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Khoutbah n°1287 : Le simple fait d’appeler au secours une créature n’est pas une adoration d’autre que Dieu

Lorsque l’être humain meurt, les récompenses de ses actes s’interrompent, sauf ce qui lui parviendra de trois sources : une aumône qui court, une science dont on tire profit et un enfant vertueux qui lui fait des invocations.

 

Khoutbah n°1287

Discours du vendredi 24 mai 2024 correspondant au 16 Dhou l-Qa^dah 1445 de l’Hégire

Le simple fait d’appeler au secours une créature
n’est pas
une adoration d’autre que Dieu

مجَرَّدُ الاِسْتِغاثَةِ بِغَيْرِ اللهِ لَيْسَ شِرْكًا

الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

Louanges à Dieu, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions, nous demandons qu’Il nous pardonne et nous nous repentons à Lui. Nous demandons que Dieu nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres.

Celui que Dieu guide, nul ne peut l’égarer et celui qu’Il égare, nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est le Dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, qu’Il n’a pas de semblable, ni d’équivalent, ni d’égal, qu’Il n’a pas de limites, ni de corps, ni de membres, qu’Il est unique et qu’Il n’a besoin de rien, Il n’engendre pas et Il n’est pas engendré et Il n’a pas d’équivalent.

Et je témoigne que notre maître et notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, celui qui est une source de joie pour nous, محمد Mouhammad, est Son esclave et Son Messager, celui qu’Il a élu et Son bien-aimé, celui que Dieu a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, en tant que guide, annonciateur de bonnes nouvelles et avertisseur d’un châtiment.

Ô Dieu, honore et élève davantage en degré notre maître محمد Mouhammad, celui qui a appelé au bien et à la bonne guidée, celui qui a instauré pour sa communauté la voie de la réussite, celui qui lui a indiqué le chemin du succès, ainsi que sa famille et ses meilleurs compagnons.

Esclaves de Dieu, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Dieu, alors craignez Dieu, vous, esclaves de Dieu, en suivant Sa voie révélée, l’enseignement révélé de Son prophète, en œuvrant conformément à ce qu’il a amené, et empressez-vous dans les actes d’obéissance avant que votre vie ne s’achève, avant que votre terme n’arrive, pour obtenir les bonnes œuvres afin qu’elles soient plus lourdes dans la balance au Jour du jugement.

Notre Seigneur تبارك وتعالى dit, dans la sourate القَارِعَة Al-Qari^ah :

﴿ فَأَمَّا مَن ثَقُلَتۡ مَوَٰزِينُهُۥ ٦ فَهُوَ فِي عِيشَةٖ رَّاضِيَةٖ ٧ وَأَمَّا مَنۡ خَفَّتۡ مَوَٰزِينُهُۥ ٨ فَأُمُّهُۥ هَاوِيَةٞ ٩ ﴾

(fa‘amma man thaqoulat mawazinouh  fahouwa fi ^ichatin radiyah wa‘amma man khaffat mawazinouh fa’oummouhou hawiyah)

ce qui signifie : « Celui dont les bonnes œuvres seront plus lourdes dans la balance bénéficiera d’une vie aisée et satisfaisante, et celui dont les bonnes œuvres seront plus légères dans la balance, alors sa demeure sera l’enfer. »

At-Tirmidhiyy a rapporté dans ses Sounan d’après Abou Hourayrah, que Dieu l’agrée, que le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a dit :

(( إِذَا مَاتَ ابْنُ ءادَمَ انْقَطَعَ عَمَلُهُ إِلَّا مِنْ ثَلَاثٍ صَدَقَةٍ جَارِيَةٍ وعِلْمٍ يُنْتَفَعُ بِهِ وَوَلَدٍ صَالِحٍ يَدْعُو لَهُ ))

(‘idha mata bnou ‘Adama nqata^a ^amalouhou ‘il-la min thalath, sadaqatin jariyah wa^ilmin yountafa^ou bihi wawaladin salihin yad^ou lah)

ce qui signifie : « Lorsque le fils de ءادَمَ Adam meurt, [les récompenses de] ses actes s’interrompent, sauf ce qui lui parviendra de trois sources : une aumône qui court, une science dont on tire profit et un enfant vertueux qui lui fait des invocations. »

Sa parole (‘inqata^a ^amalouh) qui signifie : « [les récompenses de] ses actes s’interrompent » veut dire que les actes accomplis en étant responsable, pour lesquels on a des récompenses, sont interrompus par la mort de l’être humain, sauf les récompenses obtenues à partir de ces trois sources, dont la cause était l’être humain lui-même.

En effet, lorsque quelqu’un meurt et laisse derrière lui une science dont on continue de profiter, une récompense lui parviendra tant que les gens profiteront de cette science, car il aura été la cause de ce profit.

S’il a laissé une aumône qui court, c’est-à-dire par exemple s’il a construit une mosquée, ou une école afin qu’on y enseigne une science utile, ou ce qui est de cet ordre, il lui parviendra des récompenses chaque fois que les gens profiteront de ce qu’il a fait, parce qu’il aura été la cause de ce profit.

Enfin, si son enfant vertueux fait une invocation en sa faveur, ou s’il invoque Dieu qu’Il lui accorde une récompense semblable à celle de sa récitation du قرآن Qour’an, ou ce qui est de cet ordre, ce mort obtiendra une récompense, car la vertu de son fils sera due à la bonne éducation qu’il lui aura donnée, et à l’enseignement qu’il lui aura assuré pour qu’il soit vertueux.

Quant à ce qui a été confirmé par l’observation directe et par tawatour et qui est arrivé à certains musulmans vertueux dans leur tombe, qu’ils y faisaient la prière ou qu’ils y récitaient le قرآن Qour’an, ces actes-là ne leur donnent pas de récompenses, car ils ne sont plus responsables. Le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم a ainsi attiré l’attention de sa communauté sur le fait que les œuvres qui sont sources de récompenses seront interrompues par la mort des humains, alors qu’ils s’empressent donc d’accomplir des bonnes œuvres avant de mourir.

Et il n’y a pas dans ce حديث hadith ce que prétendent certains, à savoir que le Prophète est mort et qu’il n’œuvrerait donc plus après sa mort, et qu’il ne serait donc plus d’aucun profit et qu’il ne serait donc pas permis de l’appeler après sa mort en disant : يا محمد (ya Mouhammad !) ou           يا رسولَ الله (ya Raçoula l-Lah !). Ils prétendent même que cela serait une adoration d’autre que Dieu – chirk– qui ferait sortir de l’Islam. La prétention de ces gens-là est contraire à la croyance des musulmans, qu’ils fassent partie des musulmans des trois premiers siècles des Salaf– ou des musulmans des siècles suivants des Khalaf–. Ces gens-là prétendent argumenter leur fausse prétention avec ce حديث hadith :

(( إِذَا مَاتَ ابْنُ ءادَمَ انْقَطَعَ عَمَلُهُ إِلَّا مِنْ ثَلَاثٍ ))

(‘idha mata bnou ‘Adama nqata^a ^amalouh)

qui signifie : « Lorsque le fils de ءادَمَ Adam meurt, [les récompenses de] ses propres actes s’interrompent, sauf ce qui lui parviendra de trois sources. » 

Il n’y a pas dans ce حديث hadith de preuve en faveur de ce qu’ils prétendent. En effet, ce حديث hadith, comme nous l’avons indiqué plus haut, signifie que les actes accomplies par la personne responsable, c’est-à-dire pour lesquels elle peut avoir des récompenses, s’interrompent, et non pas que le mort serait comme un bout de bois après son enterrement, qu’il ne sentirait plus rien, qu’il n’entendrait plus ou qu’il ne dirait plus rien du tout. Comment en serait-il ainsi alors qu’il a été confirmé selon Ibnou Majah et d’autres, que le Prophète صلَّى الله عليه وسلم est vivant dans sa tombe et que les actes de sa communauté lui sont exposés. Quand il voit du bien, il remercie Dieu pour cela et quand il voit autre chose, il demande le pardon en leur faveur. Il a également été confirmé qu’il rend le salam à ceux qui lui passent le salam auprès de sa tombe, et que lorsque quelqu’un qui est au loin lui passe le salam celui-ci lui est transmis.

D’autre part, nous avons cité dans un discours précédant, comment notre Maître موسى Mouça a profité à la communauté de محمد Mouhammad en suggérant à notre Maître محمد Mouhammad de demander à Dieu l’allègement du nombre des prières obligatoires. Au lieu de cinquante, le nombre des prières obligatoires a été réduit à cinq prières par jour et nuit. Il y a en tout cela autant de preuves claires qu’un mort peut être profitable après sa mort, par la volonté de Dieu تبارك وتعالى.

Quant à ce que font certains individus sans vergogne, quand ils accusent les musulmans de mécréance parce qu’ils appellent au secours le Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم lorsqu’ils ont des épreuves, leur accusation est sans fondement. En effet, si une personne vivante profite à celle qui l’appelle, elle lui profite par la volonté de Dieu, parce qu’elle est simplement une cause. Quant à Celui Qui crée le profit et la nuisance, c’est Dieu تعالى, parce qu’il n’est de créateur de quoi que ce soit si ce n’est Dieu. Un mort également peut profiter à quelqu’un qui l’appelle, et ce par la volonté de Dieu, en étant une cause de profit pour lui, grâce à l’invocation qu’il adresse à Dieu pour qu’Il règle l’affaire de celui qui l’a appelé au secours. Ainsi, les morts et les vivants sont équivalents dans le fait que tous deux n’ont aucune part dans la création du profit ou de la nuisance, mais qu’ils ne sont, tous deux, que des causes, alors que le Créateur du profit et de la nuisance, c’est Dieu تعالى Lui seul.

À vous qui vous précipitez pour déclarer mécréante la population musulmane, prenez un instant de pause pour réfléchir. Lorsque vous êtes malade, que vous prenez un médicament et que vous guérissez, n’est-ce pas que la guérison est par la création de Dieu ? N’avez-vous pas pris un médicament qui est une cause pour obtenir la guérison ? Est-ce que vous dites de vous-même que vous avez attribué un associé à Dieu parce que vous avez pris un médicament qui est une cause de guérison ? Nous ne pensons pas que vous oserez le dire ! Donc, si en prenant un médicament fabriqué par telle ou telle personne, on n’attribue pas d’associé à Dieu, en le considérant comme cause de guérison, tout en ayant la certitude que c’est Dieu Qui est le Créateur du profit et de la nuisance, de la maladie et de la guérison, comment alors vous osez dire que toute personne qui prend le Messager de Dieu comme cause pour obtenir ce qu’il souhaite deviendrait mécréante ?!

Mes frères de foi, les compagnons, que Dieu les agrée, ont bien compris du Messager de Dieu صلَّى الله عليه وسلم le caractère permis d’appeler au secours le Prophète après sa mort. Entre autres, il y a عبد الله ^Abdou l-Lah Ibnou ^Oumar que Dieu l’agrée lui et son père, et d’autres qui l’ont fait. Al-Boukhariyy a ainsi rapporté dans son livre Al-‘Adabou l-Moufrad, au chapitre « Ce que l’homme dit lorsque sa jambe est engourdie », que Ibnou ^Oumar avait souffert d’un engourdissement de la jambe khadar–, c’est-à-dire que sa jambe s’était pour ainsi dire paralysée. Un homme lui avait dit : « Cite la personne que tu aimes le plus ! ». عبد الله ^Abdou l-Lah Ibnou ^Oumar avait alors dit : (ya محمد Mouhammad !) Fin de citation. Dans la version rapportée par Ibnou s-Sounniyy, « Il a dit : (ya محمد Mouhammad !) C’est alors qu’il s’est relevé et qu’il a pu marcher à nouveau. » Fin de citation. Dans une autre version également : « Il a dit : (ya محمد Mouhammad !) et c’est comme s’il avait été délivré d’une entrave[1]. » Fin de citation. Cela veut dire que ce handicap semblable à la paralysie a disparut. Ce que عبد الله ^Abdou l-Lah Ibnou ^Oumar a fait, c’est un appel au secours adressé au Messager de Dieu, avec les termes : (ya محمد Mouhammad !) Alors que selon ces gens sans vergogne, qui s’empressent à déclarer mécréants les musulmans, appeler au secours le Prophète après sa mort, l’istighathah, serait du chirk –une association à Dieu– ! Que vont-ils dire après toutes ces preuves ? Vont-ils abandonner leur avis qui consiste à déclarer mécréante toute personne qui appelle « Ô محمد Mouhammad ! » ? Ou vont-ils accuser عبد الله ^Abdou l-Lah Ibnou ^Oumar de pratiquer le chirk ? Ce grand compagnon au sujet duquel le Prophète صلَّى الله عليه وسلم a dit qu’il était un homme vertueux –salih ?

Mes frères de foi, ce n’est pas du chirk –une association à Dieu– quand les musulmans disent lors d’une épreuve : يا محمد (ya Mouhammad !) –« Ô محمد Mouhammad ! »–. Cela veut simplement dire : « Ô toi le Messager de Dieu ! Secours-nous en invoquant Dieu pour qu’Il nous délivre de notre tourment. »

Mes frères de foi, assurément, quelqu’un commettrait de l’association à Dieu s’il demandait qu’une créature lui crée quoi que ce soit, c’est-à-dire s’il demandait que cette créature lui fasse passer quelque chose du néant à l’existence, tout comme Dieu تعالى crée, ou s’il demandait à une créature de lui pardonner ses péchés, car Dieu تعالى dit, dans la sourate فَاطِر Fatir :

﴿ هَلۡ مِنۡ خَٰلِقٍ غَيۡرُ ٱللَّهِ ٣ ﴾

(hal min khaliqin ghayrou l-Lah)

ce qui signifie : « Y-aurait-il un créateur autre que Dieu ?! » Et Dieu تعالى dit, dans la sourate آلِ عِمۡرَانَ ‘Ali ^Imran :

﴿ وَمَن يَغۡفِرُ ٱلذُّنُوبَ إِلَّا ٱللَّهُ ﴾

(waman yaghfirou dh-dhounouba ‘il-la l-Lah)

ce qui signifie : « Et qui pardonne les péchés sinon Dieu ?! »

N’est-ce pas que جبريل Jibril a dit à la Dame Maryam, dans la sourate مَرۡيَم Maryam :

﴿ لِأَهَبَ لَكِ غُلَٰمٗا زَكِيّٗا ﴾

(li‘ahaba laki ghoulaman zakiyya)

ce qui signifie : « Afin que je te fasse don d’un enfant vertueux. »

Celui Qui fait don de l’enfant, c’est-à-dire de عيسى ^Iça, à Maryam, en réalité c’est Dieu. Sauf que Dieu a fait que جبريل Jibril soit une cause et جبريل Jibril s’est attribué à lui-même l’acte de donner cet enfant.

Il en est de même pour celui qui dit : يا رسولَ الله (ya Raçoula l-Lah) –« Ô Messager de Dieu »–. Il sait pertinemment que le Créateur de l’aide, c’est Dieu, et que le Messager de Dieu n’est qu’une cause.

C’est à partir de là que l’on comprend et que l’on prend conscience de la gravité de l’outrance, de l’égarement et de l’exagération de ceux qui déclarent mécréants ceux qui font le tawassoul et l’istighatah, pour le simple fait de dire : (يا رَسُولَ اللهِ ضاقَتْ حِيلَتِي أَغِثْنِي يا رَسُولَ اللهِ ya Raçoula l-Lah daqat hilati ‘aghithni ya Raçoula l-Lah) ce qui veut dire : « Ô Messager de Dieu, je suis à court de solution, secours-moi ô Messager de Dieu ! », ou toute autre expression de cet ordre. C’est sur cette base qu’ils se rendent licite le sang et les biens des musulmans, tout cela pour propager la discorde sur terre et y semer la corruption.

C’est l’aide de Dieu que l’on recherche en réalité contre pareils gens, et à qui mieux qu’à Dieu peut-on demander le soutien ? Il est Celui Qui accorde la victoire.

Ayant tenu mes propos, je demande que Dieu me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

[1] Il a comparé son redressement à celui d’un chameau dont les pattes étaient entravées, que l’on délivre et qui avance d’un seul coup.

Second Discours :

الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله

اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou ttaqou l-Lah.

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.