Discours en Arabe et en Français
Khoutbah n°1008
Discours du vendredi 18 janvier 2019, correspondant au 12 joumada l-‘oula 1440 de l’Hégire
^Outhman ibnou ^Affan
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous Le louons, nous Lui demandons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions, nous implorons Son pardon, nous nous repentons à Lui, nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvais actes, celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer et celui qu’Il égare, nul ne peut le guider.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, qu’Il n’a pas de semblable ni de ressemblant, pas d’opposé ni d’équivalent. Il est exempt des limites et du corps, des organes et des membres.
Et je témoigne que notre maître et notre bien aimé, notre guide et notre éminence, la source de notre joie, Mouhammad, est Son esclave et Son messager, celui qu’Il a élu et qu’Il agrée le plus, celui que Allah a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment. Ô Allah honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad ainsi que sa famille bonne et pure et ses compagnons honorables, ceux qui ont défendu la vérité et la religion.
Après quoi, esclaves de Dieu, je vous recommande, ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allah, Al-^Aliyy Al-^Adhim, Celui Qui dit dans un verset explicite de Son Livre :
﴿مِّنَ ٱلۡمُؤۡمِنِينَ رِجَالٞ صَدَقُواْ مَا عَٰهَدُواْ ٱللَّهَ عَلَيۡهِۖ فَمِنۡهُم مَّن قَضَىٰ نَحۡبَهُۥ وَمِنۡهُم مَّن يَنتَظِرُۖ وَمَا بَدَّلُواْ تَبۡدِيلٗا﴾
[sourat Al-‘Ahzab / 23] (mina l-mou’minina rijaloun sadaqou ma ^ahadou l-Laha ^alayhi faminhoum man qada nahbahou waminhoum man yantadhirou wama baddalou tabdila) ce qui signifie : « Il y a parmi les croyants des hommes qui ont respecté les engagements qu’ils ont pris à l’égard de Allah ; parmi eux, il y a ceux qui sont arrivés à leur terme et d’autres qui sont encore dans l’attente, et ils n’ont pas changé leur engagement. »
Et Allah dit :
﴿يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱتَّقُواْ ٱللَّهَ وَكُونُواْ مَعَ ٱلصَّٰدِقِينَ﴾
[sourat At-Tawbah / 119] (ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Laha wakounou ma^a s–sadiqin) ce qui signifie : « Ô vous qui êtes croyants en Dieu, faites preuve de piété à l’égard de Allah et soyez avec ceux qui sont véridiques. »
Et le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( فعليكم بسنّتي وسنة الخلفاء المهديّين الراشدين تمسكوا بها وعضّوا عليها بالنّواجذ ))
[rapporté par Abou Dawoud dans ses Sounan et d’autres] (fa^alaykoum bisounnati wasounnati l-khoulafa’i l-mahdiyyina r-rachidin tamassakou biha wa^addou ^alayha bin-nawajidh) ce qui signifie : « Attachez-vous à ma Sounnah et à la sounnah des califes bien guidés, attachez-vous à cela très fermement. »
Les califes bien guidés faisaient partie des gens de science, qui sont les héritiers des prophètes. Les meilleurs d’entre eux sont les quatre califes Abou Bakr, ^Oumar, ^Outhman et ^Aliyy, que Allah les agrée. Leurs califats ont duré en tout environ trente ans. Nous allons parler aujourd’hui de l’Émir des croyants ^Outhman Ibnou ^Affan, que Allah l’agrée. Il se nomme Abou ^Abdi l-Lah ^Outhman Ibnou ^Affan, fils de Abou l-^As, fils de ‘Oumayyah, fils de ^Abdou Chams, fils de ^Abdou Manaf, fils de Qousayy, le Qurachite, l’omeyyade. Sa mère se nommait Arwa fille de Kourayz. Il a également été surnommé Dhou n-Nourayn car il a épousé deux des filles du Maître des mondes salla l-Lahou ^alayhi wasallam : Rouqayyah, puis ‘Oummou Koulthoum après la mort de sa sœur.
Il était, que Dieu l’agrée, de taille moyenne, ni petit ni grand. Il avait un beau visage, blanc, teinté de rougeurs, la barbe fournie, de longs avant-bras que couvrait sa pilosité, il avait renforcé ses dents avec de l’or.
Il est né six ans après l’année de l’éléphant. Il est entré tôt en Islam, sur les mains de Abou Bakr, que Allah les agrée tous les deux. Il fait donc partie des prédécesseurs, des premiers à être entrés en Islam. Il a accompli les deux émigrations : la première de La Mecque vers l’Abyssinie et la deuxième de La Mecque à Médine.
Il était présent lors de tous les évènements importants avec le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam, hormis Badr parce que son épouse Rouqayyah était malade. Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam lui avait ordonné de rester à Médine pour s’occuper d’elle, mais le Prophète l’avait compté, malgré cela, au nombre des gens de Badr et lui avait donné sa part du butin.
Il fut désigné pour être Calife après la mort de ^Oumar Ibnou l-Khattab, que Allah l’agrée, trois nuits après sa mort. À son époque, d’éminentes conquêtes ont eu lieu, l’état musulman s’est propagé et beaucoup de gens sont entrés en Islam, grâce à Dieu.
Ses mérites sont éminents et les traces qu’il a laissées, que Allah l’agrée, sont nombreuses. On cite notamment qu’en l’an trente de l’Hégire, il avait craint qu’il y ait une divergence à propos du Qour’an. Il a donc convoqué les compagnons et a fait quatre ou cinq copies du mous–haf, à partir du mous–haf qu’avait rassemblé Abou Bakr As–Siddiq, que Allah l’agrée. Il a envoyé dans chaque région un mous–haf qui soit une référence et sur laquelle les gens de cette région puissent se baser. Et il n’y eut jamais, par la grâce de Dieu, de divergence au sujet du Qour’an.
Concernant son ascèse dans le bas monde : il y a notamment qu’il dépensait ses biens dans la voie que Allah agrée. At-Tirmidhiyy a rapporté dans ses Sounan que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam avait adressé un discours aux gens pour les inciter à préparer l’armée qui fut nommée l’armée de la difficulté. ^Outhman a dit : « Je m’engage à fournir cent chameaux avec tout leur harnachement », c’est-à-dire tout l’équipement, la bride, la couverture, la selle que l’on pose dessus pour les monter, « et ceci dans la voie que Allah agrée. » Puis le Messager salla l-Lahou ^alayhi wasallam avait de nouveau incité les gens à faire des dons et ^Outhman, que Allah l’agrée, a dit : « Je m’engage à fournir deux cents chameaux avec tout leur harnachement, dans la voie que Allah agrée. » Mais le Messager salla l-Lahou ^alayhi wasallam avait de nouveau incité à faire des dons et ^Outhman a dit : « Je m’engage à donner trois cents chameaux avec tout leur harnachement, dans la voie que Allah agrée. » Celui qui rapporte le hadith a dit : « J’ai vu le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam descendre du minbar en disant :
(( ما على عُثمانَ ما عَمِلَ بعدَ هذه ، ما على عُثمانَ ما عَمِلَ بعدَ هذه ))
(ma ^ala ^Outhmana ma ^amila ba^da hadhih) ce qui signifie : « ^Outhman a gagné par cet acte beaucoup de récompenses. » Et il l’a répété deux fois.
Chourahbil fils de Mouslim a dit : « ^Outhman, que Allah l’agrée, donnait aux gens le repas qui lui était destiné quand il était Calife et il rentrait chez lui manger du vinaigre et de l’huile. » Cela est rapporté par Abou Nou^aym dans le livre Al-Hilyah.
Parmi ses mérites également, que Allah l’agrée, c’est que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam l’a décrit comme étant un homme pour lequel les anges avaient beaucoup de respect, tout comme cela a été rapporté de ^A’ichah, la mère des croyants, que Allah l’agrée, elle a dit : « Ô Messager de Allah, lorsque Abou Bakr puis ^Oumar ont demandé l’autorisation d’entrer pour te voir, tu le leur as autorisé et tu as gardé la même position ; et lorsque ^Outhman a demandé l’autorisation, tu t’es rassis et tu as arrangé tes vêtements. » Alors il lui a dit :
(( ألا أستحي من رجل تستحي منه الملائكة ))
[rapporté par Mouslim dans son Sahih] (‘ala ‘astahi min rajoulin tastahi minhou l-mala’ikah) ce qui signifie : « Comment voudrais-tu que je traite un homme envers qui les anges éprouvent du respect. »
^Outhman, que Allah l’agrée, achevait la récitation du Qour’an dans sa totalité en une seule rak^ah. D’après le fils de ^Oumar, que Allah les agrée tous les deux, il a dit à propos de la parole de Allah ta^ala :
﴿أَمَّنۡ هُوَ قَٰنِتٌ ءَانَآءَ ٱلَّيۡلِ سَاجِدٗا وَقَآئِمٗا يَحۡذَرُ ٱلۡأٓخِرَةَ وَيَرۡجُواْ رَحۡمَةَ رَبِّهِۦۗ قُلۡ هَلۡ يَسۡتَوِي ٱلَّذِينَ يَعۡلَمُونَ وَٱلَّذِينَ لَا يَعۡلَمُونَۗ إِنَّمَا يَتَذَكَّرُ أُوْلُواْ ٱلۡأَلۡبَٰبِ﴾
[sourat Az–Zoumar / 9] (‘am man houwa qanitoun ‘ana’a l-layli sajidan waqa’iman tahdharou l-‘akhirata wayarjou rahmata Rabbihi qoul hal yastawi l-ladhina ya^lamouna wal-ladhina la ya^lamoun, ‘innama yatadhakkarou ‘oulou l-‘albab) qui signifie : « Ou celui qui implore au cœur de la nuit en prosternation ou debout, craignant la rétribution dans l’au-delà et espérant la miséricorde de son Seigneur. Dis : Sont-ils équivalents ceux qui ont la connaissance et ceux qui ne l’ont pas ? Ne réfléchissent correctement à propos des arguments que ceux qui sont dotés de raison saine », il a dit : « Il s’agit de ^Outhman Ibnou ^Affan. » [rapporté par Abou Nou^aym dans Al-Hilya’]
Au sujet de sa mort, que Allah l’agrée, elle eut lieu après qu’il avait été assiégé un certain temps dans sa demeure. Il avait lui-même interdit à ses serviteurs de monter sa garde et il avait demandé aux compagnons qu’on ne fasse pas couler de sang à cause de lui. Mais certains compagnons avaient craint pour lui et avaient envoyé leurs fils monter la garde à la porte de sa demeure afin que personne n’y pénètre pour lui nuire. Au point que ^Aliyy avait envoyé Al-Haçan et Al-Houçayn surveiller tous les deux la porte de sa maison. Ahmad a rapporté de ^Outhman qu’il a dit : « J’ai vu hier soir le Messager de Allah dans le rêve avec Abou Bakr et ^Oumar. Ils m’ont dit : “Patiente tu rompras le jeûne demain auprès de nous”. » [rapporté par Ahmad dans son Mousnad] Demain, c’est-à-dire la nuit suivante.
Effectivement, des individus escaladèrent sa maison, en passant par des maisons collées à la sienne et les imbéciles semeurs de troubles pénétrèrent chez lui. L’un d’entre eux le frappa avec son épée, mais son épouse Na’ilah le protégea de son corps et des doigts de sa main furent coupés, puis ils l’ont assassiné, que Allah l’agrée.
Son assassinat eut lieu le vendredi dix-huit Dhou l-Hijjah de l’an trente-cinq de l’Hégire, il était en train de jeûner et de réciter le Qour’an. Il avait quatre-vingt-deux ans et n’avait pas essayé de se protéger, car ceux qui voulaient le tuer étaient musulmans. Il fut enterré dans Al-Baqi^. La durée de son califat fut de douze ans moins douze jours.
Ahmad rapporte de ^A’ichah, que Allah l’agrée, qu’elle a dit : « J’étais auprès du Prophète lorsqu’il m’a dit :
(( يا عائشة لو كان عندنا من يحدّثنا ))
(ya ^A’ichah, law kana ^indana man youhaddithouna) ce qui signifie : « Ô ^A’ichah, si tu trouvais quelqu’un qui nous fasse la conversation ? » Elle a dit : « Ô Messager de Allah, veux-tu que j’appelle Abou Bakr ? » Il se tut, puis il dit à nouveau :
(( لو كان عندنا من يحدّثنا ))
(law kana ^indana man youhaddithouna) ce qui signifie : « Si tu trouvais quelqu’un qui nous fasse la conversation ? » Elle a dit : « Je lui ai dit : veux-tu que je demande à quelqu’un qu’on nous ramène ^Oumar ? » Il s’est tu, puis il a demandé à un jeune serviteur près de lui, il lui a dit quelque chose à voix basse de sorte que ^A’ichah n’a pas entendu et il est parti. Elle a dit : « Voici que ^Outhman a demandé l’autorisation d’entrer. » Il l’autorisa et il entra, le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a parlé longtemps avec lui, puis il lui a dit :
(( يا عثمان إنّ اللهَ عزّ وجلّ مقمِّصك قميصا (أي الخلافة) فإذا أرادك المنافقون على أن تخلعَه فلا تخلعْه لهم ولا كرامة ))
(ya ^Outhman ‘inna l-Laha ^azza wajall mouqammisouka qamisan fa’idha ‘aradaka l-mounafiqouna ^ala ‘an takhla^ahou fala takhla^hou lahoum wala karamah) ce qui signifie : « Ô ^Outhman, Allah ^azza wajall va te revêtir d’un habit [il visait par là le califat], si les hypocrites te demandent de l’enlever ne l’enlève pas. » Il lui a répété cela deux ou trois fois. [rapporté par Ahmad dans son Mousnad et d’autres que lui].
Nous demandons à Allah ^azza wajall de faire que l’évocation de la conduite de ces gens honorables et bienfaisants soit une cause pour éclairer notre chemin, pour redresser nos faux pas et pour améliorer nos états, nos actes et notre caractère. Nous demandons à Allah qu’Il renforce notre ardeur à prendre exemple sur eux dans leur manière d’agir dans la rectitude et leur façon d’assurer la sauvegarde.
Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne, ainsi qu’à vous-mêmes.
Second discours
Al-hamdou lil-Lahi[1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadir-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah. Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français, les piliers devraient être dits en arabe.