Khoutbah n°1025
Discours du vendredi 17 mai 2019 correspondant au 12 ramadan 1440 de l’Hégire.
Dieu n’est pas un corps
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, nous Le remercions, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le louons, nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres, celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer et celui qu’Il égare, nul ne peut le guider.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et n’a pas d’associé, qu’Il n’a pas de semblable ni de ressemblant, ni d’opposant ni d’équivalent. Et je témoigne que notre maître et notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie, Mouhammad, est l’esclave de Allah et Son Messager, celui qu’Il a élu et qu’Il agrée le plus, celui que Allah a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, guide annonciateur de bonne nouvelle pour les croyants et avertisseur d’un châtiment pour les non musulmans, qu’il a bien transmis le message et s’est acquitté de ce qui lui a été confié, qu’il a porté le conseil à la communauté et qu’il a fourni tout son effort par recherche de l’agrément de Dieu, un véritable effort, que Dieu le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué l’un de Ses prophètes. Ô Allah, honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs.
Après quoi, esclaves de Allah, je vous recommande de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy, Al-Qadir, de persévérer sur la croyance des Prophètes, de persévérer sur la voie du Maître des prophètes, de persévérer sur la voie de l’Imam des saints et des vertueux, lui qui est le bien-aimé et le modèle à suivre, lui qui a dit, que davantage d’honneur et d’apaisement de la part de mon Seigneur lui soient accordés, dans un hadith honoré :
(( وَاللهِ إِني لأَعْلَمُكُمْ بِاللهِ عَزَّ وَجَلَّ وَأَخْشَاكُمْ لَهُ ))
[rapporté par Ahmad dans son Mousnad] (wal-Lahi ‘inni la‘a^lamoukoum bil-Lahi ^azza wajall wa’akhcha-koum lah) ce qui signifie : « Par Allah, je suis celui d’entre vous qui connaît le plus Allah ^azza wajall et qui Le craint le plus ! »
Ainsi, le Prophète témoigne qu’il a le degré le plus élevé dans cette science qu’est la connaissance de Allah ta^ala et de Ses attributs. En effet, cette science est la plus honorable des sciences. Elle est la plus obligatoire et la plus prioritaire et ce, conformément à ce qu’indique Sa parole ta^ala :
﴿فَٱعۡلَمۡ أَنَّهُۥ لَآ إِلَٰهَ إِلَّا ٱللَّهُ وَٱسۡتَغۡفِرۡ لِذَنۢبِكَ وَلِلۡمُؤۡمِنِينَ وَٱلۡمُؤۡمِنَٰتِۗ وَٱللَّهُ يَعۡلَمُ مُتَقَلَّبَكُمۡ وَمَثۡوَىٰكُمۡ﴾
[sourat Mouhammad / 19] (fa^lam ‘annahou la ‘ilaha ‘il-la l-Lahou wastaghfir lidhanbika walil-mou’minina wal-mou’minati wal-Lahou ya^lamou moutaqallabakoum wamathwakoum) ce qui signifie : « Persévère sur la croyance qu’il n’est de dieu que Allah et demande pardon pour ton péché, ainsi que pour les croyants et les croyantes, certes Allah sait vos changements d’états et votre devenir. »
Dans cette ‘ayah, Allah soubhanahou wata^ala a fait précéder l’ordre de connaître l’unicité de Dieu, le tawhid, sur l’ordre de demander pardon, l’istighfar, du fait que le tawhid concerne la connaissance des fondements, alors que la demande du pardon, l’istighfar, se rapporte à la science des lois et des jugements pratiques. C’est pour cela que l’Imam Abou Hanifah a dit dans Al-fiqhou l-‘Absat :
( اعْلَمْ أَنَّ الفِقْهَ فى الدينِ أَفْضَلُ مِنَ الفِقْهِ فى الأَحْكَامِ )
(‘i^lam ‘anna l-fiqha fi d-dini ‘afdalou mina l-fiqhi fi l-‘ahkam) ce qui signifie : « Sache que la connaissance dans le domaine de la croyance est meilleure que la connaissance dans le domaine des jugements pratiques. »
Quand il a mentionné (al-fiqh fi d-din), il visait la connaissance des fondements de la religion !… La connaissance de la croyance en l’unicité !… Le tawhid !
Chers bien-aimés, la science du tawhid a un honneur particulier par rapport aux autres sciences, car c’est une science qui concerne la plus honorable des connaissances. En effet, cette science concerne la connaissance de Allah ^azza wajall conformément à ce qui est digne de Lui. Le tawhid, selon Ahlou s-Sounnah, consiste à nier toute ressemblance entre Allah et Ses créatures et tout athéisme, tout comme l’a cité Ibnou Hajar Al-^Asqalaniyy dans son Commentaire du Sahih de Al-Boukhariyy.
Le tawhid est fondé sur la confirmation des attributs qui sont obligatoires selon la raison pour Allah, comme la science, la puissance et la volonté, et sur le rejet de toute assimilation : c’est-à-dire sur l’exemption de Allah de toute ressemblance avec Ses créatures. Cela est tiré du Qour’an honoré, en particulier la parole de Allah ta^ala :
﴿لَيۡسَ كَمِثۡلِهِۦشَيۡءٞۖ وَهُوَ ٱلسَّمِيعُ ٱلۡبَصِيرُ ١١﴾
[sourat Ach-Choura / 11] (layça kamithlihi chay’oun wahouwa s-Sami^ou l-Basir) qui signifie : « Absolument rien n’est pareil à Lui et Il est Celui Qui entend, Celui Qui voit. »
Ou encore de la parole de Allah ta^ala :
﴿وَلَمۡ يَكُن لَّهُۥ كُفُوًا أَحَدُۢ ٤﴾
[sourat Al-‘Ikhlas / 4] (walam yakoun lahou koufouwan ‘ahad) qui signifie : « Et Il n’a strictement aucun équivalent. »
Cela est également tiré de la parole de Allah ta^ala :
﴿وَلِلَّهِ ٱلۡمَثَلُ ٱلۡأَعۡلَىٰۚ وَهُوَ ٱلۡعَزِيزُ ٱلۡحَكِيمُ﴾
[sourat An-Nahl / 60] (walil-Lahi l-mathalou l-‘a^la wahouwa l-^Azizou l-Hakim) qui signifie : « Allah a les attributs qui sont exempts de toute imperfection et Il est Al-^Aziz, Al-Hakim. »
Et aussi de la parole de Allah ta^ala :
﴿فَلَا تَضۡرِبُواْ لِلَّهِ ٱلۡأَمۡثَالَۚ إِنَّ ٱللَّهَ يَعۡلَمُ وَأَنتُمۡ لَا تَعۡلَمُونَ﴾
[sourat An-Nahl / 74] (fala tadribou lil-Lahi l-‘amthala ‘inna l-Laha ya^lamou wa‘antoum la ta^lamoun) ce qui signifie : « N’attribuez pas de ressemblants à Allah, certes Allah sait votre devenir et vous, vous ne savez pas. »
Pour ce qui est de la ‘ayah :
﴿ لَيۡسَ كَمِثۡلِهِۦشَيۡءٞۖ ﴾
(layça kamithlihi chay’) qui signifie : « Absolument rien n’est pareil à Lui », c’est la ‘ayah la plus explicite qui soit parvenue au sujet de l’exemption de Allah de toute ressemblance avec Ses créatures. De cette ‘ayah, on comprend qu’il s’agit d’une exemption totale. L’explication de cette ‘ayah est que Allah n’a absolument aucune ressemblance avec quoi que ce soit, d’aucune manière que ce soit. Cette ‘ayah comporte la négation de tout ce qui n’est pas digne d’être attribué à Allah, à savoir : l’incapacité, l’ignorance, la limite, la couleur, les organes, la forme, l’image, l’aspect et la composition.
Concernant Sa parole ta^ala :
﴿ وَهُوَ ٱلسَّمِيعُ ٱلۡبَصِيرُ﴾
(wahouwa s-Sami^ou l-Basir), il y a la confirmation de ce qui est digne d’être attribué à Allah. En effet, l’ouïe est un attribut qui est digne de Lui être attribué, il en est de même pour la vue. Mais dans cette ‘ayah, Allah a fait précéder l’exemption de toute ressemblance avec les créatures afin que personne n’ait l’illusion que Son ouïe et Sa vue seraient semblables à l’ouïe et la vue d’autres que Lui. En effet, Allah voit sans avoir besoin de rayons lumineux et sans avoir besoin de pupille. Et Il entend sans avoir besoin d’oreille et de tympan, ni d’aucun autre organe, car Allah ta^ala, rien n’est pareil à Lui, Il n’est pas un corps et Il n’a aucune ressemblance avec les corps.
Mes frères de foi, le fait d’affirmer que Allah n’est pas un corps fait partie des choses sur lesquelles la communauté est unanime, et qui a été exprimé textuellement par les savants du Salaf vertueux –les savants des trois premiers siècles de l’Hégire–.
L’Imam Ahmad, dont se réclame calomnieusement un certain nombre d’assimilationnistes (mouchabbihah), a répliqué contre ceux qui utilisent le terme (jism), le corps, au sujet de Allah. C’est ainsi qu’il a dit : « Les noms [c’est-à-dire les dénominations des choses] sont tirés de la religion et de la langue. Or les spécialistes de la langue désignent par ce nom, al-jism, [le corps] ce qui a une largeur, une longueur, une épaisseur, une composition, une image et un assemblage. Or, Allah soubhanahou wata^ala n’est pas concerné par tout cela [c’est-à-dire qu’Il en est absolument exempt]. De plus, cela n’est pas parvenu dans la religion [c’est-à-dire qu’il n’est pas parvenu dans les textes religieux l’attribution du jism, –du corps– à Allah], il est donc infondé [d’employer le terme jism –corps– au sujet de Allah selon la religion et selon la langue.] »
Cela a été rapporté de l’Imam Ahmad par Abou l-Fadl At-Tamimiyy Al-Baghdadiyy qui était le plus grand savant des hanbalites de Baghdad à son époque et fils de leur plus grand savant. Cela a été rapporté aussi de l’Imam Ahmad par Al-Bayhaqiyy dans son livre Manaqibou Ahmad.
Mes frères de foi, le sens de ses propos, en général, est que les noms sont connus à partir de la langue ou bien à partir des textes religieux. Certains noms ont été connus à partir de la langue, comme l’homme, le cheval et autres. Et d’autres noms sont connus à partir des textes de la voie révélée de l’Islam, comme le terme salat –la prière– telle qu’elle est définie dans la religion de l’Islam.
Dans la langue, le mot jism qui signifie corps, désigne ce qui a trois dimensions, une longueur, une largeur, une épaisseur, une composition, une image et un assemblage. Or on n’attribue absolument pas cela à Allah, car sinon, cela signifierait qu’Il serait pareil à Ses créatures. Et cela contredirait la parole de Allah :
﴿ لَيۡسَ كَمِثۡلِهِۦشَيۡءٞۖ ﴾
[sourat Ach-Choura / 11] (layça kamithlihi chay’) qui signifie : « Absolument rien n’est pareil à Lui. »
De plus, si Allah était un corps ayant une longueur, une largeur, une épaisseur, une composition, une image et un assemblage, Il aurait besoin de qui L’aurait caractérisé par cette longueur, par cette largeur, par cette épaisseur, par cette composition et par cette image. Or, la raison ne conçoit pas qu’un être qui a besoin d’autrui soit dieu. Il est donc interdit selon la religion d’attribuer la signification du corps à Allah et ceci est impossible selon la raison s’agissant de Lui. D’autre part, le terme même, c’est-à-dire le mot jism –corps– n’est parvenu dans aucun texte de la religion au sujet de Allah et il n’est permis de nommer Allah que par un nom que Allah a confirmé dans les textes religieux que c’est l’un de Ses noms, tout comme l’Imam de Ahlou s-Sounnah Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy et d’autres l’ont mentionné. On n’attribue à Allah que ce qu’Il nous a appris comme étant l’un de Ses attributs. Il est donc faux d’employer ce mot (jism) –corps– au sujet de Allah.
En outre, l’auteur du livre Al–Khisal a rapporté de l’Imam Ahmad lui-même qu’il déclare mécréant celui qui dit que Allah serait un corps pas comme les autres corps. Cela est conforme à ce qui est parvenu du reste des Imams.
En effet, il a été confirmé que Ach-Chafi^iyy déclarait mécréants les moujassim –ceux qui attribuent le corps à Allah–, tout comme As-Souyoutiyy l’a rapporté de lui dans son livre Al-‘Achbahou wan-Nadha’ir.
Il en est de même dans le livre Al-Minhajou l-Qawim de Ibnou Hajar Al-Haytamiyy qui cite : « Al-Qarafiyy et d’autres ont rapporté que Ach-Chafi^iyy, Ahmad, Malik et Abou Hanifah ont déclaré mécréants ceux qui attribuent la direction et le corps à Allah. » C’est-à-dire que la personne qui considère que Allah serait un corps ou qu’Il serait dans un endroit est mécréante, car tout cela fait partie des attributs des humains.
L’Imam du Salaf, Abou Ja^far At–Tahawiyy, dans son Traité de croyance qu’il présente comme étant l’exposé de la croyance de Ahlou s-Sounnah wal-Jama^ah, a dit : « Celui qui qualifie Allah par l’une des significations des humains est devenu mécréant. » Or, le corps, la composition, l’image et l’aspect font partie des significations des humains. Celui qui attribue quoi que ce soit de ces choses-là à Allah devient mécréant catégoriquement.
L’Imam Abou l-Haçan Al-‘Ach^ariyy dans son livre An-Nawadir a dit : « Celui qui croit que Allah est un corps n’a pas connu son Seigneur et il est mécréant. »
Ô Allah, par le degré des prophètes et des messagers, par le degré des saints et des vertueux, par le degré des Imams Ahmad Ibnou Hanbal, Ach-Chafi^iyy, Malik, Abou Hanifah et Al-‘Awza^iyy et de tous les savants qui œuvrent conformément à leur science, fais que nous persévérions sur leur croyance. Ô Allah, fais que nous soyons de ceux qui soutiennent la religion et qui répliquent aux déviés et aux égarés, ô Allah, Toi Qui est le plus miséricordieux des miséricordieux.
Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours[1] :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou ttaqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.