Khoutbah n°1305
Discours du vendredi 27 septembre 2024 correspondant au 24 rabi^ al-‘awwal 1446 de l’Hégire
La Langue Arabe
اللغة العربية
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.
Louanges à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous demandons Son pardon, nous demandons qu’Il nous guide. Nous demandons à Dieu qu’Il nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui que Dieu guide, c’est lui le bien guidé, et celui que Dieu égare, tu ne lui trouveras personne pour le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, Lui seul n’a pas d’associé, Il n’a pas de semblable, Il n’a pas d’équivalent. Quoi que tu imagines en ton esprit, Dieu n’est pas ainsi et quiconque attribue à Dieu une des significations des humains a commis une mécréance. Je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre guide, celui qui nous réjouit le cœur, Mouhammad est l’esclave de Dieu et Son messager, celui qu’Il a élu, celui qu’Il agrée le plus. Dieu l’a envoyé avec la bonne guidée, avec la religion de vérité, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle, avertisseur de châtiment, appelant à la religion agréée par Dieu, tel un flambeau éclatant de lumière. Par lui, Dieu a guidé la communauté, il a levé le voile de l’obscurité, il a fait sortir les gens des ténèbres vers la lumière. Que Dieu le rétribue par ce dont Il a rétribué chacun de Ses prophètes pour sa communauté.
Ô Dieu, honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs et tous ceux qui les ont suivis parfaitement jusqu’au Jour du jugement.
Après quoi, esclaves de Dieu, je vous recommande et je me recommande à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Dieu Al-^Aliyy Al-^Adhim. Craignez Dieu votre Seigneur, Dieu dit dans le Qour’an honoré, dans la sourate Youçouf :
﴿ إِنَّآ أَنزَلۡنَٰهُ قُرۡءَٰنًا عَرَبِيّٗا لَّعَلَّكُمۡ تَعۡقِلُونَ ٢ ﴾
(‘inna ‘anzalnahou Qour’anan ^arabiyyan la^allakoum ta^qiloun)
ce qui signifie : « Nous avons fait descendre ce livre en tant que Qour’an arabe, afin que vous compreniez ses significations. »
Ce n’est pas excessif de dire que la langue arabe est la plus honorable des langues. Elle se distingue par sa beauté, sa simplicité et son ampleur qui ne se trouvent dans aucune autre langue parmi les langues des nations.
Mais nous, en tant qu’arabophones, nous nous désolons que la plupart d’entre nous n’accorde pas à la langue arabe l’attention requise, tout en sachant que la profonde ignorance de la langue arabe fait partie des objectifs des ennemis de la communauté. En effet, si nos enfants ont une faible compréhension de la langue arabe, cela entraîne une faible compréhension de la signification des versets du Livre de Dieu et du hadith du Messager de Dieu salla l-Lahou ^alayhi wasallam ainsi que des paroles des Imams ; par conséquent leur compréhension de la religion agréée par Dieu va faiblir. Et c’est ce à quoi aspire tout envieux motivé par une animosité contre l’appel du Prophète arabe Mouhammad fils de ^Abdou l-Lah salla l-Lahou ^alayhi wasallam. Et c’est ainsi que notre ennemi compte parvenir à déformer le sens des textes, de sorte à voir les conséquences à travers la mauvaise compréhension, et en conséquence de cette mauvaise compréhension, des tragédies et des déclarations de mécréance infondées et injustes.
Nous voici aujourd’hui témoins d’une génération qui ne connaît de la langue arabe que le nom. Combien de diplômés universitaires qui ne connaissent pas les principes de base des règles de l’arabe, bien plus, qui n’en connaissent pas même l’orthographe?! Beaucoup d’arabes n’utilisent plus l’alphabet arabe dans leurs écrits, ni dans leurs conversations, mais l’ont échangé contre ce qu’ils appellent « le langage texto », « la langue du tchat » ; ils ont ainsi délaissé les trésors de la langue arabe dite loughatou d–dad – la langue de la lettre dad – !
Il est arrivé que certains instituts annulent l’enseignement des règles de la langue arabe. Ils ont ignoré ou feint d’ignorer que c’est la langue que le Messager de Dieu salla l-Lahou ^alayhi wasallam a appelé à aimer et à préserver. D’après ^Abdou l-Lah Ibnou ^Abbas, le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :
(( أَحِبُّوا العَرَبَ لِثَلاثٍ لِأَنِّي عَرَبِيٌّ والقُرْءانَ عَرَبِيٌّ وَكَلامَ أَهْلِ الجَنَّةِ عَرَبِيٌّ ))
(‘ahibbou l-^araba lithalathin li‘anni ^arabiyyoun wal-Qour’ana ^arabiyyoun wakalama ‘ahli l-jannati ^arabiyy)
ce qui signifie : « Aimez les arabes pour trois raisons : parce que je suis arabe, parce que le Qour’an est en arabe et parce que la langue des gens du Paradis est l’arabe. » Rapporté par At–Tabaraniyy dans Al-Mou^jam et Al-Hakim dans Al-Moustadrak.
Étant donné cela, qu’est-ce qui pousse beaucoup d’arabes de nos jours à se détourner de l’attention qui est due à la langue arabe ?! La langue dans laquelle la révélation est descendue sur le cœur du Meilleur des envoyés Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam !… Tout comme le dit notre Seigneur ta^ala dans la sourate Ach-Chou^ara’ :
﴿ وَإِنَّهُۥ لَتَنزِيلُ رَبِّ ٱلۡعَٰلَمِينَ نَزَلَ بِهِ ٱلرُّوحُ ٱلۡأَمِينُ عَلَىٰ قَلۡبِكَ لِتَكُونَ مِنَ ٱلۡمُنذِرِينَ بِلِسَانٍ عَرَبِيّٖ مُّبِينٖ ﴾
(wa’innahou latanzilou rabbi l-^alamin nazala bihi r-rouhou l-’amin ^ala qalbika litakouna mina l-moundhirin biliçanin ^arabiyin moubin)
ce qui signifie : « Certes, le Qour’an est une révélation du Seigneur des mondes, [l’ange Jibril], le dépositaire fidèle de la révélation est descendu avec sur ton cœur afin que tu sois au nombre des avertisseurs, en une langue arabe claire. »
Cette même langue dans laquelle le Prophète ^alayhi s–salatou was-salam s’est adressé à son peuple pour les appeler à la foi !… Qui plus est, l’une des langues d’origine que Dieu a révélées au premier des êtres humains ‘Adam ^alayhi s-salam !…
À partir de cette réalité douloureuse qui est la nôtre, nous percevons combien nous avons besoin de maîtriser la connaissance de notre langue sublime… de maîtriser les sciences qui lui sont relatives et sa littérature… afin d’éduquer grâce à elle nos générations… et contrer les turbulences provoquées par les envieux… eux dont l’objectif est de dénigrer la dignité de la langue arabe, la langue du Qour’an honoré… eux qui donnent l’illusion aux jeunes générations que c’est une langue difficile… qui ne correspondrait plus à notre époque ! Comment en serait-il ainsi alors que notre Seigneur ta^ala dit dans la sourate Al-Qamar :
﴿ وَلَقَدۡ يَسَّرۡنَا ٱلۡقُرۡءَانَ لِلذِّكۡرِ فَهَلۡ مِن مُّدَّكِرٖ ﴾
(walaqad yassarna l-qour’ana lidh-dhikri fahal min mouddakir)
ce qui signifie : « Nous avons facilité la récitation du Qour’an pour la mémorisation, y aura-t-il des gens pour le mémoriser ? »
Dès lors que Dieu a facilité la mémorisation pour les récitateurs du Qour’an honoré qui représente le plus haut niveau de l’éloquence, comment siérait-il après cela de dire que c’est une langue difficile ou qu’elle n’est plus en phase avec notre époque ?! La réalité est simplement que le problème réside dans le fait que beaucoup ne comprennent pas l’arabe, parce qu’ils n’ont pas été orientées vers l’apprentissage de cette langue, et par conséquent, ils ne s’y sont pas habitués. Tout cela en raison d’une négligence qui est devenue héritée de père en fils. Donc lorsqu’ils entendent la langue arabe et ses sciences connexes, ils ont l’impression d’entendre quelque chose d’étrange par rapport à ce qu’ils ont pris l’habitude d’écouter. Le problème n’est donc pas dans la langue arabe et ses différentes sciences, mais dans les esprits stériles de ceux qui critiquent la langue arabe, parce qu’ils n’ont pas été éclairés par la richesse de ses trésors.
Face à cela, nous disons que revivifier la langue arabe, discuter en langue arabe, faire en sorte que ce soit une langue traitant de nombreuses sciences, ce n’est pas quelque chose de difficile. Il convient que nous nous appliquions et que nous accordions de l’importance à notre langue, en la parlant et en la pratiquant, afin que les yeux de nos enfants s’ouvrent sur les réserves surabondantes de la langue arabe, afin qu’ils puissent en puiser des sens purs, pour abreuver leurs cœurs d’amour envers leur langue d’origine par la compréhension, afin qu’ils maîtrisent grâce à cela d’abord la récitation du Livre de Dieu puis qu’ils comprennent la Sounnah du Messager de Dieu salla l-Lahou ^alayhi wasallam, afin qu’ils comprennent la terminologie des savants de la communauté dans les fondements, dans le fiqh, dans la médecine et autres sciences dont se sont détournés la plupart des enfants de cette communauté de nos jours. L’une des principales raisons de ce retard est l’ignorance de la langue arabe.
Par le passé, Abou l-‘Aswad Ad-Dou’aliyy avait entendu sa fille se tromper sur une lettre puisqu’elle avait dit : « Ô père…ma ‘ahsanou s-sama’ » Il lui avait répondu : « Ma fille, ce sont ses étoiles. » Elle lui avait dit : « Mais non, je ne voulais pas dire : “Qu’est-ce qui est le plus beau dans le ciel ?”, je voulais simplement m’exclamer au sujet de la beauté du ciel. » Il lui avait donc dit : « Alors tu dis : “ma ‘ahsana s-sama’”. » Cela l’avait secoué au point qu’il était allé s’en plaindre à notre maître ^Aliyy, que Dieu l’agrée, pour l’avertir de ce danger, et ce dernier lui avait ordonné de mettre en place la science de an-nahou. Il lui a enseigné quelques fondements puis lui a dit : (‘ounhou hadha n-nahwa) « Suis ce chemin. » C’est la raison pour laquelle cette science a été appelée an-nahou. D’autre part, Al-Mourhibiyy et Al-Qouda^iyy ont rapporté que notre maître ^Oumar Ibnou l-Khattab était passé auprès de gens qui s’entraînaient au lancer et qui n’atteignaient pas leur cible. Alors il leur avait dit : (ma ‘aswa’a ramyakoum) « Que votre lancer est médiocre » ce à quoi ils avaient répondu : (nahnou mouta^allimin). Or il fallait plutôt dire : (nahnou mouta^allimoun) « Nous sommes débutants. » Alors ^Oumar leur a dit : « Votre erreur dans la langue arabe m’est plus difficile à supporter que votre erreur au lancer ; j’ai entendu le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam dire :
(( رَحِمَ اللهُ امْرَءًا أَصْلَحَ مِنْ لِسانِه ))
(rahima l-Lahou mra’an ‘aslaha min liçanih)
ce qui signifie : « Que Dieu fasse miséricorde à un homme qui se corrige en faisant en sorte que ce qu’il dit soit correct. » Rapporté par Al-Bayhaqiyy dans Ach-Chou^ab. Où sommes-nous aujourd’hui vis-à-vis d’une pareille attention à sauvegarder la langue arabe dans le cœur de nos enfants ?!
Et parmi ce qui est honteux et choquant, il y a le fait que certains en sont arrivés à se moquer de ceux qui parlent la langue arabe correcte, ou bien lorsqu’ils entendent quelqu’un appeler de la manière correcte celui dont le prénom est ^Abdou l-Lah ou ^Abdou l-Qadir ou ^Abou r-Razzaq, au lieu de l’appeler de façon erronée en dialecte ^Abdalla ou ^Abda l-‘adir’ ou ^Abda r-razza’. Or ceci est une déformation que la religion a interdite tout comme cela est indiqué par Sa parole ta^ala dans la sourate Al-‘A^raf :
﴿ وَلِلَّهِ ٱلۡأَسۡمَآءُ ٱلۡحُسۡنَىٰ فَٱدۡعُوهُ بِهَاۖ وَذَرُواْ ٱلَّذِينَ يُلۡحِدُونَ فِيٓ أَسۡمَـٰٓئِهِۦۚ سَيُجۡزَوۡنَ مَا كَانُواْ يَعۡمَلُونَ ﴾
(walil-Lahi l-’asma’ou l-housna fad^ouhou biha wadharou l-ladhina youlhidouna fi ‘asma’ihi sayoujzawna ma kanou ya^maloun)
qui signifie : « Allah a les noms qui indiquent la perfection, évoquez-Le par Ses noms et délaissez ceux qui font preuve d’irréligion en altérant Ses noms, ils seront rétribués pour ce qu’ils ont fait. »
Certains sont étonnés quand ils voient ou qu’ils entendent quelqu’un pratiquer la langue arabe correcte dans sa conversation courante, et ils regardent avec réprobation celui qui ne connaît pas la langue du tchat !
Ce qui est étonnant : ce sont des gens qui sont descendants d’arabes d’origine mais qui ne connaissent pas l’arabe, et ils préfèrent ce qui est rempli d’erreurs à la langue éloquente et correcte !
À ceux-là, nous disons que ce n’est pas le fait d’apprendre la langue arabe qui est une honte, mais que c’est bien le fait d’attaquer l’arabe qui est honteux. Je ne comprends pas comment certains ont pu se détacher de leur identité arabe, se dépouiller de toutes les valeurs précieuses arabes, et abandonner leur langue sous prétexte de modernisme et d’être en phase avec leur époque. Et avec quelle cécité ces personnes ont-elles vu que la langue arabe est un obstacle au progrès ?
N’ont-ils pas su que l’apprentissage de an-nahou est un devoir collectif pour les habitants de chaque région ?! C’est-à-dire que si certains d’entre eux l’apprennent, le reste des gens est déchargé du péché, mais si personne ne l’apprend, tout le monde est dans le péché, hormis ceux qui étaient excusés par une excuse légale. Toutefois, il est un devoir d’ordre personnel de l’apprendre pour chaque personne qui veut apprendre le tafsir ou le hadith, par crainte d’introduire dans la religion de Dieu ce qui n’en fait pas partie, ou de nier une chose de la religion alors qu’elle en fait partie, tout cela en raison de son ignorance de la langue arabe. Nous constatons aujourd’hui qu’il y a des gens qui donnent aux textes du Qour’an et du hadith autre chose que leur signification et qui les interprètent autrement qu’avec leur sens correct, et ce sont des gens qui se prétendent savants ou chouyoukh et qui donnent des fatwa suite à ce qu’ils ont imaginé par leurs pensées erronées ! Dans beaucoup de situations, cela résulte de l’ignorance de ces gens-là de la langue arabe.
Comment quelqu’un va-t-il s’engager dans le domaine de l’interprétation – tafsir – du Livre de Dieu, qui est au plus haut degré de l’éloquence ; et se plonger dans l’interprétation – tafsir – de la parole – hadith – du plus éloquent des arabes, le Messager de Dieu salla l-Lahou ^alayhi wasallam sans avoir acquis le niveau de connaissance de la langue arabe qui le qualifie pour comprendre le sens correct de la parole de Allah et de celle du Messager de Allah ?! Il va ainsi à sa perte et il mène autrui à sa perte car n’importe quelle interprétation – tafsir – du Qour’an ou du hadith qui n’est pas conforme à la langue arabe est infondée et rejetée. Preuve en est Sa parole ta^ala dans la sourate Foussilat :
﴿ كِتَٰبٞ فُصِّلَتۡ ءَايَٰتُهُۥ قُرۡءَانًا عَرَبِيّٗا لِّقَوۡمٖ يَعۡلَمُونَ ٣ ﴾
(kitaboun foussilat ‘ayatouhou Qour’anan ^arabiyyan liqawmin ya^lamoun)
ce qui signifie : « Un Livre dont les versets ont été détaillés en tant que Qour’an en langue arabe pour des gens qui en ont la connaissance. »
La maîtrise de la langue arabe est un échelon vers l’élévation, c’est un honneur que la plupart des arabes de notre époque n’ont pas réussi à atteindre. L’apprentissage de la langue arabe est un moyen d’éduquer l’âme et de mener à la droiture du cœur. Abou Nou^aym a rapporté dans Al-Hilyah d’après l’Imam Ach-Chafi^iyy qu’il a dit : « Celui qui apprend an-nahou gagne en prestance et celui qui apprend la langue arabe, son tempérament sera doux. »
La négligence à cet égard constitue un chemin vers l’échec, le déclin et le recul au sein des nations.
Ceci étant dit, je demande le pardon à Allah.
Second Discours[1] :
الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله
اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات
Al-hamdou lil-Lahi was–salatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou ttaqou l-Lah.
Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.
[1] Il s’agit des piliers des discours selon Ach-Chafi^iyy. Pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français, les piliers devraient être dits en arabe.