Introduction : le « comment » est exclu au sujet de Dieu et de Ses attributs
Dans les textes religieux, le mot اليد (al-yad) est attribué à Dieu – Qui est exempt de toute imperfection –, non pas dans le sens d’un organe ou d’un membre, mais dans le sens d’un attribut de Dieu. Tel est le consensus des savants de Ahlou s-Sounnah wal-Jama^ah, parmi les prédécesseurs des premières générations (as–Salaf) et leurs successeurs (al-Khalaf), conformément aux Textes explicites et aux arguments rationnels catégoriques.
C’est dans ce sens que ‘Oummou Salamah, épouse du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam, a déclaré : « Et le ‘comment’ est inconcevable au sujet de Dieu ». Le ‘comment’ signifie la forme, l’apparence, l’image et tout ce qui fait partie des caractéristiques des créatures. Et l’imam Malik a dit : « Le ‘comment’ est exclu à Son sujet ». Ces deux propos, rapportés par Ibnou Hajar al-^Asqalaniyy dans Fath al-Bari, affirment que le ‘comment’ est impossible et donc exclu au sujet de Dieu et de Ses attributs.
Il est donc faux de dire : «Le comment est inconnu ». Car cela laisserait entendre que Dieu aurait bien une forme et un ‘comment’ qui nous sont inconnus. Or, ce n’est pas l’enseignement des savants de l’Islam. Ce qui rapporté de l’imam Malik de façon confirmée, ce sont trois versions. Dans la première il a dit : « sans comment (bila kayf) » (cette parole est rapportée par at-Tirmidhiyy), et dans les deux autres « le comment est exclu » et « le comment est inconcevable », toutes deux rapportées par al-Bayhaqiyy et Ibnou Hajar al-^Asqalaniyy.
Ainsi, quiconque attribue à Dieu le comment c’est-à-dire les caractéristiques des créatures en prétendant que Dieu aurait une vraie main qui est un membre physique tombe dans l’assimilation de Dieu aux créatures et dans l’anthropomorphisme, et ce, même s’il dit que l’on ignore comment est cette main. Car dire que Dieu aurait une forme et un comment revient à assimiler Dieu aux créatures et donc à contredire l’unicité de Dieu (le tawhid).
Les savants exemptent Dieu du comment lors de l’explication des versets non explicites, et ce, en délaissant le sens apparent qui donne l’illusion d’assimiler Dieu aux créatures. Il y a donc consensus des prédécesseurs des premières générations (as-Salaf) et de leurs successeurs (al-Khalaf), sur le fait que lorsque le mot اليد apparaît dans les textes, il ne faut pas l’interpréter dans son sens apparent, c’est-à-dire qu’il ne faut pas lui donner le sens de ‘membre’.
C’est pourquoi l’imam at–Tahawiyy – l’un des grands imams des prédécesseurs des premières générations – a affirmé dans son traité de croyance : « Dieu est exempt des limites, des fins, des côtés, des membres et des organes, et Il n’est contenu dans aucune des six directions, à la différence des créatures. »
Traité de croyance de l’imam At-Tahawiyy
La voie des Salaf et celle de leurs successeurs
Ainsi, les prédécesseurs des premières générations (as-Salaf) tout comme leurs successeurs (al-Khalaf) ont délaissé le sens apparent qui pourrait suggérer une ressemblance avec les créatures. La majorité des savants des Salaf ont opté pour une interprétation globale, appelée tafwid, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas cherché à déterminer le sens précis voulu. Quant à la majorité des savants des Khalaf, ils ont adopté une interprétation détaillée (taʾwil tafsiliyy), s’efforçant d’identifier le sens qui convient à Dieu Qui est exempt de toute imperfection.
Ainsi, tous les savants de l’Islam interprètent les versets non explicites, soit par une interprétation globale, soit par une interprétation détaillée. La différence entre les approches des salaf et des khalaf intervient donc après un accord des deux parties sur le fait d’exempter Dieu de toute ressemblance avec les créatures et du ‘comment’. Cela ne signifie pas pour autant qu’aucun des Salaf n’ait pratiqué l’interprétation détaillée. En effet, l’imam at–Tabariyy a rapporté que plusieurs figures parmi les anciens ont procédé à des interprétations détaillées. Il cite dans son exégèse du verset 47 de sourate adh-dhariyat :
﴿وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ وَإِنَّا لَمُوسِعُونَ ﴾
que des savants comme Ibnou ^Abbas, Moujahid et Qatadah ont interprété le terme (بأيد) qui est cité dans le verset par la force c’est à dire la puissance. Cette interprétation est un exemple d’explication détaillée du sens. Voici ce qu’a dit l’imam at–Tabariyy dans son exégèse :
Dans verset : « وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ وَإِنَّا لَمُوسِعُونَ », Allah — Qui est exempt de toute imperfection — dit ce qui signifie : “Nous avons élevé le ciel comme un toit, avec une puissance“. C’est ainsi qu’ont dit les spécialistes de l’exégèse. Voici ceux qui ont rapporté cela :
- ^Aliyy m’a rapporté d’Abou Salih, d’après Mou^awiyah, d’après ^Aliyy, d’après Ibnou ^Abbas à propos de Sa Parole : « وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ », il dit : avec puissance.
- Mouhammad ibn ^Amr m’a rapporté d’Abou ^Asim, d’après ^Iça ; et al-Harith m’a rapporté d’al-Haçan, d’après Warqa‘ — tous deux d’après Ibn Abi Najih, d’après Moujahid — à propos de « بِأَيْدٍ » (bi-ayd) : c’est-à-dire avec puissance.
- Bichr m’a rapporté d’après Yazid, d’après Sa^id, d’après Qatadah : « وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ », c’est-à-dire avec puissance. Fin de citation.
Tout cela réfute la croyance de ceux qui affirment que Dieu aurait une main au sens littéral. Quelqu’un qui affirmerait une telle chose serait un assimilateur, un anthropomorphiste, qui contredit le verset 11 de sourate Ach-Choura :
﴿لَيسَ كَمِثلِهِ شَيءٌ﴾
« Rien n’est tel que Lui »
Comme dans la langue arabe, le sens qui vient en premier à l’esprit du mot اليد (al-yad) est le sens de l’organe — sens qui n’est pas digne de Dieu — et comme le mot اليد (al-yad) a d’autres significations, comme puissance ou bienfait, qui sont possibles selon le contexte, certains savant du Salaf ont préféré ne pas préciser un sens particulier, afin d’éviter d’exclure un sens correct voulu.
L’interprétation (ta’wil) des Textes :Le ta’wil c’est le fait d’expliquer un texte non explicite par un autre sens que son sens apparent, en conformité avec les textes explicites. lire la suite
Le sens du propos de l’imam Abou Hanifah
L’étudiant en sciences de religion ne doit donc pas être troublé par la parole de Abou Hanifah dans son ouvrage Al-Fiqh al-Akbar :
«وَلَا يُقَالُ: إِنَّ يَدَهُ قُدرَتُهُ، أَو نِعمَتُهُ، لِأَنَّ فِي ذَلِكَ إِبطَالَ الصِّفَةِ، وَهُوَ قَولُ أَهلِ القَدَرِ وَالِاعتِزَالِ، وَلَكِن يَدُهُ صِفَتُهُ بِلا كَيفٍ»
« On ne dit pas que اليد (al-yad) attribué à Dieu est Sa puissance ou Son bienfait, car cela reviendrait à nier l’attribut, ce qui est la position des Qadariyyah et des Mou^tazilah. On dit que اليد est un attribut de Dieu sans comment. »
Abou Hanifah n’y nie pas toute interprétation. Il n’a pas voulu dire que اليد au sujet de Dieu aurait le sens de l’organe. Il met juste en garde contre la réduction systématique du mot اليد au seul sens de puissance, ou de bienfait car cela pourrait exclure d’autres sens corrects voulus dans les textes religieux.
Abou Hanifah ne rejette donc pas toute interprétation. D’ailleurs, il a dit, que Dieu l’agrée, dans le même ouvrage :
«فمَا ذكره الله تعالَى في القُرآن مِن ذكر الوجه واليد والنَّفس، فهُو له صفة بلا كيف»
Ce qui signifie : « ce que Dieu a cité dans le Qour’an à savoir الوجه, اليد et النَّفس, il s’agit d’attributs de Dieu sans comment. » Sa parole “sans comment” est une interprétation qui rejette le sens littéral, il s’agit une interprétation globale car il n’a pas précisé le sens voulu.
Un autre argument qui montre que Abou Hanifah ne rejette pas toute interprétation, réside dans sa parole dans Al-Fiqh al-Absaṭ où il dit lorsqu’il parle de l’attribut de Dieu اليد (al-yad) :
«يد الله فوق أيديهم، وليست كأيدي خلقه، ليست بجارحة، وهُو خالق الأيدي. ووجهُه ليس كوُجوه خلقه، وهُو خالق كُلِّ الوُجوه»
« اليد (al-yad) attribué à Dieu n’a aucune ressemblance avec les mains des créatures. Ce n’est pas un membre. Il est le Créateur des mains. الوجه (al-wajh) attribué à Dieu n’a aucune ressemblance avec les visages des créatures. Il est le Créateur de tous les visages. » Fin de citation.
Et dans Al-Fiqh al-Akbar il ajoute à propos de la vision de Dieu au Paradis :
«ويراه المُؤمنون وهُم في الجنَّة بأعيُن رُؤوسهم بلا تشبيه ولا كيفيَّة ولا كمِّيَّة ولا يكون بينه وبين خلقه مسافة»
« Les croyants Le verront de leurs yeux, sans aucune ressemblance avec les créatures, ni comment, ni quantité, et sans qu’il y ait une distance entre Lui et eux. »
Biographie de l’imam Abou Hanifah
Abou Hanifah est un savant du Salaf
Pour plus de clarté, nous vous rapportons les propos de l’imam Charafou d-Din at-Tilimsaniyy dans son Commentaire du livre Louma^ al-‘Adillah [de l’Imam Al-Jouwayniyy], où il dit :
« La révélation n’a été établie que par la raison (c’est-à-dire on ne prouve la véracité de l’Islam et de ce qu’a rapporté le Prophète Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam que par la raison), il est donc inconcevable que la révélation comporte ce qui contredirait la raison, car celle-ci en est le témoin. S’il y avait dans la révélation ce qui contredit la raison, alors la révélation et la raison seraient toutes deux invalidées. Cela établi, nous disons : tout énoncé rapporté par la révélation à propos de Dieu, de Ses Noms ou de Ses Attributs, qui semble contredire la raison, est nécessairement soit transmis par un grand nombre de personnes de sorte qu’il est inconcevable qu’ils se soient accordés pour mentir ou qu’ils se trompent (moutawatir), soit transmis par un nombre restreint de personnes (‘ahad).
S’il s’agit d’un hadith transmis par un nombre restreint de personnes (‘ahad) exprimé en des termes explicites ne permettant aucune interprétation [et qui contredit la raison], nous disons de façon catégorique que son narrateur a menti, ou qu’il y a eu une erreur ou une inattention de sa part.
S’il s’agit hadith transmis par un nombre restreint de personnes (‘ahad) qui n’est pas explicite [et qui a donc deux sens ou plus dans la langue et] dont le sens apparent c’est-à-dire qui vient en premier à l’esprit est en contradiction avec la raison, alors ce sens apparent n’est pas celui qui est voulu.
S’il est transmis par un grand nombre de personnes (moutawatir), il est impensable qu’il soit explicite au point d’exclure toute interprétation [tout en contredisant la raison]. Il a nécessairement plusieurs sens, soit tous équivalents, soit l’un d’eux est un sens apparent (c’est-à-dire qu’il vient en premier à l’esprit). Dans ce cas, nous disons : tout sens dont la raison démontre l’impossibilité n’est pas celui qui est voulu.
S’il ne reste, après avoir écarté les sens impossibles, qu’une seule signification, elle est retenue comme étant celle qui est visée.
S’il en reste plusieurs, alors deux cas se présentent :
Soit une preuve catégorique permet de trancher en faveur de l’une d’elles — auquel cas elle est adoptée ;
Soit aucune preuve décisive ne permet de trancher — et là se pose la question : peut-on déterminer le sens par effort d’interprétation (ijtihad) ?
Sur ce point, les avis divergent. Le point de vue des Salaf est de ne pas trancher, par crainte de nier un sens qui pourrait être celui voulu. » Fin de citation.
Ce dernier point correspond exactement à ce qu’a visé Abou Hanifah — qui fait partie des grands savants des Salaf — par sa parole « Et l’on ne dit pas que “اليد” signifie Sa puissance » expliquée ci-dessus: il n’a pas voulu que l’on dise systématiquement, que “اليد” signifie « Sa puissance », par crainte de nier un sens voulu dans un des textes religieux citant اليد.
Quant aux wahhabites, ils ont déformé le sens de la parole de Abou Hanifah : « Et l’on ne dit pas que “اليد” signifie Sa puissance », en s’y référant sans en comprendre le sens ni ce qu’il a visé. Ce sont ces mêmes personnes qui nient l’authenticité de ces épîtres attribuées à Abou Hanifah, dont Al-Fiqh al-Akbar et Al-Fiqh al-Absaṭ ! Plus étonnant encore, ils vont jusqu’à le déclarer mécréant ou égaré, comme ils l’ont affirmé à plusieurs reprises.
Conclusion
Les savants des Salaf ont interprété le mot اليد attribué à Dieu. Certains l’ont fait de manière globale (en disant qu’il s’agit d’un attribut sans comment), d’autres de façon détaillée (en disant اليد signifie ici la puissance ou le bienfait), comme l’a rapporté at–Tabariyy cité plus haut.
Par ailleurs, Al-Matouridiyy — qui était hanafite — a commenté le verset 64 de sourate Al-Mai’dah :
﴿بَلْ يَدَاهُ مَبْسُوطَتَانِ﴾
En disant qu’il signifie : « Ses bienfaits sont largement répandus » c’est-à-dire que Dieu accorde ses bienfaits à qui Il veut et Il prive qui Il veut. Et il a ajouté : « Concernant les termes cités comme اليد, القبضة ou اليمين, il s’agit de Lui attribuer la force, la souveraineté et la puissance sur toute chose. » Cette interprétation montre que Al-Matouridiyy a bien compris que Abou Hanifah ne voulait pas exclure systématiquement toute interprétation du terme اليد par le bienfait car il l’a interprété lui-même par ce sens dans le verset de sourate Al-Mai’dah.
Quant à l’affirmation selon laquelle « les Salaf prenaient les textes au sens apparent et disaient : “c’est une main réelle, dont nous ignorons le comment” », c’est une parole rejetée, qui n’est rapportée de façon fiable d’aucun imam des Salaf. Elle est en tout point identique au discours des anthropomorphistes et assimilateurs — mouchabbihah et moujassimah —. Il est exclu que cela soit la doctrine de Abou Hanifah.
Que celui qui le souhaite se réfère aux propos des savants de Ahlou s-Sounnah wa-l-Jama^ah concernant l’interprétation des versets non explicites (moutachabihat) ; qu’il les examine pour y trouver confirmation, clarté et solidité dans la connaissance. Ces savants n’ont certainement pas ignoré la parole d’Abou Hanifah, mais ils l’ont bien comprise, conformément à ce que nous avons exposé — et Dieu est celui qui accorde la réussite.
La croyance de l’Imam Abou Hanifah : Abou Hanifah que Allah l’agrée, était sur la croyance du Prophète et de ses compagnons honorables, que l’agrément de Allah soit sur eux. Il a en effet rencontré certains compagnons et ils lui ont transmis la connaissance. lire la suite
مقدمة : الكيفية منفية عن الله وصفاته
ورد لفظ اليد في النُّصوص الشَّرعيَّة مُضافًا إلى الله تعالَى على معنَى الصِّفة لا على معنَى العُضو والجارحة، هذا ما عليه أهل السُّنَّة والجماعة سلفُهُم وخلفُهُم وهُو الَّذي دلَّت عليه النُّصوص المحكَمَة والأدلَّة العقليَّة القاطعة.
ولذلك قالت أُمُّ سَلَمَة رضي الله عنها: (والكيف غير معقول) انتهَى وقال الإمام مالك: (وكيف عنه مرفوع) انتهَى رواهُما العسقلانيُّ في فتح الباري؛ أي أنَّ الكيفيَّة مُستحيلة في حقِّ الله تعالَى فهي منفيَّة عن الله وصفاته.
ولا يصح قول (والكيف مجهول). والثَّابت عن مالك ثلاثُ روايات الأُولَى رواها التِّرمذيُّ وفيها: (بلا كيف) واثنتان رواهُما البيهقيُّ والعسقلانيُّ إحداهُما: (وكيف عنه مرفوع) والأُخرَى: (والكيف غير معقول).
فمَن وصف الله تعالَى بالكيف فأثبت اليد الحقيقيَّة أي الَّتي هي عُضو وجارحة فهذا مُتلبِّس بمحض التَّشبيه والتَّجسيم ولو زعم أنَّ هذا الكيف مجهول لا نعرفه، لأنَّه بإثباته للكيف صار مُناقضًا لمُقتضَى التَّوحيد.
وتنزيه العُلماء لله تعالَى عن الكيفيَّة في تفسير المتشابِهات معناه ترك الأخذ بالظَّاهر الموهم للتَّشبيه؛ فالسَّلف والخلف مُتَّفقون أنَّ لفظ اليد في النُّصوص الشَّرعيَّة ليس المراد ظاهره أي ليس المراد منه العُضو والجارحة.
ولذلك قال الطَّحاويُّ -مِن أئمَّة السَّلف- في عقيدته الَّتي ذكر أنَّها بيان عقيدة أهل السُّنَّة والجماعة: (تعالَى الله عن الحُدود والغايات والأركان والأعضاء والأدوات ولا تحويه الجهات السِّتُّ كسائر المبتدعات) إلخ..
مذهب السلف والخلف
إذًا تَرَكَ السَّلفُ والخلفُ الظَّاهرَ الموهم للتَّشبيه ثُمَّ عَمِلَ أكثر السَّلف بالتَّأويل الإجماليِّ أي التَّفويض فتركوا تعيين المعنَى المراد، وأكثر الخلف عملوا بالتَّأويل التفصيليِّ فاجتهدوا في تعيين المعنَى الَّذي يليق بالله تعالَى.
فعلماء الإسلام يؤولون الآيات المتشابهة إما تأويلا إجماليا أو تفصيليا. واختلاف طريقتَي السَّلف والخلف جاء بعد اتِّفاق الفَريقين على تنزيه الله تعالَى عن الكيف؛ لكن هذا لا يعني أنَّ أحدًا مِن السَّلف لم يُؤَوِّلِ التَّأويل التفصيليَّ بل نقل الإمام الطَّبريُّ ذلك عن جُملة مِن أئمَّة السَّلف.
ففي تفسير قوله تعالَى في سُورة الذَّاريات: ﴿وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ وَإِنَّا لَمُوسِعُونَ ﴾ نقل الإمام الطَّبريُّ عن ابن عبَّاس ومُجاهد وقتادة وغيرهم أنَّهم تأوَّلوا لفظ (اليد) الوارد في الآية بمعنَى القُوَّة أي القدرة؛ فهذا تأويل تفصيليٌّ. وهذا نص الطبري في تفسيره:
«القول في تأويل قوله تعالى : ﴿وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ وَإِنَّا لَمُوسِعُونَ﴾.
يقول تعالى ذكره: والسماء رفعناها سقفا بقوة. وبنحو الذي قلنا في ذلك قال أهل التأويل.
ذكر من قال ذلك: حدثني عليّ قال: ثنا أبو صالح قال: ثني معاوية عن عليّ عن ابن عباس قوله ( وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ ) يقول: بقوة.
حدثني محمد بن عمرو قال: ثنا أبو عاصم قال: ثنا عيسى، وحدثني الحارث قال: ثنا الحسن قال: ثنا ورقاء جميعا عن ابن أبي نجيح عن مجاهد قوله ( بِأَيْدٍ ) قال: بقوة.
حدثنا بشر قال: ثنا يزيد قال: ثنا سعيد عن قتادة ( وَالسَّمَاءَ بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ ) : أي بقوّة. »
وكُلُّ هذا -كما ترَى- مُناقض لاعتقاد الجَهَلَة الَّذين زعموا أنَّ الله تعالَى يُوصف باليد الحقيقيَّة أي الَّتي هي عُضو وجارحة فهذا -والعياذ بالله- مُجسِّم مُشبِّه مُكذِّب لقوله تعالَى: ﴿لَيسَ كَمِثلِهِ شَيءٌ﴾ الآية.
ولمَّا كان الظَّاهر مِن لفظ اليد في اللُّغة العربيَّة لا يليق بالله عزَّ وجلَّ؛ وكان لليد أكثر مِن معنَى يحتمله النصُّ -لُغة- ويليق به تعالَى؛ فوَّض بعض السَّلف المعنَى ومنعوا مِن تعيينه خشية عدم إصابة المعنَى المراد.
معنى قول أبي حنيفة
فلا يُشكل على طالب العلم قول الإمام أبي حنيفة رضي الله عنه في كتابه الفقه الأكبر: (وَلَا يُقَالُ: إِنَّ يَدَهُ قُدرَتُهُ، أَو نِعمَتُهُ، لِأَنَّ فِي ذَلِكَ إِبطَالَ الصِّفَةِ، وَهُوَ قَولُ أَهلِ القَدَرِ وَالِاعتِزَالِ، وَلَكِن يَدُهُ صِفَتُهُ بِلا كَيفٍ) انتهَى.
وذلك لأنَّ أبا حنيفة إنَّما أراد أنَّ اليد لا تُؤَوَّل دائمًا بالقُدرة، ولا دائمًا بالنِّعمة، وقد تَرِد بمعنَى العهد أو العناية وغيرها؛ فحصر تأويلها بالقُدرة قد يُؤدِّي إلى إبطال المعاني الصَّحيحة المرادة في بعض النُّصوص الشَّرعية.
فأبو حنيفة لا يُنكر التَّأويل ولذلك قال رضي الله عنه: (فمَا ذكره الله تعالَى في القُرآن مِن ذكر الوجه واليد والنَّفس، فهُو له صفة بلا كيف) فقولُه «بلا كيف» تأويل لأنَّه نفي للظَّاهر لكنَّه إجماليٌّ لأنَّه لم يُعيِّن المراد.
وممَّا يُثبت كون أبي حنيفة رضي الله عنه لا يُنكر التَّأويل قوله في الفقه الأبسط: (يد الله فوق أيديهم، وليست كأيدي خلقه، ليست بجارحة، وهُو خالق الأيدي. ووجهُه ليس كوُجوه خلقه، وهُو خالق كُلِّ الوُجوه) انتهَى.
ويشهد لكون أبي حنيفة بريئًا مِن إنكار التَّأويل قولُه رضي الله عنه في الفقه الأكبر: «ويراه المؤمنون وهُم في الجنَّة بأعيُن رُؤوسهم بلا تشبيه ولا كيفيَّة ولا كمِّيَّة ولا يكون بينه وبين خلقه مسافة» انتهَى وهُو كلام نفيس.
أبو حنيفة من السلف
ولمزيد بيان ننقُل لكُم قول الشَّيخ شرف الدِّين التِّلمسانيِّ في شرح لُمَع الأدلَّة يقول: (إنَّ الشَّرع إنَّما ثبت بالعقل فلا يُتصوَّر وُرودُه بما يُكذِّب العقل فإنَّه شاهده فلو أتَى بذلك لبطل الشَّرع والعقل، فإذا تقرَّر هذا فنقول: كُلُّ لفظ يَرِد مِن الشَّرع في الذَّات والأسماء والصِّفات ممَّا يُوهم خلاف العقل فلا يخلو إمَّا أن يكون مُتواترًا أو آحادًا، فإن كان آحادًا وهُو نصٌّ لا يحتمل التَّأويل قطعنا بتكذيب ناقله أو سهوه أو غلطه، وإن كان ظاهرًا فالظَّاهر منه غير مُراد، وإن كان متواترًا فلا يُتصوَّر أن يكون نصًّا لا يحتمل التَّأويل فلا بُد أن يكون ظاهرًا أو مُحتَمِلًا فحينئذ نقول: الاحتمال الَّذي دلَّ العقل على خلافه ليس بمُراد منه، فإن بقي بعد إزالته احتمال واحد تعيَّن أنَّه المراد بحُكم الحال، وإن بقي احتمالان فصاعدًا فلا يخلو إمَّا أن يدُلَّ قاطع على تعيين واحد منها أو لا، فإن دَلَّ حُمل عليه، وإن لم يدُلَّ قاطع على التَّعيين فهل يُعيِّن بالظَّنِّ والاجتهاد؟ اختُلف فيه فمذهب السَّلف عدم التَّعيين خشية الإلحاد” انتهَى أي خشية أن ينفي معنًى كان مُرادًا وهذا موافق لما ذكره أبو حنيفة “ولا يقال يده قدرته” أي دائما خشية أن ينفي معنى كان مُرادًا.
فالوهابيَّة الَّذين حرَّفوا معنَى قول أبي حنيفة: «ولا يُقال يدُه قُدرتُه» واستدلُّوا به دون فهم لمعناه ومقصده، هُم أنفُسُهُم ينفون ثُبوت هذه الرَّسائل عنه! وأعجبُ مِن ذلك أنَّهُم يحكُمون بتكفيره وتضليله كما صرَّحوا مرارًا.
الخلاصة
السَّلف كُلَّهُم تأوَّلوا اليد إذا أُضِيفَت إلى الله تعالَى إمَّا تأويلًا إجماليًّا كما في قول أبي حنيفة: «وَلَكِن يَدُهُ صِفَتُهُ بِلا كَيفٍ»، وإمَّا تأويلًا تفصيليًّا كما نقل المفسِّر الطَّبريُّ عن جُملة مِن علماء السَّلف.
وقال الماتُريديُّ الحنفي في تفسيره: ﴿بَلْ يَدَاهُ مَبْسُوطَتَانِ﴾ أي نِعَمُه مبسوطة: يُوسِّع على مَن يشاء ويُقتِّر على مَن يشاء) وقال: (فعلَى ذلك ما ذُكِر مِن قبضته ويده ويمينه إنَّما هُو الوصف له بالقُوَّة والسُّلطان والقُدرة على ذلك) انتهَى.
أمَّا القول “بأنَّ السَّلف كانوا يأخُذون بالظَّاهر ويقولون هي يد حقيقيَّة لا نعلم كيفيَّتها”! فهذا كلام مردود لا يثبُت عن واحد مِن أئمَّة السَّلف، وهُو عين كلام المشبِّهة والمجسِّمة. وحاشَا أن يكون هذا مذهبَ أبي حنيفة.
ومَن شاء ليرجع إلى أقوال عُلماء أهل السُّنَّة والجماعة عند تفسير المتشابِهات ولينظُرها لمزيد تأكيد وبيان ورُسوخ علم ولا شكَّ أنَّ هؤُلاء المفسِّرين لم يفُتهُم قول أبي حنيفة بل فهموه على الصَّواب وكما بيَّناه والله وليُّ التَّوفيق.