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Khoutbah n°1286 : Le Voisin

Le Messager de Dieu a dit ce qui signifie « Celui qui croit en Dieu et au Jour dernier, qu’il agisse avec bienfaisance envers son voisin. »

 

Khoutbah n°1286

Discours du vendredi 17 mai 2024 correspondant au 9 Dhou l-Qa^dah 1445 de l’Hégire

Le Voisin

 الجار

الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

Louanges à Dieu, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée et nous Le remercions. Nous demandons à Dieu qu’Il nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui que Dieu guide nul ne peut l’égarer et celui qu’Il égare nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, ni de semblable, ni d’opposant, ni d’équivalent.

Je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre guide, notre éminence, la cause de notre joie, محمَّد Mouhammad, est Son esclave et Son Messager, Son élu et celui qu’Il agrée le plus.

Il est le maître honoré qui a enseigné à sa communauté ce qui bénéfique pour eux dans le bas monde et dans l’au-delà, et qui a inculqué dans leurs cœurs les règles garantissant la droiture de leur vie d’ici-bas et de leurs sociétés. Il a donc recommandé d’être attentif envers le voisin et a ordonné d’accorder la plus grande attention à tout ce qui le concerne. Agir ainsi comporte un resserrement des liens entre les individus de la société, étant donné que nul parmi nous ne vit sans avoir un voisin. Ô Dieu, honore et élève davantage notre Maître محمَّد Mouhammad, ainsi que tous ses frères prophètes et messagers.

Esclaves de Dieu, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Dieu, celui Qui dit dans un verset explicite de Son Livre :

﴿ وَٱعۡبُدُواْ ٱللَّهَ وَلَا تُشۡرِكُواْ بِهِۦ شَيۡ‍ٔٗاۖ وَبِٱلۡوَٰلِدَيۡنِ إِحۡسَٰنٗا وَبِذِي ٱلۡقُرۡبَىٰ وَٱلۡيَتَٰمَىٰ وَٱلۡمَسَٰكِينِ وَٱلۡجَارِ ذِي ٱلۡقُرۡبَىٰ وَٱلۡجَارِ ٱلۡجُنُبِ وَٱلصَّاحِبِ بِٱلۡجَنۢبِ وَٱبۡنِ ٱلسَّبِيلِ وَمَا مَلَكَتۡ أَيۡمَٰنُكُمۡۗ إِنَّ ٱللَّهَ لَا يُحِبُّ مَن كَانَ مُخۡتَالٗا فَخُورًا ﴾

(wa^boudou l-Laha wala touchrikou bihi chay’an wabil-walidayni ‘ihsanan wabidhi l-qourba wal-yatama wal-maçakini wal-jari dhi l-qourba wal-jari l-jounoubi wassahibi bil-janbi wabni s-sabili wama malakat ‘aymanoukoum ‘inna l-Laha la youhibbou man kana moukhtalan fakhoura

ce qui signifie : « Adorez Dieu, ne Lui attribuez aucun associé, faites preuve de bienfaisance envers les parents, les proches parents, les orphelins, les pauvres, le voisin proche ou éloigné, le compagnon intime, le voyageur, et ceux que vous possédez. Certes Dieu n’agrée pas celui qui fait preuve d’orgueil et qui cite ses mérites par suffisance. »

Mes frères de foi, dans ce verset, Dieu تبارك وتعالى ordonne d’adorer Dieu Lui seul, de ne pas Lui attribuer d’associé. Dans ce verset, il y a l’ordre d’agir avec bienfaisance envers les parents, les proches parents, d’agir avec douceur avec l’orphelin, d’aider celui qui est pauvre et le voyageur qui n’a pas les moyens de poursuivre son voyage.

Dans ce verset également, il y a une recommandation d’agir en bien avec son voisin.

Dieu تبارك وتعالى dit :

﴿ وَٱلۡجَارِ ذِي ٱلۡقُرۡبَىٰ وَٱلۡجَارِ ٱلۡجُنُبِ ﴾

(wal-jari dhi l-qourba wal-jari l-jounoub)

ce qui signifie : « et envers le voisin qui est proche [de ton habitation] ou le voisin qui [en] est éloigné » ou encore « et envers le voisin avec lequel tu as des liens de proche parenté et le voisin avec lequel tu n’en as pas. »

Le Messager de Dieu صَلّى اللهُ عليْهِ وسلَّمَ a recommandé d’agir en bien avec son voisin. Il a dit dans un حديث hadith rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim :

(( مَنْ كانَ يُؤْمِنُ بِاللهِ واليَوْمِ الآخِرِ فَلْيُكْرِمْ جارَهُ ))

(man kana you’minou bil-Lahi wal-yawmi l-’akhiri falyoukrim jarah)

ce qui signifie : « Celui qui croit en Dieu et au Jour dernier, qu’il agisse avec bienfaisance envers son voisin. »

Agissez en bienfaisance envers votre voisin et recommandez à vos épouses d’agir avec bienfaisance envers leurs voisines, tout comme le Messager de Dieu صَلّى اللهُ عليْهِ وسلَّمَ l’a recommandé par sa parole rapportée par Malik dans Al-Mouwatta’ :

(( يا نِساءَ الْمُسْلِماتِ لا تَحْقِرَنَّ جارَةٌ لِجارَتِها ولَوْ فِرْسِنَ شاةٍ ))

(ya niça’a l-mouslimati la tahqiranna jaratoun lijaratiha walaw firsina chah)

ce qui signifie : « Ô vous, femmes musulmanes, qu’aucune voisine [parmi vous] ne néglige un bien qu’elle puisse faire à sa voisine, ne fût-ce qu’en lui offrant un pied de mouton ou de chèvre. »

Et le Prophète صَلّى اللهُ عليْهِ وسلَّمَ a dit dans un حديث hadith rapporté par Al-Hakim dans Al-Moustadrak :

(( خَيْرُ الجِيرَانِ عِنْدَ اللهِ خَيْرُهُمْ لِجارِهِ ))

(khayrou l-jirani ^inda l-Lahi khayrouhoum lijarih

ce qui signifie : « Les meilleurs des voisins selon le jugement de Dieu, ce sont les meilleurs envers leurs propres voisins. »

Quiconque se trouve dans ton voisinage, dans n’importe quelle direction, est considéré comme un voisin. Le premier avec qui tu dois prioritairement agir en bien, c’est le plus proche et ainsi de suite.

Abou Dharr Al-Ghifariyy, que Dieu l’agrée a dit :

(( إِنَّ خَلِيلِي صَلّى اللهُ علَيْهِ وسَلَّمَ أَوْصانِي ))

« Mon bien-aimé صَلّى اللهُ عليْهِ وسلَّمَ m’a recommandé :

(( إِذَا طَبَخْتَ مَرَقًا فَأَكْثِرْ ماءَهُ ثُمَّ انْظُرْ أَهْلَ بَيْتٍ مِنْ جِيرَانِكَ فَأَصِبْهُمْ مِنْهَا بِمَعْرُوفٍ ))

(‘idha tabakhta maraqan fa’akthir ma’ahou thoumma ndhour ‘ahla baytin min jiranika fa’asibhoum minha bima^rouf)

ce qui signifie : « Lorsque tu prépares un plat en sauce, ajoute beaucoup d’eau, puis pense à une famille parmi tes voisins et partage avec eux par bienfaisance. »

Mon frère croyant, je te recommande d’agir avec bienfaisance envers tes voisins et de craindre Dieu. Respecte les droits de tes voisins, évite les paroles et les actes qui leur font du tort, ne les interroge pas à propos de ce qui ne te concerne pas, ne recherche pas leurs défauts, ne regarde pas ce qu’ils cachent à ton regard, ne cherche pas à entendre des paroles qu’ils dissimulent en ta présence, baisse ton regard pour ne pas regarder leurs femmes qui sont chez eux, partage avec eux ta nourriture et ta boisson, rends-leur visite lorsqu’ils tombent malade, accompagne-les quand ils seront portés pour être enterrés. Soutiens-les lors de leurs épreuves, agis avec eux tout comme tu souhaiterais que tes voisins agissent envers toi et patiente face à leur nuisance.

Sahl At-Toustariyy avait un voisin mazdéen. Les latrines de ce voisin se déversaient dans la maison de Sahl. C’est ainsi que Sahl demeura une longue période à évacuer la nuit les immondices qui parvenaient jusque chez lui. Le jour où il tomba malade, il invita son voisin mazdéen et lui annonça qu’il craignait que ses héritiers ne puissent supporter cette nuisance que lui-même avait supporté, et qu’ils entrent en conflit avec leur voisin mazdéen. Le mazdéen fut tellement étonné de sa patience face à cette grande nuisance qu’il lui dit : « Tu m’as aidé ainsi toute cette longue période alors que je suis sur ma religion, tends-moi donc ta main pour que j’entre en Islam. » Puis il a dit : « Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu et je témoigne que محمَّد Mouhammad est le messager de Dieu. » Puis Sahl, que Dieu l’agrée, est décédé.

Mes frères de foi, il ne suffit pas de mentionner un récit, d’être touché par ce récit et ensuite de délaisser l’application du message que comporte ce récit. Sahl a patienté pour évacuer les immondices du mazdéen. Non seulement il n’a pas hurlé sur lui et n’a pas voulu le frapper, mais il s’est tu et ne s’est pas plaint. Alors toi, mon frère, que ferais-tu s’il parvenait de la maison de ton voisin jusque chez toi, non pas de la najaçah, mais de l’eau pure, et que ton voisin n’était pas un mazdéen mais un musulman ? Est-ce que tu patienterais ou est-ce que tous les gens du voisinage entendraient ta voix, en train de hurler ? Pose-toi la question et réfléchis combien de gens aujourd’hui nuisent à leurs voisins. Combien de disputes se produisent entre un voisin et un autre, parce que les gens ne s’embellissent pas avec les caractères que nous a recommandé d’avoir le Messager de Dieu صَلّى اللهُ عليْهِ وسلَّمَ notamment avec nos voisins ?!

Le Prophète صَلّى اللهُ عليْهِ وسلَّمَ disait dans un حديث hadith rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim :

(( ما يَزالُ جِبْرِيلُ يُوصِينِي بِالجارِ حَتَّى ظَنَنْتُ أَنَّهُ سَيُوَرِّثُهُ ))

(ma yazalou Jibrilou yousini bil-jari hatta dhanantou ‘annahou sayouwarrithouh)

ce qui signifie : « جِبْرِيلُ Jibril n’a pas cessé de me recommander de considérer le voisin avec attention, au point que j’ai pensé qu’il allait le porter au nombre des héritiers. » Aujourd’hui, je me recommande ainsi qu’à vous-mêmes d’agir en bien avec nos voisins. Manifeste ta joie pour leur joie et ton chagrin pour leur chagrin. Dissimule ce qui t’est apparu de leurs défauts. Pardonne-leur pour leurs faux pas, ne regarde pas, du haut de la terrasse par exemple, les femmes de leur famille. Aide-les s’ils demandent ton aide, prête-leur s’ils veulent t’emprunter, oriente-les vers les sujets de sa religion qu’ils ignorent, agis envers eux tout comme tu aimerais que les gens agissent envers toi.

Si nous observons les habitudes des maîtres parmi les musulmans et l’attachement qu’avaient nos ancêtres à ce qu’a recommandé notre bien-aimé محمَّد Mouhammad صَلّى اللهُ عليْهِ وسلَّمَ, nous aurons su qu’aujourd’hui nous connaissons un grand manquement au respect du droit des voisins et à la bienséance pour les honorer. En effet, beaucoup d’entre nous n’agissent pas en bien envers leurs voisins. Certains mêmes ne connaissent pas les voisins qui habitent à côté de chez eux, depuis des années, ou ne les saluent pas, ou ne leur parlent pas.

Alors, rattrapes-toi mon frère croyant, répare les différents qu’il pourrait y avoir entre toi et tes voisins car le meilleur des voisins selon le jugement de Dieu, c’est celui qui est le meilleur avec ses voisins.

Je demande que Dieu me pardonne et nous accorde la réussite pour accomplir ce qu’Il aime et ce qu’Il agrée. Ayant tenu mes propos, je demande que Dieu me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

Second Discours[1] :

الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله

اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou ttaqou l-Lah.

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.

[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.