Khoutbah n°1097
Discours du vendredi 2 octobre 2020 correspondant au 15 safar 1442 de l’Hégire
Le conseil est fondamental dans la religion
Al-hamdou lil-Lahi [1] was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
La louange est à Allah, Celui Qui a la gloire et l’éminence, Celui Qui nous a ennoblis par l’Islam, nous a honorés par la foi et a éclairé nos cœurs par le Qour’an.
Que l’honneur et l’élévation en degré, ainsi que la préservation de sa communauté de ce qu’il craint pour elle, soient accordés au Maître des descendants de ^Adnan, notre Maître Mouhammad, Abou l-Qaçim, celui qui est allé au-delà des étoiles et des astres les plus élevés. Qu’Il honore sa famille et ses compagnons honorables qui sont tels des pleines lunes et des flambeaux éclairant l’obscurité, tels des soleils de la religion de l’Islam, eux qui ont respecté les engagements qu’ils ont pris envers Dieu et sont restés des modèles pour les gens après leur Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam et que Allah les agrée.
Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, ni de semblable, ni d’opposant, ni d’équivalent.
Je témoigne que notre maître Mouhammad est Son esclave et Son messager, celui qu’Il a élu et qu’Il agrée le plus. Ô Allah honore et élève davantage en degré Mouhammad, ainsi que tous ses frères prophètes et messagers, leur famille et leurs compagnons à tous et préserve leur communauté de ce qu’ils craignent pour elle.
Après quoi, esclaves de Allah, je vous recommande et je me recommande à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Adhim, car la meilleure des provisions pour l’au-delà, c’est la piété, et celui qui fait preuve de piété à l’égard de Allah, Allah lui accorde une issue.
Je vous mets en garde contre la désobéissance, car celui qui désobéit au lieu de faire preuve d’obéissance et préfère cette vie éphémère à l’autre vie qui demeurera éternellement sera perdant et déçu. Allah tabaraka wata^ala dit dans le Qour’an Honoré :
﴿ وَٱلۡعَصۡرِ ١ إِنَّ ٱلۡإِنسَٰنَ لَفِي خُسۡرٍ ٢ إِلَّا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ وَعَمِلُواْ ٱلصَّـٰلِحَٰتِ وَتَوَاصَوۡاْ بِٱلۡحَقِّ وَتَوَاصَوۡاْ بِٱلصَّبۡرِ ٣ ﴾
(wal-^asr ‘inna l-‘inçana lafi khousr ‘il-la l-ladhina ‘amanou wa^amilou s–salihati watawasaw bil-haqqi watawasaw bis–sabr)
[sourat Al-^Asr] ce qui signifie : « Par le temps, l’être humain ira à sa perte, hormis ceux qui auront été croyants et auront accompli les bonnes œuvres, qui se seront recommandés le bien et se seront recommandés la patience. »
Sachez, esclaves de Dieu, que Allah tabaraka wata^ala jure par ce qu’Il veut parmi Ses créatures. Il a juré dans cette sourah par le ^asr, et le ^asr signifie ici l’époque, c’est-à-dire le temps. C’est ce qu’a dit Ibnou ^Abbas.
Allah a confirmé que tout être humain ira à sa perte, mais Il a excepté ceux qui auront été croyants et qui auront agi en bien, que ceux-là ne seront pas perdants. C’est la description des esclaves vertueux de Allah, ceux qui œuvrent conformément aux recommandations du Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam, qui se recommandent les uns aux autres d’obéir à Dieu et d’accomplir ce que Dieu a ordonné. Ils ont donc appris, ont œuvré, fait preuve de sérieux et d’application, surtout les premiers prédécesseurs parmi les compagnons, ceux-là même dont Allah tabaraka wata^ala fait l’éloge. Allah dit :
﴿ وَٱلسَّـٰبِقُونَ ٱلۡأَوَّلُونَ مِنَ ٱلۡمُهَٰجِرِينَ وَٱلۡأَنصَارِ وَٱلَّذِينَ ٱتَّبَعُوهُم بِإِحۡسَٰنٖ رَّضِيَ ٱللَّهُ عَنۡهُمۡ وَرَضُواْ عَنۡهُ ﴾
(was-sabiqouna l-‘awwalouna mina l-mouhajirina wal-‘ansari wal-ladhina ttaba^ouhoum bi’ihsanin radiya l-Lahou ^anhoum waradou ^anh)
[sourat At-Tawbah / 100] ce qui signifie : « Et les premiers prédécesseurs parmi les émigrants et les partisans, ainsi que ceux qui les ont suivis parfaitement, Allah les a agréés et ils sont totalement soumis à Dieu. »
Allah tabaraka wata^ala nous a appris qu’Il les a agréés parce qu’ils ont cru en la véracité, ils ont été croyants, ils ont œuvré, ils ont donné le conseil et ont accepté le conseil.
Il convient donc pour nous, chers frères honorables, de prendre exemple sur le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam et de prendre exemple sur ses compagnons honorables, ceux qui se donnaient le conseil les uns aux autres, par recherche de l’agrément de Dieu. Le frère donnait donc le conseil à son frère et l’ami donnait le conseil à son ami. Chacun d’entre eux était comme un miroir pour son frère musulman : il aimait pour son frère ce qu’il aimait pour lui-même. S’il voyait chez son frère un défaut, il s’empressait de lui donner le conseil et l’exhortait par recherche de l’agrément de Allah. Et celui qui recevait le conseil, de son côté, ne faisait pas preuve d’orgueil de sorte à refuser le conseil, car ils savaient tous que s’ils écoutaient le conseil, s’ils remerciaient celui qui le leur avait donné et qu’ils l’appliquaient, le profit serait éminent pour eux-mêmes.
Un savant du Salaf a dit : « Si tu trouves quelqu’un qui t’indique tes défauts, alors attache-toi à lui. »
Il a été rapporté de ^Oumar, que Allah l’agrée, qu’il a dit : « Que Allah fasse miséricorde à toute personne qui m’indique mes défauts. »
Les compagnons honorables, lorsqu’ils se rencontraient les uns les autres se serraient la main avec un visage détendu et un sourire et ils récitaient sourat Al-^Asr, en raison de ce que cette sourat comportait comme sens éminent et glorieux.
Allah ta^ala dit :
﴿ وَٱلۡعَصۡرِ ١ إِنَّ ٱلۡإِنسَٰنَ لَفِي خُسۡرٍ ٢ إِلَّا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ وَعَمِلُواْ ٱلصَّـٰلِحَٰتِ وَتَوَاصَوۡاْ بِٱلۡحَقِّ وَتَوَاصَوۡاْ بِٱلصَّبۡرِ ٣ ﴾
(wal-^asr, ‘inna l-‘insana lafi khousr, ‘il-la l-ladhina ‘amanou wa^amilou s–salihati watawasaw bil-haqqi watawasaw bis–sabr).
[sourat Al-^Asr] ce qui signifie : « Par le temps, l’être humain ira à sa perte, hormis ceux qui auront été croyants et auront accompli les bonnes œuvres, qui se seront recommandés le bien et se seront recommandés la patience. »
Ils se recommandaient les uns aux autres d’accomplir les bonnes œuvres, ils se rappelaient les uns aux autres d’obéir à Allah et de s’attacher à Ses ordres, au bien et à la vérité que nous a amenés Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam. Ils agissaient ainsi par miséricorde envers leurs frères. Il a été rapporté dans leur description la parole de Allah tabaraka wata^ala :
﴿ رُحَمَآءُ بَيۡنَهُمۡۖ ﴾
(rouhama’ou baynahoum)
[sourat Al-Fat-h / 29] ce qui signifie : « Ils se font miséricorde entre eux», et c’est ce que leur a enseigné le Maître des Messagers, Mouhammad, que Dieu l’honore du meilleur honneur et qu’Il préserve sa communauté de la préservation la plus parfaite.
Chers frères de foi, nous avons en la personne du Messager de Allah et en ses compagnons honorables, un excellent modèle. Nous demandons de pouvoir nous donner mutuellement le conseil, de pouvoir nous recommander la piété à l’égard de Allah Al-^Adhim, d’accomplir Ses ordres, d’éviter ce qu’Il a interdit et d’accepter le conseil.
Mouslim a rapporté du Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam qu’il a dit :
(( الدينُ النَّصِيحَة ))
(ad-dinou n-nasihah)
ce qui signifie : « Le conseil est fondamental dans la religion. » On lui a dit : « Concernant quoi ? » il avait répondu :
(( للهِ ولكتابِه ولرسولِه ولِأئِمَّةِ المسلمينَ وعَامَّتِهم ))
(lil-Lahi walikitabihi waliraçoulihi wali’a’immati l-mouslimina wa^ammatihim)
ce qui signifie : « Concernant l’obéissance à Dieu et le fait de suivre Son Livre et Son prophète, à l’adresse des Imams des musulmans et à l’adresse du commun des gens. »
D’autre part, quelle belle parole que celle qu’a dite le Hafidh Ibnou ^Amr Ibnou Salah au sujet du conseil –an-nasihah– ! Il a dit :
« Le conseil –an-nasihah– est un mot d’une grande portée, il englobe le fait que celui qui donne le conseil veuille le bien pour celui qui reçoit le conseil, et qu’il agisse en bien envers lui.
(lil-Lah) –conseiller d’obéir à Allah tabaraka wata^ala–, c’est conseiller de croire en Son unicité, de Lui attribuer les attributs de perfection et de gloire qui sont dignes de Lui et de L’exempter de tout ce qui s’y oppose et qui les contredit, de se garder de Lui désobéir, d’accomplir les actes d’obéissance envers Lui et ce qu’Il agrée en étant sincère, d’aimer dans la limite de ce qu’Il agrée et de détester dans la limite de ce qu’Il agrée, d’appeler à cela et d’inciter à le faire. »
(walikitabih) –conseiller de suivre Son Livre–, c’est conseiller de croire au Livre, de le glorifier, de l’exempter de tout défaut, de le réciter correctement, de s’attacher à ses ordres et à ses interdits, d’apprendre ses connaissances et ses sagesses et de méditer à propos de ses versets. C’est d’appeler à s’y conformer et à le défendre contre la falsification de ceux dont le cœur est empli de haine et contre les offenses de ceux qui font preuve d’irréligion.
(waliraçoulih) –conseil de suivre le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam– est proche de cela, c’est conseiller de croire en le Prophète, en ce qu’il a amené, de le glorifier, de le prioriser, de s’attacher à lui obéir, de revivifier sa Sounnah, de la propager, de contredire ceux qui l’ont contredit et ont contredit sa Sounnah, de soutenir ceux qui l’ont soutenu et qui ont soutenu sa Sounnah, de chercher à s’embellir par les qualités qu’il possédait, de se comporter comme il se comportait et d’aimer sa famille, ses compagnons et ce qui est de cet ordre.
(wali’a’immati l-mouslimin) –conseiller les imams des musulmans–, c’est-à-dire leurs califes et leurs guides, c’est les aider à faire valoir le droit et leur obéir dans ce cadre-là, c’est attirer leur attention et leur faire le rappel avec douceur et courtoisie, se garder de se rebeller contre eux, invoquer Dieu pour qu’Il leur accorde la réussite dans le bien et inciter les autres à le faire.
(wali^ammatihim) –conseiller le commun des musulmans et il s’agit ici des gens en dehors des dirigeants– c’est les guider vers ce qui est comporte leur propre intérêt, leur enseigner les sujets de leur religion et de leur bas monde, ne pas dévoiler leurs défauts et leur intimité, pallier leurs besoins, les soutenir contre leurs ennemis, les défendre, se garder de les trahir et de les jalouser, aimer pour eux ce qu’on aime pour soi-même et détester pour eux ce que l’on déteste pour soi-même, et ce qui est de cet ordre. » Fin de citation
Je demande à Allah qu’Il nous accorde la force de le faire.
Parmi les exemples de conseil, il y a ce qui est parvenu de Ach-Chafi^iyy qui avait fraternisé avec Mouhammad Ibnou ^Abdi l-Hakam Al-Misriyy. Il entretenait avec lui des relations très cordiales, il l’approchait, l’écoutait, et Mouhammad avait appris le fiqh auprès de Ach-Chafi^iyy et avait choisi de suivre son madh-hab –sa voie de jurisprudence–. Il prodiguait beaucoup de bien et de bienfaisance envers Ach-Chafi^iyy au point que les gens ont pensé, tant leurs relations étaient cordiales et leur fraternité véridique, que Ach-Chafi^iyy lui confierait la responsabilité de poursuivre ses assemblées après son décès dans la mosquée de ^Amr Ibnou l-^As. On a donc demandé à Ach-Chafi^iyy, que Allah ta^ala lui fasse miséricorde, lorsqu’il souffrait de la maladie qui l’a emporté : « Avec qui allons-nous prendre les assemblées après toi ô Abou ^Abdi l-Lah ? » et Mouhammad Ibnou ^Abdi l-Hakam était à son chevet pour qu’il le désigne. Mais Ach-Chafi^iyy a dit : « Il vous incombe de suivre Abou Ya^qoub Al-Bouwaytiyy » qui était le plus grand des compagnons de Ach-Chafi^iyy, parce qu’il était le meilleur. Ainsi, Ach-Chafi^iyy, que Allah ta^ala lui fasse miséricorde, a donné le conseil par recherche de l’agrément de Allah ^azza wajall et pour l’intérêt des musulmans, et il a délaissé la complaisance. Il n’a pas fait prévaloir la satisfaction des gens sur l’agrément de Allah ta^ala et il a orienté les gens vers Al-Bouwaytiyy en le privilégiant. C’est lui qui était en effet prioritaire, plus proche de l’ascèse et de la piété scrupuleuse, il était prompt à pleurer par crainte de Dieu et passait la majeure partie de ses journées dans le dhikr et les assemblées de science et la majeure partie de ses nuits en prières et en récitation du Qour’an. Ach-Chafi^iyy s’appuyait sur lui pour les fatwa et dirigeait les gens vers lui.
Ô Allah éloigne-nous de la complaisance hypocrite et fais que nous soyons parmi les gens qui portent le conseil.
Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Second Discours[1] :
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.