
(( يَا أَيُّها النَّاسُ قُولُوا لَا إِلَهَ إِلَّا اللهُ تُفْلِحُوا ))
(ya ‘ayyouha n-naçou qoulou la ‘ilaha ‘il-la l-Lahou touflihou)
Ce hadith rapporté par ‘Ahmad dans son Mousnad et d’autres signifie : « Ô vous les gens, dites : la ‘ilaha ‘il-la l-Lah, vous gagnerez. »
Il a appelé ^alayhi s–salatou was-salam à l’équité, à la bienfaisance, aux nobles comportements. Il a interdit ce qui est blâmable et l’injustice. Certains ont cru en lui comme Abou Bakr, ^Oumar, ^Outhman, ^Aliyy, Bilal et d’autres, mais la plupart des gens sont restés sur leur mécréance. Ils se sont mis alors à nuire à sa personne et à ses compagnons. Lorsque la nuisance s’intensifia, le Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ donna l’ordre à certains de ses compagnons d’émigrer en Abyssinie. Et le Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ avait rencontré, lors de la saison du pèlerinage, un groupe de gens de la ville de Yathrib, qui étaient de la tribu de Al-Khazraj. Il les avait appelés à l’Islam et ils étaient entrés en Islam. Puis leur nombre avait augmenté l’année suivante et lorsqu’ils étaient repartis, il avait envoyé avec eux l’un de ses compagnons صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ pour enseigner le Qour’an à ceux des gens de Yathrib qui étaient musulmans, et pour appeler ceux d’entre eux qui n’étaient pas encore musulmans à entrer en Islam. Lorsque les partisans du Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ devinrent nombreux à Yathrib, Dieu ordonna aux musulmans d’émigrer vers Yathrib. Ils ont émigré en groupe, groupe après groupe. Puis, chers frères de foi, l’ordre de Allah ta^ala est venu pour Son prophète صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ d’émigrer à Yathrib, Il lui a donné l’ordre de laisser La Mecque, le lieu de sa naissance ^alayhi s–salatou was-salam, qui était la ville qu’il aimait le plus. Il a donc obéi à l’ordre de Allah ta^ala, et a émigré en supportant les difficultés de ce voyage, par obéissance à Allah ta^ala et non pas par crainte des associateurs ou par couardise, car le Prophète صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ était le plus courageux des gens. Ce n’était pas par désespoir face à ce qu’il vivait, ni par attachement à la réputation, au pouvoir ou à la gouvernance. En effet, les hommes les plus nobles et les maîtres de La Mecque étaient venus à lui pour lui dire : « Si tu recherches par ton appel la fortune, nous collecterons une partie de nos biens pour toi afin que tu sois le plus riche d’entre nous. Si tu recherches le pouvoir, nous te désignons comme roi. » Ils ont dit : « Mais arrête de dire du mal de nos dieux. » Mais le Prophète est trop honorable pour avoir l’objectif d’acquérir le bas monde, d’obtenir le pouvoir et de jouir de la gouvernance. C’est pour cela qu’il a dit à son oncle, Abou Talib qui avait transmis leur proposition :
(( وَاللهِ يَا عَمُّ لَوْ وَضَعُواْ الشَّمْسَ في يَمِينِي والقَمَرَ في يَسارِي عَلى أَنْ أَتْرُكَ هَذا الَامْرَ ما تَرَكْتُهُ حَتَّى يُظْهِرَهُ اللهُ سُبْحانَهُ وتَعالى أَوْ أَهْلِكَ دُونَهُ ))
(wal-Lahi ya ^ammi law wada^ou ch-chamsa fi yamini wal-qamara fi chamali ^ala ‘an atrouka hadha l-‘amra ma taraktouhou hatta youdh-hirahou l-Lahou ‘aw ‘ahlika dounah)
ce qui signifie : « Par Dieu, ô mon oncle, s’ils mettaient le soleil à ma droite et la lune à ma gauche afin que je délaisse ce sujet, je ne l’abandonnerai pas jusqu’à ce que Dieu lui donne la victoire ou que je meure en l’accomplissant. »
Que l’honneur et l’élévation en degré te soient accordés ô, mon maître, ô, Messager de Dieu.
Après cela, les associateurs de La Mecque s’étaient réunis et s’étaient mis d’accord pour tuer le Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ, par crainte que son appel ne se propage à d’autres villes. Ils s’étaient mis d’accord pour choisir dans chaque tribu un homme vaillant, d’ascendance bien établie, pour que tous ensemble ils lui portent le coup d’un seul homme, c’est-à-dire pour le tuer tous en même temps, afin que son sang rejaillisse sur l’ensemble des tribus et que le clan de Banou ^Abdi Manaf soit incapable de les combattre toutes ensemble et qu’ils acceptent en contrepartie le prix du sang.
Allah tabaraka wata^ala envoya Jibril au Messager de Dieu pour lui annoncer la ruse des gens de son peuple. Il lui demanda de ne pas dormir là où il dormait d’habitude. Le Messager de Dieu invita ^Aliyy Ibnou Abi Talib à dormir dans son lit et à se couvrir avec un habit vert qui lui appartenait, ce qu’il fit. Puis, le Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ sortit en dépit des gens qui étaient devant sa porte. Il avait à la main une poignée de terre qu’il dispersa sur leurs têtes. Dieu a fait qu’ils ne purent pas le voir et aucun d’entre eux ne le vit. Au matin, ils trouvèrent ^Aliyy Ibnou Abi Talib et surent alors que le Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ leur avait échappé. Ils enfourchèrent alors leurs montures et se lancèrent à sa poursuite dans toutes les directions.
Le Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ, chers frères de foi, chemina avec son compagnon Abou Bakr As–Siddiq, jusqu’à parvenir à la grotte de Thawr. Ils y entrèrent ; une araignée vint tisser sa toile à l’entrée de la grotte et une colombe vint y pondre son œuf et se mit à le couver.
La recherche des gens de Qouraych les amena jusque-là et lorsqu’ils furent à l’entrée de la grotte, Abou Bakr dit au Messager : « Si l’un d’entre eux regarde juste au niveau de ses pieds, il nous verra. » Alors le Prophète صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ lui dit :
(( يا أبا بكر ما ظنّك باثنين الله ثالثهما ))
(ya ‘Aba Bakr ma dhannouka bithnayni l-Lahou thalithouhouma)
ce qui signifie : « Ô Abou Bakr, que penses-tu de deux personnes à qui Dieu accorde la victoire. » Bien sûr, cela ne veut pas dire que Dieu était dans la grotte avec eux, Dieu est exempt de cela.
C’est ainsi que Dieu a préservé Son messager ^alayhi s–salatou was-salam et son compagnon de la poursuite des mécréants de Qouraych jusqu’à ce qu’ils arrivent à Médine l’Illuminée. Ses habitants ont accueilli la bonne nouvelle de son arrivée dans la liesse. Le Prophète donna à la ville qui s’appelait auparavant Yathrib le nom de Al-Madinah – Médine –, et il établit un lien de fraternité entre ses habitants, c’est-à-dire les partisans – al-‘ansar –, et les émigrants – al-mouhajiroun –. Les cœurs des musulmans battirent alors comme le cœur d’un seul homme, ils devinrent tels un mur en pierres de taille dont chaque bloc soutient l’autre. L’émigration fut donc la proclamation que l’influence du faux, quelle que fût son importance, allait décliner et que sa puissance allait échouer et se dissiper, et que la vérité verrait nécessairement le jour où sa bannière flotterait haut et où sa parole aurait le dessus. Allah ^azza min qa’il dit, dans la sourate Ghafir :
﴿ إِنَّا لَنَنصُرُ رُسُلَنَا وَٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ فِي ٱلۡحَيَوٰةِ ٱلدُّنۡيَا وَيَوۡمَ يَقُومُ ٱلۡأَشۡهَٰدُ ﴾
(‘inna lanansourou rouçoulana wal-ladhina ‘amanou fi l-hayati d-dounya wayawma yaqoumou l-‘ach-had)
ce qui signifie : « Certes, Nous soutenons nos Messagers et ceux qui ont été croyants, dans la vie du bas monde et au Jour du jugement. »
Chers frères de foi, les leçons que l’on peut tirer de l’Émigration sont nombreuses, parmi lesquelles il y a de patienter face aux difficultés et aux épreuves, de persévérer lorsque l’on est confronté à ce qui est faux et toujours se tenir du côté de la vérité avec courage et détermination en prodiguant ses efforts et ses biens pour lui assurer la victoire.
Que Dieu fasse que nous soyons parmi les gens qui réussissent à soutenir cette religion.
Ayant tenu mes propos, je demande que Allah Al-^Adhim me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours[1] :
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou ttaqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers des discours selon Ach-Chafi^iyy. Pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français, les piliers devraient être dits en arabe.